"La mort n'est pas la fin de la vie tu sais.
Ton corps est une serrure. La mort en est la clé. La clé tourne et te voilà libre d'aller où tu veux. de te dédoubler. de te fondre dans le néant ou dans le murmure de l'univers."
Avis de tempête en cette fin d'année : un vent à décorner les boeufs souffle, des trombes d'eau s'abattent sur la maison... Un temps à ne pas mettre le nez dehors, à se blottir dans son fauteuil et l'ambiance parfaite pour se plonger dans une histoire fantastique à vous couper le souffle et vous glacer le sang.
Imaginez un lieu mystérieux : Keyhouse, la demeure familiale de la famille Locke depuis le 18ème siècle, dans une petite ville du nom de
Lovecraft. Une demeure pleine de mystère où se cachent des clés étranges qui n'ouvrent pas simplement des portes... C'est là qu'atterrissent Nina et ses enfants, Tyler, Kinsely et Bode Locke après la mort de leur père, Rendell, assassiné par un fou dangereux. Les trois enfants, chacun à leur manière, tentent de se reconstruire après l'enfer qu'ils ont vécu. Chacun devra faire face à ses propres démons intérieurs et lutter contre un écho venu du passé : Dodge.
Je lis beaucoup de BD mais très peu de comics. Je peux néanmoins dire que « Locke & Key » est une série exceptionnelle de six tomes que j'ai lu en une fois. Et très vite, il m'est apparu que critiquer chacun tome indépendamment conduirait forcément à dévoiler trop d'éléments de l'intrigue et à gâcher la découverte des potentiels futurs lecteurs. J'ai donc opté pour une critique globale de la série.
Je ne connaissais pas
Joe Hill, j'ai découvert en lisant « Locke & Key » qui se cachait derrière ce nom de plume et, sans le moindre doute, il n'a rien a envier au grand maître du fantastique qu'est son père. L'intrigue est magnifiquement ficelée, pleine de rebondissements. On baigne en plein dans le fantastique horreur, avec des démons, des êtres aux pouvoir surnaturels. C'est noir, cruel, angoissant. La peur est bien là, tapie dans l'ombre, à chaque page. Mais c'est pourtant tellement réaliste ! Il y a de l'humour (grinçant par moment), de nombreuses références musicales et littéraires et le thème, symbolisé par les clés, est profondément humain : à l'image des enfants Locke, nous devons tous vivre avec des événements que nous voudrions pouvoir modifier, des peurs, des regrets, des blessures à l'âme, qu'il nous faut affronter pour ne pas qu'elles nous dévorent et pour grandir. Tandis que d'autres souhaitent la gloire, la grandeur, quel qu'en soit le prix, d'autres veulent juste se reconstruire. le suspens est maintenu du début à la fin et, plus j'avançais dans ma lecture, plus je me retrouvais face à un cruel dilemme : je n'avais aucune envie de lâcher la lecture, j'étais tellement tenue en haleine que je voulais à tout prix connaître le dénouement et le sort final de nos héros ; mais, en même temps, je voulais faire durer la plaisir de la lecture car je savais qu'une fois arrivée à la fin du sixième volume, ce serait fini... Et quel final ! Tout à fait à la hauteur de l'ensemble de la série !
Pour soutenir cette intrigue magistrale, on peut compter sur le talent de
Gabriel Rodriguez, dont le coup de crayon accompagne à la perfection le scénario. le graphisme de cette série de comics est remarquable, tant au niveau des dessins que du découpage des planches. C'est sombre, violent, dynamique et hyper réaliste (oui oui même pour les éléments fantastiques). Les sentiments et les tourments des personnages se lisent sur leur visage, Keyhouse est un véritable bijou d'architecture et certaines scènes en pleine page sont de vrais perles.
Si l'adaptation de la série, dont j'avais vu la première saison, m'avait fait bonne impression, la lecture de la série complète des comics m'a définitivement subjuguée. A lire et découvrir, vraiment !