Ce qui est bizarre quand ton anniversaire tombe un jour de classe, c'est qu'à partir de dix-onze ans, plus personne à l'école ne sait que c'est ton anniversaire. (...) Mais même si personne n'est au courant, toi tu te promènes dans les couloirs comme si c'était un jour férié. Tu te promènes en te disant que les autres sont censés être gentils avec toi, peut-être parce que le jour de ton anniversaire, tu es dix fois plus susceptible que d'habitude. Mais bon, c'est pas comme ça que ça marche. (p.250)
Désormais et plus que jamais, j'étais coincé. Coincé entre l'enfance et l'âge adulte. Ce que font les enfants ne me faisait plus vibrer, mais ce que font les adultes me semblait toujours trop dur et, pour tout dire, chiant. (p.243)
- J'aime pas me lever si tôt, a-t-il dit. Surtout le week-end. C'est émotionnellement dangereux. (p.190)
- Un dessert ? a demandé Bob. On a du "carrot cake".
Sérieux, du "carrot cake", depuis quand c'est un dessert, ça ? Jamais. Je veux dire, c'est pas mauvais, c'est juste qu'un dessert, ça ressemble plus à un sundae chocolat. Quand on n'a que du "carrot cake" à proposer, mieux vaut se contenter de demander "Est-ce que tu veux du "carrot cake" ?" plutôt que de donner de faux espoirs. (p.106-107)
- Il y a des gens qui passent toute leur vie à essayer de trouver ce qui les rendra heureux. Ton père s'est rendu compte que les choses ne marchaient pas et il a fait ce qu'il fallait pour reprendre sa vie en main. A sa place, d'autres hommes seraient restés à la maison et auraient rendu tout le monde malheureux. Il a pris un risque. (p.95)
- Peut-être que c'est juste une phase, tu sais, ou un truc du genre, a dit Max avant de marquer une pause. Il a quand même pas essayé de te rendre pédé ? (...)
- C'est pas une phase. J'ai demandé à ma mère. Et on ne peut pas "rendre" quelqu'un pédé. On l'est ou on ne l'est pas. (p.93)
Je ne m'étais jamais rendu compte qu'il y a seulement quelques décennies de ça, les Noirs ne pouvaient pas aller manger ou s'asseoir où ils voulaient. J'étais en train de penser à tout ce qu'on a fait ou dit aux Noirs et puis tout à coup je me suis mis à penser à mon père. Je me suis demandé si à lui aussi on lui disait ou on lui faisait des choses horribles tout ça parce qu'il était gay. C'est vrai, la personne qui avait écrit "pédale" sur mon casier avait tout fait pour essayer de me blesser. Et si c'était vrai ? Et si j'étais une pédale, qu'est-ce que ça m'aurait fait ? (p.87)
- C'est des pédés. je veux dire, c'est pas un truc normal.
- Qui peut dire ce qui est normal ?
(...)
- Ton père, tu trouves qu'il est sympa, pas vrai ? m'a-t-il demandé.
Je n'ai pas répondu ; c'était absurde.
- Vous allez au ciné ensemble, vous jouez au basket, tu lui parles ?
- ça, c'était avant.
- Non, pas AVANT, a insisté Michael. C'est la même personne. Il n'était pas obligé de te le dire. Tout ce qu'il a bien pu te dire quand vous étiez au lac, ça n'avait vraiment aucun rapport avec toi. Il parlait de lui. Un jour, tu devras faire les mêmes choix.
- Ce qui est sûr, c'est que je serai pas pédé. (p.42-43)
Michael ressemblait plus à un poteau de téléphone avec une barbe qu'à un vendeur de voitures d'occasion pris au piège dans une variation moderne de la camisole de force. (p.27)
Mais le coeur des mères, même de celles-là, est fait de telle sorte, que plus les enfants sont loin, plus elles les aiment, comme si elles voulaient, à force d’amour, combler la distance et rapprocher les coeurs.