AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de lebelier


Le narrateur- auteur puisqu'il s'agit d'un récit, cherche à reconstituer sa mémoire autour du personnage que fut son grand-père Franz alors que la ville de Metz était encore sous le joug de l'empire Allemand, c'est-à dire au début du siècle dernier.
Cette quête le conduit à rechercher aussi les lieux de Metz où le grand-père le gardait quand ses parents travaillaient, un appartement exigu en forme de tunnel proche du jardin botanique de la ville. Les pièces du puzzle se mettent peu à peu en place entre la Grande Histoire et notamment celle des deux guerres qui ont brisé des vies, celle de son grand-oncle maternel en 1915 et plus tard celle du grand-père Franz lorsque que dans les années quarante les Allemands l'ont dépossédé de sa maison.
Qui était cet homme taiseux qui se confiait peu, qui a péniblement laissé des indices de sa vie d'avant? Tailleur de métier, on sait que l'homme ressemblait à l'acteur Charles Vanel de profil. L'auteur sème quelques photos dans son récit, évitant toute description fastidieuse. Il possédait une canne à bec de perroquet. Il a servi dans un hôpital de campagne lors de la guerre 14-18. L'auteur montre l'absurdité des guerres franco-allemande. Dans une même famille, l'un de ses grands-oncles était sur le front de l'Est en Lettonie (pour ne pas fraterniser avec les "Français de l'intérieur"), tandis qu'un autre a rejoint un régiment du Maine.
On assiste aussi à la transformation de la ville de Metz redevenue française, à une histoire personnelle des Arts puisque l'auteur recherche et explique l'origine de la sculpture ornant le jardin botanique de Metz. On voyage en Europe, en Lettonie et en Allemagne où l'auteur y fit un séjour mémorable et linguistique dans une famille près de Karlsruhe qui a changé sa vie.
De même, on a droit à quelques digressions délicieuses du côté de la littérature (Kafka, Kundera, Melville, Claude Simon…), un clin d'oeil à Modiano :

"Je songe parfois à cet écrivain français unanimement loué, qui, dans ses romans, pèse chaque phrase au trébuchet afin d'en obtenir une clarté parfaite, mais qui, à la télévision, n'arrive jamais à les finir."

et à Bachelard pour sa "poétique de l'espace. Ces digressions n'ennuient pas, instruisent et se mêlent malicieusement au récit qui nous occupe.
Finalement la grande question est : "qu'est-ce que la mémoire?", déjà justement soulevée par Kundera dans "l'immortalité". Un assemblage de souvenirs de visages, de moments passés, de voyages, de lectures, de musiques entendues, tout ce qui s'imprime dans un cerveau pour orienter une vie, pour la vivre comme on peut surtout :

"Comme beaucoup d'hommes de sa génération, François, a sacrifié une partie de sa jeunesse, mais tout sacrifice ne renferme-t-il pas un pari? Celui d'apprendre aux jeunes hommes qui suivront comment il faudra vivre."

Un récit envoûtant, presque universel.
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}