Sean Dillon : Le Festin du diable

- Tu peux crever, connard !
- J'ai encore le temps. (Keogh tira une enveloppe de sa poche et la jeta sur le sol.) Cinq cent livres. C'était le prix convenu. Et maintenant je te conseille d'aller aux urgences du Royal Victoria. C'est l meilleur service du monde pour les blessures par balle. Faut dire qu'ils ont l'expérience.

Il y a un proverbe sicilien qui dit : « Mieux vaut sacrifier la branche que perdre l’arbre. »

— Dillon, vous n’êtes qu’un horrible macho.
— Et vous une belle juive qui devrait avoir des bébés et faire le désespoir de son mari, au lieu de tuer des gens pour le compte de Scotland Yard.

Autrefois, en Ulster, les services de renseignements britanniques m’appelaient le magicien. Vos petits copains n’ont pas réussi une seule fois à me mettre la main dessus. J’étais le maître du déguisement. Vous ai-je déjà raconté comment un jour je me suis déguisé en femme ?

 Il y a plusieurs façons de plumer un canard. Je suis sûr que tu trouveras quelque chose, et puis tu as Salamone dans cette prison. Son aide peut se révéler précieuse. Je te fais confiance.

Et ne croyez pas que je cherche à ramasser la mise pour moi tout seul. L’argent ne m’intéresse pas, à mes yeux, seule compte la cause que je défends.

Ici, les gens ont vraiment envie de vivre en paix. On ne peut faire confiance à personne, pas plus au Sinn Fein qu’à l’IRA. Si j’en parlais à l’actuel chef d’état-major, il faudrait qu’il en discute avec le Conseil militaire, et tout le monde serait au courant en un rien de temps.

Les loyalistes sont très mécontents de la façon dont se déroulent les pourparlers de paix. Ils ont l’impression d’être vendus. Les plus extrémistes se préparent à la guerre civile. Cet or leur serait très utile. Ils pourraient se procurer les armes dont ils ont besoin.

Évidemment, comme toujours avec les journaux, les versions diffèrent, pourtant, en gros, tous racontent la même histoire. Un camion contenant cinquante millions de livres en lingots d’or a été détourné sur une route de campagne, dans la région des Lacs, en Angleterre. Un jeune garçon a déclaré à la police qu’il avait été chassé après avoir aperçu un ferry-boat nommé l’ Irish Rose amarré à une jetée désaffectée près de l’endroit où avait eu lieu l’attaque du fourgon. Il a aussi déclaré avoir vu le même jour, plus tard, un camion correspondant à la description du fourgon quitter la route principale et s’engager sur la petite route menant à la jetée.

certaine façon, ses problèmes cardiaques avaient été une chance pour lui, puisqu’ils lui avaient valu un transfert à Green Rapids, où le régime était moins dur. Ensuite, après avoir trouvé ce poste à l’hôpital de la ville, elle avait pu lui rendre visite plus souvent.
Mais elle souffrait de le voir ainsi, lui qui n’était plus que l’ombre de ce qu’il avait été à l’époque glorieuse où ils s’attaquaient victorieusement à l’IRA et parfois même à l’armée britannique. À évoquer ces souvenirs, elle se sentit parcourue d’un frisson presque sexuel.