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EAN : 9782227497993
90 pages
BAYARD CULTURE (19/02/2020)
3.87/5   46 notes
Résumé :
Dans cette Petite Conférence, Delphine Horvilleur s'interroge sur la façon dont nous comprenons le monde, et pour cela, sur la façon dont nous le racontons. L'importance du récit, les rabbins la connaissent mieux que personne. Elle évoque donc son métier de femme rabbin. Elle le définit comme un geste d'écoute et d'ouverture envers les autres, à partir de l'étude des récits bibliques. Elle explique comment les récits, les contes, les mythologies, les textes religieu... >Voir plus
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Ce livre est le texte d'une "Petite Conférence" que Delphine Horvilleur a présentée le 29 mars 2017. Il m'a permis de découvrir cette belle expérience des "Petites Conférences", mise en oeuvre par Gilberte Tsaï.
Comprendre le monde, c'est le "prendre ensemble" (en jouant un peu avec l'étymologie !) et passer le relais d'une génération à l'autre. Les contes, les récits religieux et même les "mythologies" contemporaines comme la saga Star Wars (dont Delphine Horvilleur semble être une fan !) nous parlent du passé ou au passé pour nous aider à appréhender l'avenir. Il importe que chaque génération se les approprie pour y découvrir ce qui peut être un trésor pour elle.
Mais ces textes et le passé qu'ils transmettent ne doivent pas nous faire tomber dans la nostalgie. Ils doivent nous aider à comprendre comment le monde change et comment nous pouvons prendre une part pour le transmettre à ceux qui nous suivront. Delphine Horvilleur termine par une invitation à penser autrement les réseaux sociaux pour qu'ils soient des lieux de dialogue réel.
Après la conférence proprement dite, il y a un échange de questions et de réponses entre Delphine Horvilleur et l'assemblée, sur des sujets assez classiques comme l'éducation, les femmes et la religion ou le rôle des rabbins.

J'ai été séduit par l'écriture de Delphine Horvilleur que j'avais déjà écoutée plusieurs fois, mais jamais lue. Son texte est plein d'humour et d'anecdotes personnelles . En nous invitant à réfléchir sur la transmission, elle nous offre aussi une réflexion sur la liberté. En fermant ce livre, je ne peux m'empêcher de penser à une célèbre maxime d'un rabbin qui nous parle de racines et d'ailes !
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Une collection intitulée "les petites conférences" éditée par Bayard, reprenant les textes de conférences données par des personnalités, sociologues, philosophes, journalistes ... Une belle idée afin que les textes de conférences puissent être lus et relus à tête reposée, afin que toutes les personnes intéressées par le sujet mais n'ayant pas pu participer à la conférence puisse s'en imprégner. L'idée est excellente.

J'aime beaucoup l'écriture simple et intelligente de Delphine Horvilleur, j'ai lu son texte avec grand intérêt, elle est très pédagogue et ses exemples pour contextualiser son propos sont tout à fait pertinents. Elle a à coeur de parler du religieux sans être prosélyte, ce sont à chaque fois des pistes de réflexion que l'on peut suivre ou pas, à notre guise, suivant notre envie et inspiration du moment.
Le texte est même augmenté par la relation du jeu des questions -réponses entre le public et l'oratrice.
Sa petite conférence était à destination d'enfants et d'adolescents, tout à fait perceptible par la naïveté des questions parfois mais tout cela reste tout à fait intéressant pour tout public, adulte ou plus jeunes gens.
A recommander sans modération pour qui veut s'informer de façon agréable et sobre sur des questions philosophiques sans passer par la lecture de textes parfois très compliqués.
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Ce livre appartient au cycle des "petites conférences" qui sont a priori destinées aux enfants de plus de 10 ans, mais qui nous concernent tous et toutes. Prononcée en 2017 par D. Horvilleur à l'époque où elle était peu connue du grand public, elle nous invite à réfléchir sur la "réalité" et sur la "vérité". Un récit peut commencer par « il était une fois… » et paraitre éloigné de la réalité actuelle objective, alors qu'il évoque une vérité intemporelle qui reste pertinente aujourd'hui (et aussi demain). Et un texte peut être considéré comme sacré dans la mesure où la recherche de son sens profond reste d'actualité.
Par ailleurs, Delphine Horvilleur souligne l'erreur consistant à croire que les réseaux sociaux permettraient vraiment la reconnaissance des différences entre les hommes. Au contraire, souvent, les internautes mettent en scène leur ego et recherchent seulement des alter egos qui pensent comme eux… Il y a plein de remarques intelligentes dans ce petit livre. Cette conférence est suivie de questions-réponses qui ont également beaucoup d'intérêt. Je recommande donc ce livre qui, je pense, est passé un peu inaperçu.
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C'est le deuxième livret "Petites conférences" que je lis. le premier a été celui de Françoise Héritier.

