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EAN : 9782823618419
192 pages
Editions de l'Olivier (26/08/2021)
3.38/5   12 notes
Résumé :
Qu’est-ce que le souvenir ? Pour Thierry Hesse, c’est d’abord une déambulation.
Du « quartier impérial » construit par Guillaume II aux forêts de la Meuse, de la guerre de 1870 à celle de 1939-45, cette enquête généalogique a pour terme une chambre dans le quartier des Loges, à Metz : celle où Franz/François aura passé une partie de sa vie, caché et pourtant bien visible.

Ce livre est donc ce que Pierre Nora nomme un lieu de mémoire, où se nou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Curieux petit exercice de style que ce récit pouvant se prétendre autobiographique mâtiné de roman d'introspection philosophique. Sous prétexte de nous faire découvrir le passé de son grand père au patronyme très germain : «Franz Etgen », l'auteur Thierry Hesse (bon, là aussi, je ne sais pas pourquoi cela fait penser à...) nous promène dans le passé de la ville de Metz et de ses alentours Mosellans. Il nous immerge dans cette région très disputée par la France et son terrible voisin allemand. C'est par le prisme de l'histoire familiale du narrateur que l'on comprend les aléas des engagements des uns et des autres, de leurs fidélités, de leurs souffrances.
Ne souhaitant pas divulgâcher, je dirais cependant que cette recherche généalogique n'emmène pas le lecteur là où il s'attend à arriver. Et cela m'a rassuré car les auto apitoiements sur des périodes révolues ne m'intéressent pas alors que les parcours de vie à portée universelle me paraissent bien plus riches d'enseignements.
L'écriture est belle, légèrement mélancolique comme il se doit pour ce récit.
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Une vieille photo jaunie, entrevue, égarée et enfin retrouvée. Et puis la ville de Metz et la Lorraine, cette région si souvent convoitée par ses voisins allemands , dont les habitants, arbitrairement, changèrent plusieurs fois de nationalité, de langue et de culture. C'est là que naquit en 1891, Franz Etgen, ou plutôt, François le grand-père du narrateur. Enseignement en langue germanique, apprentissage du métier de tailleur, trois ans de service militaire pour le compte de l'Allemagne et en 1914 incorporation dans l'armée du Reich en tant qu'infirmer, puis une existence ordinaire, un mariage et deux fils puis une fin de vie morne telle celle d'un reclus.

Thierry Hesse part sur les traces de ce grand-père assez taiseux, qu'il a peu connu et dont il sait peu choses. Il rassemble ses souvenirs d'enfance, ses jeudis passés avec lui quand il avait sept ans. Il focalise sur certains détails, mais tout est un peu confus dans sa mémoire.
L'auteur, sous prétexte de cette recherche généalogique, mêle histoire personnelle et Grande histoire, passé et présent, il nous fait déambuler dans les époques et dans les rues de Metz, où se côtoient architectures germanique du temps de Guillaume II, contemporaine dont le musée Pompidou et futuriste (scandaleuse pour le narrateur) de l'hôtel Starck en fin de construction. Il nous entraîne dans la Meuse, sur les champs de bataille de la Grande Guerre où les mines défigurèrent les paysages et firent des milliers de morts. L'auteur ne s'apitoie pas sur le passé et au contraire prend du recul.

Thierry Hesse laisse aller ses souvenirs aussi bien personnels que littéraires, son ressenti, ses considérations philosophiques. Ses pensées se dispersent, vont un peu dans tous les sens. On croise Franz Kafka, Claude Simon, Herman Melville et son célèbre Bartleby... .

Tout ceci donne un très joli livre, que j'ai bien apprécié et que je conseille. Ecrit dans un style sérieux et riche, sa lecture est agréable, également instructive et d'une portée universelle.

# Challenge illimité des départements français en lectures (57 - Moselle)


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Curieux livre car je me demande ce qu'à bien voulu nous montrer l'auteur.
J'aime bien comprendre en effet le pourquoi des choses, ici, pourquoi ce sujet, et éventuellement quels enseignements en tirer.

De quoi s'agit il ?

C'est l'histoire de Franz, le grand-père paternel de Thierry Hesse. le personnage n'a rien d'extraordinaire, c'est plutôt le contraire, c'est l'histoire d'un inconnu qui s'est retranché ses vingt dernières années dans une vie de reclus. Un appartement exigu, à la lisière d'une ville, en l'occurrence Metz, au bout de ce que l'auteur appelle un tunnel.

A partir d'une photographie, jeune homme en uniforme prussien, Thierry Hesse entame ses recherches. de Franz, presque coupé de la famille, ses deux fils dont le père de Thierry Hesse, ne lui ont presque rien dit. Ignorance, rejet, autre, on ne sait pas.
Des maigres indices lui permettent néanmoins de reconstituer un parcours. Pas simple, comme l'est finalement celui de la plupart de gens pour peu que l'on s'attache à les connaître davantage.

