Un homme de tous les défis.
Une détermination à dépasser les limites humaines.
Une volonté inébranlable d'efficacité.
Tel est
Sir Edmund Hillary. Vainqueur de l'Everest avec son sherpa Tenzing, en 1953, ce géant néo-zélandais de 34 ans, alpiniste hors pair, apiculteur élevé à la dure, aurait pu se contenter de son anoblissement par la reine d'Angleterre et de contrats dus à sa notoriété. C''eût été sans compter sur l'envoûtement de la haute montagne !
En 1957-58, Hillary part pour une expédition transantarctique, dirigée par le Britannique, Vivian "Bunny" Fuchs. L'un démarre du nord de Pôle Sud (base
Shackleton) et l'autre de l'ouest (base Scott). L'expédition a pour but d'éprouver les techniques de survie et d'effectuer des relevés géologiques et géodésiques. C'est dire s'il y avait du monde sur la glace ! Même si l'entente est conviviale au sein d'une équipe, même si les directives sont précises, nul ne peut éviter la compétition. Etre efficace est un aiguillon qui ne lâche pas Hillary. Il garde la tête froide d'autant plus facilement sous des températures toujours inférieures à -20°. Malgré les ennuis techniques, des tôles et des côtes cassées, malgré le froid paralysant et les pannes de communication, Hillary parvint le premier au Pôle Sud sur un tracteur Ferguson.
En 1960-61, un nouveau défi financé par un groupe américain, permet à Hillary de monter une expédition himalayenne au double but : étudier de manière prolongée le métabolisme en haute altitude et se lancer sur les traces du yéti. A l'époque, cet animal, que même Tintin et le Capitaine Haddock ont vu, était un sujet passionnant. La dépouille que gardait un monastère tibétain fut analysée aux Usa et se révéla être celle d'un ours bleu. End of the story !
Ensuite, Hillary poursuit sa vie aventureuse en testant des tentes, du matériel de camping et de pêche, des aliments lyophilisés, des vêtements étanches et tout ce qui facilite la vie des amateurs de vie au grand air.
N'oubliant jamais ce qu'il doit au peuple sherpa, Hillary et son association Himalayan Trust construisent, au Népal, nombre d'écoles, de ponts, d'hôpitaux, de pistes d'atterrissage et de canalisations d'eau potable.
En 1977, Hillary remonte le Gange en bateau à hydropulsion de sa source à l'Himalaya. Encore une première ! de 1984 à 1989, il est ambassadeur de Nouvelle-Zélande en Inde et revoit régulièrement son ami Tenzing qu'il eut le chagrin de perdre durant son mandat.
Horrifié par les dépôts d'immondices laissés par les multiples expéditions dans l'Himalaya, y compris les siennes, Hillary s'implique dans un programme d'écologie et de reboisement des hautes terres du Népal.
Il n'échappe pas aux drames non plus. Marié et père de trois enfants, il perd sa femme et sa plus jeune fille dans un accident d'avion et quelques années plus tard, son grand ami, Peter Mulgrew, autre alpiniste talentueux... dont il épousera la veuve.
Bien sûr, cette autobiographie est constituée d'exploits mais c'est sans arrogance et sans (presque) d'émotions ("Je ne suis pas du genre à afficher mes sentiments dans les moments forts", p. 241) alors que partout transparaissent cette générosité, cet esprit d'équipe et de fraternité, cette attention à l'autre ainsi que l'audace de tous les défis. Néanmoins, Sir Ed se disait plus fier de son oeuvre humanitaire que de ses exploits sportifs !
A conseiller aux amateurs de sports extrêmes de la grande époque et à tous ceux qui rêvent de mener leurs projets à leur terme.