J'aime bien ces petits livrets parce qu'ils sont très clairs et accessibles, plus que les autres de Delphine Horvilleur. C'est sûrement un point d'entrée intéressant pour un sujet. Il ne faut pas avoir honte de lire un de ces livres supposés s'adresser aux enfants. Les adultes ont toujours des choses à apprendre.

Delphine Horvilleur explique comment un juif voit le monde à partir de l'interprétation de leur livre sacré, la Torah. Et ce qui est le plus intéressant est la mise en question et re-interprétation en permanence et adaptation au monde actuel. Il faut souligner que Delphine Horvilleur fait partie du courant progressiste du judaïsme.

En fait, tous les livres de Delphine Horvilleur que j'ai lu sont très intéressants, y compris pour les non juifs.
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Je n'avais pas tout à fait saisi avant d'ouvrir ce mince opus que j'étais assez au-delà de la tranche d'âge visée à l'origine, mais tant pis! Cela ne m'a pas empêchée d'apprécier cette petite conférence, et les questions réponses qui ont suivi; traitant de la transmission entre générations et des dangers d'une certaine forme de nostalgie qui présenterait irrémédiablement le monde comme en déclin. Bon, résultat, le lecteur adulte en voudrait plus, mais comme c'est délicieusement écrit, je dirais plus que ça aiguise l'appétit, plutôt que de nous laisser sur notre faim!
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Figurez-vous que chaque année, le soir, de la fête de Pâques, les juifs ont l’habitude de se réunir en famille, de s’asseoir autour d’une table et de raconter à nouveau l’épisode de la sortie d’Égypte. Ils pourraient regarder le film de Walt Dysney (le prince d’Égypte) Mais ils se racontent cette histoire du passé lointain, celle de leurs ancêtres et, au moment précis où ils s’apprêtent à raconter cette histoire , ils disent la chose suivante : « à chaque génération, chacun doit se percevoir, comme s’il était lui-même, sorti d’Égypte. ». la particularité de cette histoire du passé, c’est qu’elle n’est pas du passé. Se passé ne passe pas et cette histoire n’est plus linéaire. Ce n’est pas dans une histoire collective et lointaine, mais proche et personnelle. Je dois me souvenir, en ce jour, comment je suis sortie d’Égypte. dès lors, je dois m’interroger très concrètement. Quel est mon Égypte, où est-elle. Qu’est-ce qui dans ma vie fait parfois de moi une esclave et qui est mon pharaon ? Est-ce mon professeur principal, ma mère, ma belle-mère, ma console de jeux ? quelles sont les plaies qui s’abattent sur mon monde et me permettent de sortir de cet esclavage personnel? Quelle est ma terre promise ?
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(p.55) Et les filles !
DH : Nous en revenons au problème de tout à l'heure. Bien entendu, la lecture contemporaine de cette histoire consiste à accepter que ces enfants ne sont pas que des fils, qu'ils sont aussi des filles mais ces textes sont incontestablement chargés de patriarcat et de misogynie, c'est-à-dire qu'ils mettent à distance les femmes et le féminin. Une fois que vous le savez, deux solutions s'offrent à vous. Soit vous estimez que ces textes et ces héritages religieux sont misogynes et que vous ne voulez rien avoir à faire avec eux. Soit vous reconnaissez cet héritage et vous pensez que la question est de savoir ce que vous allez en faire. Cette question rejoint celle du début de la conférence : faut-il encore raconter des « il était une fois » à nos enfants ? Si vous faites attention aux contes de Perrault, ils sont remplis d'éléments problématiques par rapport à notre sensibilité moderne. Tous les contes présentent le féminin sous les traits de princesses enfermées dans leur château qui attendent désespérément que le prince vienne les chercher. S'imaginer que le féminin est entièrement affaire d'intériorité et de pudeur n'est pas la meilleure image à transmettre aux petites filles et aux petits garçons. Nous pouvons penser que ces contes sont tellement misogynes et ringards que nous ne voulons pas que nos enfants y soient exposés. Ou bien nous acceptons que ces contes reflètent des temps et des héritages passés et nous nous demandons ce que nous allons faire avec eux, comment nous allons les raconter, comment nous allons offrir à nos enfants un regard critique sur leur histoire et le poids qu'ils portent sur leurs épaules. Que vont-ils faire de ce lest dont je parlais tout à l'heure ? Ce poids va-t-il les clouer au sol ou, au contraire, va-t-il leur permettre, parce que nos enfants disposent d'une capacité d'analyse, de naviguer loin et ailleurs ?
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(p.52) Mais est-ce que les parents peuvent comprendre les enfants ?