Une problématique à peine esquissée, celle de Franz, par exemple, né allemand pour cause de débâcle sedanaise, Metz est en effet annexée, enrôlé en 14 dans l'armée de son pays donc allemande. Devenu ou redevenu français en 18, puis Hitler en 39-40, on s'y perd.
Une canne à pommeau de perroquet, un cimetière letton, une sculpture et son double à Central Park, jalonnent l'histoire de Franz devenu François, ou l'inverse, puis ce tunnel au bout du bout duquel, Thierry Hesse s'interroge.

Et une phrase : Tout espace réduit a ceci de précieux qu'il nous offre la solitude et l'immobilité dont nous avons besoin pour donner libre cours à nos pensées, à nos rêveries.

Interprétation de l'auteur, faut il y croire ?

Petite recherche sur l'auteur afin d'essayer de comprendre.
Filiation, son thème de prédilection. Une phrase : une discipline ascétique et immuable : debout chaque matin à 5 h, deux ou trois heures d'écriture.

Une autre phrase  : Je vis moins dans cette ville ( Metz ), que dans cette cellule que je me suis construite ( ses deux heures d'écriture matinale).

Une vie cachée est un beau livre qui met sur le devant de la scène un anonyme comme nous le sommes presque tous, hormis les célébrités et les coutumiers des médias. L'écriture est belle, les réflexions non superficielles. On se demande si l'auteur est allé jusqu'au bout du tunnel, des pistes ne sont que peu exploitées si ce n'est abandonnées. Curiosité, qui pourrait être l'objet d'un autre livre, pourquoi une telle distance entre Franz et ses deux fils.

Enfin, image en miroir, entre espace réduit et cellule d'écriture, attention à ne pas y voir que son reflet et limiter sa vie à celui ci. Ceci dit, chacun ses choix.
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Le narrateur- auteur puisqu'il s'agit d'un récit, cherche à reconstituer sa mémoire autour du personnage que fut son grand-père Franz alors que la ville de Metz était encore sous le joug de l'empire Allemand, c'est-à dire au début du siècle dernier.
Cette quête le conduit à rechercher aussi les lieux de Metz où le grand-père le gardait quand ses parents travaillaient, un appartement exigu en forme de tunnel proche du jardin botanique de la ville. Les pièces du puzzle se mettent peu à peu en place entre la Grande Histoire et notamment celle des deux guerres qui ont brisé des vies, celle de son grand-oncle maternel en 1915 et plus tard celle du grand-père Franz lorsque que dans les années quarante les Allemands l'ont dépossédé de sa maison.
Qui était cet homme taiseux qui se confiait peu, qui a péniblement laissé des indices de sa vie d'avant? Tailleur de métier, on sait que l'homme ressemblait à l'acteur Charles Vanel de profil. L'auteur sème quelques photos dans son récit, évitant toute description fastidieuse. Il possédait une canne à bec de perroquet. Il a servi dans un hôpital de campagne lors de la guerre 14-18. L'auteur montre l'absurdité des guerres franco-allemande. Dans une même famille, l'un de ses grands-oncles était sur le front de l'Est en Lettonie (pour ne pas fraterniser avec les "Français de l'intérieur"), tandis qu'un autre a rejoint un régiment du Maine.
On assiste aussi à la transformation de la ville de Metz redevenue française, à une histoire personnelle des Arts puisque l'auteur recherche et explique l'origine de la sculpture ornant le jardin botanique de Metz. On voyage en Europe, en Lettonie et en Allemagne où l'auteur y fit un séjour mémorable et linguistique dans une famille près de Karlsruhe qui a changé sa vie.
De même, on a droit à quelques digressions délicieuses du côté de la littérature (Kafka, Kundera, Melville, Claude Simon…), un clin d'oeil à Modiano :

"Je songe parfois à cet écrivain français unanimement loué, qui, dans ses romans, pèse chaque phrase au trébuchet afin d'en obtenir une clarté parfaite, mais qui, à la télévision, n'arrive jamais à les finir."

et à Bachelard pour sa "poétique de l'espace. Ces digressions n'ennuient pas, instruisent et se mêlent malicieusement au récit qui nous occupe.
Finalement la grande question est : "qu'est-ce que la mémoire?", déjà justement soulevée par Kundera dans "l'immortalité". Un assemblage de souvenirs de visages, de moments passés, de voyages, de lectures, de musiques entendues, tout ce qui s'imprime dans un cerveau pour orienter une vie, pour la vivre comme on peut surtout :

"Comme beaucoup d'hommes de sa génération, François, a sacrifié une partie de sa jeunesse, mais tout sacrifice ne renferme-t-il pas un pari? Celui d'apprendre aux jeunes hommes qui suivront comment il faudra vivre."

Un récit envoûtant, presque universel.
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Hesse Thierry – "Une vie cachée" – Ed. de l'olivier, 2021 (ISBN 978-2-8236-1841-9) – format 21x14cm, 184p.

