Je cherche mes mots depuis pas mal de temps pour vous parler de ma lecture de
Stone rider... sans pour autant trouver par où commencer ni comment dire tous les effets que ce roman a eu sur moi. À la fois déroutant et captivant, j'ai vécu quelque chose d'unique avec cette histoire. J'avais beau me sentir très étrangère, très paumée, il y avait un truc qui me maintenait au livre, qui m'empêchait de le reposer/d'abandonner. Comme une voix qui me soufflait « Continue. Continue... » Je l'ai fait et je suis encore plus perdue. Ai-je aimé ?
Dans la vie d'Adam, vous avez deux choix de carrière : la mine ou la Course, l'un aussi dangereux que l'autre. Mais si vous gagnez la course, vous pouvez échapper à la mine et partir pour la Base. Installée dans le ciel, c'est la cité idéale où tout le monde rêve d'être. le gagnant de la course gagne son billet d'entrée. Cette année, Adam est décidé à gagner la Course, qu'importe que sa Longthorn soit fatigué, qu'importe qu'il soit seul... Il ne veut pas finir à la mine.
On le sent dès le départ, Adam est un personnage prêt à tout et
Stone rider un roman très particulier. « Une écriture nouvelle et captivante » annonce Gallimard sur la quatrième de couverture. C'est très bien dit et je crois que c'est un des plus qui m'a maintenue au récit. La plume de
David Hofmeyr a quelque chose de particulier et donne une ambiance très oppressante à son récit. Non pas que ce soit bien ou mal,
Stone rider est vraiment addictif et prenant. Mais il en ressort un je ne sais quoi de sombre, d'assez inhumain et de plutôt cruel.
Cela vient d'un tout : la complexité à suivre certains dialogues, le sentiment d'injustice, la difficulté de la Course, les personnages eux-mêmes, l'écriture de l'auteur. Les phrases - de même que quelques chapitres - sont souvent courtes, incisives ; les dialogues sont brefs, parfois brutaux/agressifs ; le monde dans lequel évolue les personnages est injuste, leurs possibilités d'évasion si minces ; le style de l'auteur aussi décousu que direct ; les liens entre les personnages ont la même consistance. J'étais souvent paumée, souvent incapable de cerner Kane ou Adam, de comprendre ce qui avait fini par les unir.
Pourtant, je m'y suis plu ! Si Adam et Kane sont des personnages que j'ai parfois eu du mal à suivre, une part de moi n'a pas pu s'empêcher de s'accrocher à eux. J'avais beau être parfois perdue dans les dialogues et dans l'action, je ne résistais pas au besoin de connaître le fin mot de
Stone rider, d'avoir envie qu'ils s'en sortent. C'est prenant, tant par l'action que par ce côté acéré de l'écriture ! Sans compter que j'étais incapable de deviner ce qu'il arriverait aux personnages, de répondre aux questions qui m'arrivaient au fil des pages. Il fallait littéralement que je continue !
Stone rider est aussi un mi-chemin intéressant. Mi-aventure, mi-romance, mi-biker, le lecteur évolue dans un univers hostile où la moto est une part dominante de la société. Elle est un héritage familial et un prolongement de soi, un objet de liberté comme de dangers.
David Hofmeyr arrive même par moments à lui donner un côté vivant, à la limite de l'intelligence artificielle. J'avais peur que ce soit quelque chose qui me laisse externe, mais finalement j'ai saisi rapidement la force de ce lien, la nécessité des Courses. C'est presque palpable : Adam aime sa Longthorn autant qu'il pourrait aimer un animal de compagnie ou même une personne physique.
Si je ressors de ma lecture incertaine quant à l'idée d'avoir aimé ou non ce récit, j'ai la conviction qu'il détient quelque chose autant dans l'idée de potentiel que dans l'idée que c'est simplement moi qui ai bloqué au départ du roman. Parce que j'ai finalement apprécié tout ce qui fait la différence de
Stone rider, cette dualité constante qu'on ressent entre les personnages et dans les personnages. Adam et Kane ne se battent pas seulement pour une vie meilleure, ils se battent aussi avec eux-mêmes, ce qu'ils sont et ce qu'ils ne sont pas/ce qu'ils voudraient être. Et je me suis finalement aussi prise au jeu de l'écriture de
David Hofmeyr, qui avec du recul a su retranscrire et transmettre beaucoup au travers de son roman.