D H : Jamais complètement. La force du lien entre les générations, si tout se passe bien, c'est que la génération suivante grandit dans un monde qui n'est jamais vraiment le même monde que celui de la génération précédente, Cette dernière est là pour donner des clés, pour dire d'où nous venons et ce qu'elle transmet mais elle doit toujours avoir conscience qu'elle ne comprend pas complètement le monde de la génération suivante. Un élément de langage lui échappe toujours, quelque chose qu'elle ne pourra pas saisir et tant mieux. Pourtant l'enjeu est quand même de garder le lien. Je parlais tout à l'heure de la fête de Pâques. Outre le fait que le soir de la Pâques juive nous racontons la sortie d'Égypte, nous faisons aussi quelque chose d'étrange. Nous sommes assis autour d'une table et nous racontons tous les ans la même histoire qui dit que nous nous souvenons d'une histoire où quatre enfants sont autour de la table, un fils qu'on appelle un fils rebelle, un fils qu'on appelle un fils sage, un fils qu'on appelle un fils naïf et un fils qu'on appelle un fils qui ne sait pas poser de question. Tous les ans, alors que nous sommes tous réunis autour de la table, nous lisons ensemble cette histoire qui nous dit que nous avons tous dans notre famille, et peut-être dans nos histoires personnelles, des moments où nous avons été chacun de ces quatre enfants. Par moments nous avons le sentiment d'être le fils sage que nos parents comprennent très bien car nous sommes le Schtroumpf à lunettes de la famille auquel tout le monde fait confiance. À d'autres moments, au contraire, nous sommes le fils rebelle et nous avons le sentiment que nos parents ne comprennent rien à rien. Cette histoire raconte surtout que les quatre fils doivent être assis autour de la table. Quoi qu'il arrive, tout en reconnaissant que nous comprenons bien certains de nos enfants alors que nous ne comprenons plus les autres, il faut tout faire dans la mesure du possible pour que tout le monde reste autour de la table, ait son mot à dire et puisse participer à la conversation sacrée qui doit s'opérer entre les générations au sein d'une famille. Mais ce n'est pas toujours facile à faire.
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Toutes les légendes de notre enfance font souvent semblant de parler au passé simple pour dire un passé qui n'est pas si simple, qui est même très compliqué. Elles disent au passé ce qui n'est pas passé, ce qui résonne au présent et elles disent peut-être quelque chose de l'avenir à la nouvelle génération qui pourra s'en emparer. Voilà pourquoi "il était tait une fois" est toujours un verbe à l'imparfait. L'expression ne parle en aucune manière d'un événement qui a eu lieu une fois pour toutes. Il s'agit toujours d'une histoire qui s'est suffisamment répétée pour qu'elle soit encore pertinente aujourd'hui. Ce passé n'est pas révolu. "Il était une fois" fait dire : il est et il sera encore bien des fois.
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Quand j'étais adolescente, j'avais décidé de devenir médecin. Je suis allée voir mon grand-père, il m'a demandé ce que je voulais faire plus tard et quand je lui ai répondu que je voulais devenir médecin il m'a alors dit: « Ah bon. C'est bizarre j'aurais imaginé quelque chose d'autre pour toi ». Mais il n'a jamais voulu me dire quoi. A l'époque je lui en ai voulu, je ne comprenais pas pourquoi il ne me félicitait pas de mon choix, pourquoi il introduisait en moi un doute en ne me disant pas ce qu'il avait imaginé pour moi. Il m'a fallu des années pour comprendre à quel point cette phrase avait été une vraie bénédiction, la chose la plus extraordinaire qu'on m'ait jamais dite. J'ai ensuite connu beaucoup de moments où je ne savais pas exactement où aller, je voulais changer de métier, de pays et cette petite phrase de mon grand-père me disait: « J'aurais imaginé quelque chose d'autre pour toi ». Le fait qu'il ait un jour imaginé quelque chose d'autre pour moi me permettait d'imaginer quelque chose d'autre pour moi. Grâce à cette phrase j'ai été capable d'imaginer que je n'étais pas obligée d'aller là où d'autres étaient déjà allés car il existe pour moi un autre lieu. J'ai pu inventer autre chose, tracer un chemin que pour l'instant personne n'avait suivi. Je pense que dans la vie il faut toujours trouver un moyen de se permettre des sorties de route, de se dire que tout nous poussait à aller là mais qu'il existe pour nous d'autres chemins et que rien ne nous empêche de nous aventurer ailleurs. Je vous souhaite d'entendre tout au long de votre vie des petites phrases qui vous permettront d'aller ailleurs.
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