Une véritable imposture ! La quatrième de couverture annonce un ouvrage portant sur la vie du grand-père de l'auteur, mosellan habitant de Metz, né en 1891, décédé en 1974 (p. 16) : il s'agit là d'un parfait exemple de publicité mensongère !
En effet, la biographie du grand-père est grossièrement expédiée en cinq pages (pp. 88-92), complétée par quelques rares paragraphes disséminés ça et là, ne représentant au total qu'un petit dixième de ce texte ampoulé, centré en revanche sur la seule petite personne de son auteur.

Lequel nous abreuve de digressions aussi fumeuses que plates sur Kafka ou Melville, sur l'urbanisme récent de Metz (certes aussi catastrophique que dans les autres villes), sur les paysages meusiens (en ne mentionnant Verdun et Douaumont qu'avec une effarante désinvolture, au détour d'une ligne !) et autres fariboles autocentrées à la gloire de son ego.

Cet auteur souffre – gravement – de nombrilisme narcissique boursouflé.

Il est donc bien incapable de s'intéresser à son grand-père ! Ses recherches historiques n'ont guère dépassé le stade du tourisme intellectuel le plus superficiel.
A titre d'exemples : il ne sait même pas ce que signifie la mention i/E suffixant les mentions de "Strassburg" sur les cartes postales allemandes antérieures au rattachement de 1918 (p. 61), il ne comprend même pas pourquoi le prénom "Franz" est devenu "François" sur un acte d'état-civil établi en 1954 (p. 58) – constats courants pour toute personne originaire d'Alsace-Moselle.

Il ne répond jamais à la question qu'il pose lui-même (p. 40, en italiques dans le texte) "que signifiait pour Franz être né allemand ?".
Il ne sait même pas préciser la pratique linguistique quotidienne (allemand ou français ?) de ses grands-parents (toute une branche de notre famille mosellane parlait un magnifique allemand rhénan "lorelei", le plus bel allemand que j'aie jamais entendu et pratiqué, aux antipodes du lourd prussien panzérien).

Son ignorance n'est pas due au hasard, mais au fait que ce type-là ne s'intéresse qu'à son propre nombril : son texte constitue une insulte à la mémoire de son grand-père, ne serait-ce que par son hypocrisie confinant à la cuistrerie.
Son bouquin ne mérite que la poubelle.

Pour celles et ceux qui s'intéresseraient réellement à un travail d'histoire familiale honnête, je recommande en tout premier lieu le remarquable "Les disparus" de Daniel Mendelssohn (publié en 2007), ou encore "L'origine de la violence" (2009) ainsi que "Eden utopie" (2015) de Fabrice Humbert.
Concernant le vécu de gens vivant sur les marches germaniques de notre hexagone, je recommande par exemple "La splendeur dans l'herbe" de Patrick Lapeyre (2016). Sur les destinées, compliquées voire tortueuses, des générations allemandes nées depuis la fin du dix-neuvième siècle, je renvoie au remarquable roman de Dominique Pagnier, "Le cénotaphe de Newton" (2017). Qu'il me soit permis d'évoquer ici également "Les tilleuls de Lautenbach" de Jean Egen, même s'il est centré sur un "Changala" alsacien (et non mosellan).

Pour conclure avant que la liste ne devienne trop longue, je recommande l'ouvrage de Jean-Claude Berrar intitulé "Metz défiguré dans les années 60-70" (éd. Serpenoise, 2011), comportant de nombreuses reproductions de cartes postales ou photos anciennes.

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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Quand la guerre prit fin , les terres étaient effroyablement saccagées, ravinées de tranchées et de boyaux, pilonnées jusqu'à l'os. Des millions d'obus s'étaient écrasés sur le secteur, et combien n'avaient pas explosé ? Le sol et le sous-sol souillés par le mercure, le plomb, le fer ; les arbres mitraillés ; la putréfaction de milliers de cadavres, humains et animaux, empêchait toute reprise de culture. Zone rouge, décréta le Ministère des Régions Libérées.
P. 151
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Tout espace réduit, aussi dépouillé soit-il, a ceci de précieux qu’il nous offre la solitude et l’immobilité dont nous avons besoin pour donner libre cours à nos pensées, à nos rêveries.
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Les photographies sont souvent des preuves, même si on ne sait pas ce qu'elles prouvent.
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Comme beaucoup d'hommes de sa génération, François a sacrifié une partie de sa jeunesse, mais tout sacrifice ne renferme-t-il pas un pari? Celui d'apprendre aux jeunes hommes qui suivront comment il faudra vivre.
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Vidéo de Thierry Hesse
Thierry Hesse - L'inconscience .Thierry Hesse vous présente son ouvrage "L'inconscience". Parution le 23 août 2012 aux éditions de l'Olivier. Rentrée littéraire automne 2012.Notes de Musique : 1 La Cre?ation du monde, Op.81a (2006 - Remaster)
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