L'énigme Edna

Dans le placard, derrière les portes coulissantes, il y avait aussi Chien bleu de Nadja, qu'elle avait découvert peu après dans cette même librairie, où elle avait désormais la force de traîner sa mère plus à l'aise dans les rayons du supermarché. La présence évidence, sereine et silencieuse de ce grand chien résumait tout ce que Chaïnez pensait des livres en général. Comme Chien bleu, ils étaient là, tout près, et ils devaient rester là, tout près, charriant un univers mystérieux.

Elle ne se rendait jamais non plus seule en médiathèque, et encore moins en librairie, parce que ces lieux lui faisaient peur. Les libraires et bibliothécaires qu’elle y avait vus au travers des fenêtres ou vitrines lui paraissaient pourtant avenants, et il était même arrivé qu’une libraire lui fasse signe d’entrer avec un grand sourire… mais quelque chose dans la façon dont elle était vêtue, coiffée et maquillée l’avait fait fuir. Était-ce le teint parfait ? Le collier coloré ? La jolie broche ouvragée ? Les collants décorés ? Toute la mise de ces personnes sympathiques lui criait qu’elle ne faisait pas partie de leur monde. Edna craignait toujours d’y commettre une parole ou un geste dissonants.

Un jour, les gens seront aussi humains que les livres qui sont écrits pour eux. Sur eux. Les survivants verront cela.

La violence, c'était comme l'alcool : cela n'avait pas le même effet sur tous les êtres humains.

Chaque fois qu'on croise quelqu'un, il faut se souvenir : cet individu est une vraie personne, qui a une âme et des sentiments.

Même à onze ans, on a besoin du sourire des gens, car tout le monde ne sait pas rire avec les yeux.

Elliot arborait ce rictus qu'il avait parfaitement étudié devant son miroir pour paraître mystérieux.

« -Tu étais si spéciale. Qui étais-tu vraiment, au plus profond de toi ? On ne connaît jamais complètement quelqu’un mais toi ? Si peu de gens ont essayé de te comprendre... »
Ces paroles sont celles de Chaïnez, suite au dernier évènement du livre qui nous laissera bouche bée.

C'est elle qui a commencé ! se défendit Eliot. Regardez ce qu'elle m'a fait, cette tarée ! Si ça se trouve, elle m'a refilé une maladie, en plus, avec ses ongles crados.

Un jour, on écoutera enfin toute l'humanité que contiennent les livres. Ca ne peut pas aller que dans un sens. L'humanité qui entre dans les livres doit retenir ceux qui les lisent. Ils doivent s'en imprégner. Il faut que les livres puissent délivrer ce message d'humanité. Qu'ils soient entendus. Un jour ils y parviendront. J'en suis sûre.