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Critique de Sachenka


Qu'ont en commun un étudiant en vacances qui découvre son premier amour, un jeune garçon qui dérobe un objet dans le bureau de son père, un homme dans la trentaine qui déraille un peu et un artiste qui essaie de produire son chef d'oeuvre ? Hermann Hesse ! Ces quatre nouvelles ont été réunies dans le recueil intitulé le dernier été de Klingsor. Même si elles traitent de sujets forts différents, voire diamétralement à l'opposé les uns des autres, leur dévelopement et la manière qu'a l'auteur de plongé au coeur de l'âme humaine reste presque inégalée. En ce sens, son écriture me fait penser à celle de Stefan Zweig. Peut-être un peu plus intellectuelle mais tout de même abordable. Et, avec des thèmes aussi universels que l'amour, l'angoisse et la peur, la folie, l'énergie créatrice, la mort, comment ne pas se sentir interpelé ?

Dans «La scierie du marbrier», le jeune narrateur, étudiant passant les vacances d'été à la campagne, s'éprend d'un amour fou pour Hélène mais il apprend qu'elle est promise à un autre. Les deux essaient de prendre des distances pour s'éviter les pleurs inutiles et la séparation inévitable mais, le premier amour – et tous les autres aussi, non ? – c'est toujours le plus terrible et le plus difficile à résister. L'évocation de la nature bucolique et des souvenirs d'enfance aident à entrer dans la peau de ce jeune homme de dix-sept ans, à vivre avec lui cet amour naissant, presque innocent.

« Ame d'enfant » nous ramène au petit garçon – ou à la petite fille – que nous avons été. Dans un moment trouble, sans trop savoir pourquoi, le narrateur de onze dérobe un objet dans le bureau de son père. Ce qui devait arrive se produit : le paternel découvre le méfait. Mais comment lu iexpliquer le désarroi dans lequel on était plongé, comment lui faire saisir qu'on avait besoin de lui ? C'est alors que l'enfant comprend que la figure paternelle n'est finalement pas à la hateur et que, malgré les liens de parenté, jamais il n'y aura de totale communion entre deux êtres. Pour toujours, nous sommes seuls avec nous-mêmes.

«Klein et Wagner» nous plonge dans l'enfer de folie. Un homme en fuite en Italie essaie de comprendre et de rationnaliser les crimes qu'il a commis. Surement une influence de la musique wagnérienne. Mais sa réflexion déborde : qu'en est-il de la responsabilité individuelle, de l'amour, puis de la vie et de la mort ? À trop se perdre dans ses débats intérieurs, on ne sait plus séprarer le réel et l'imaginaire. «Le dernier été de Klingsor» nous élève encore plus. Un peintre, à travers sa démarche de création artisite, recherche la beauté, la perfection. Et peut-être aussi du divin, l'immortalité. Il y parviendra mais à quel prix ?

Tous ces personnages, ils pensent, ils cogitent. Oui, ils sont un peu victimes des circonstances, mais leur expérience les enrichit. Et, à travers leurs monologues intérieurs, on suit leur raisonnement. C'est fascinant. Évidemment, un lecteur plus porté vers l'action risque de s'ennuyer un peu. Je l'ai écrit plus haut, l'oeuvre de Hesse est intellectuelle et ça peut en agacer plus d'un. Au moins, les nouvelles sont variées et pas trop longues. Pourtant, les quatre personnages qu'elles mettent de l'avant, on semble les connaître aussi bien que s'ils nous avaient été décrits en long et en large dans un pavé. C'est ça, le talent. Dans tous les cas, il s'agit d'une lecture qui ne laisse pas indifférent, qui porte à la réflexion.
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