Depuis le 7 octobre, date du massacre perpétré par le Hamas en Israël,
Delphine Horvilleur vit plus que jamais avec ses angoisses, ses insomnies et toutes les inquiétudes de la communauté qu'elle reçoit, qu'elle épaule en tant que rabbin « J'écoute des centaines de personnes évoquer leurs peurs, leurs appréhensions, ou me raconter des conversations improbables ».
Elle qui manie les mots mieux que quiconque, ne trouvait plus les mots pour dire sa sidération. Depuis des années, ses mots contribuent à établir des ponts entre les communautés, à faire en sorte que les uns et les autres se parlent, écoutent, dialoguent dans le respect des croyances des uns et des autres.
Rapidement ce traumatisme a engendré comme un monologue infernal, des conversations dans sa tête. Avec ses grands-parents, mais plus improbable avec Claude François, une touchante Rose ou parce que l'humour juif n'est jamais loin avec le Messie.
Au-delà de cette légèreté, le propos est profond et les mots forts pour parler de la douleur, de la mémoire transgénérationnelle, des fantômes du passé et de la peur. La peur d'être juif en France en 2024. D'ailleurs, qu'est-ce qu'être juif ? « On sait juste que le judaïsme, ca s'attrape par la mère et l'antisémitisme par l'amer, un aigreur terrible que rien n'adoucit ni n'explique ».
Alors elle raconte la douleur des juifs devant ces massacres, sans omettre la douleur palestinienne, parce que ce n'est pas une compétition de celui qui souffre le plus. Mais les souffrances des uns justifient-ils pour autant l'augmentation des actes antisémites ? Ah l'antisémitisme « ca s'en va et ca revient c'est fait de tout petits riens … ca se chante et ca se danse … », la musique comme une planche de salut.
Encore une fois,
Delphine Horvilleur m'aura touchée avec ses mots, ceux qui lui ont permis de survivre après le 7 octobre. Et n'oubliez pas "Quand les mots n'ont plus de sens, le monde nous défigure. "