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EAN : 9782253104827
216 pages
Le Livre de Poche (28/09/2022)
  Existe en édition audio
4.08/5   1112 notes
Résumé :
« Tant de fois je me suis tenue avec des mourants et avec leurs familles. Tant de fois j’ai pris la parole à des enterrements, puis entendu les hommages de fils et de filles endeuillés, de parents dévastés, de conjoints détruits, d’amis anéantis… »
Etre rabbin, c’est vivre avec la mort : celle des autres, celle des vôtres. Mais c’est surtout transmuer cette mort en leçon de vie pour ceux qui restent : « Savoir raconter ce qui fut mille fois dit, mais d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (202) Voir plus Ajouter une critique
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Ce « petit traité de la consolation » est un grand livre que je recommande à ceux qui envisagent de mourir un jour et, beaucoup plus largement, à tous ceux dont la famille ou l'entourage sera visité un jour par Azraël, « l'ange de la mort ».

Conteuse merveilleuse, Delphine Horvilleur, a croisé Elsa Cayat, la psy assassinée de Charlie Hebdo, et Marc, son correspondant, Simone Veil et Marceline Loridan, les « filles de Birkenau », Yitzhak Rabin, mais aussi Moïse, Ilan Halimi, et des anonymes, Ariane, Isaac ou Sarah dont elle a présidé les cérémonies au cimetière, et Myriam, l'américaine qui a survécu à son inhumation new-yorkaise, et enfin son oncle Edgar, inhumé au cimetière alsacien de Westhoffen.

Onze chapitres qui révèlent une attention, une culture, une écoute, une intelligence et un humour extraordinaire enraciné dans une culture juive (et laïque) nourrie au quotidien de rencontres avec des personnes confrontées à la mort ou à un décès, les unes croyantes, voire pratiquantes, les autres agnostiques ou athées. Chacune avec ses doutes, ses espérances, sa foi, notamment quant à la vie post mortem et la résurrection.

Onze contes autobiographiques complémentaires et différents sur la mort, mais surtout sur la vie, qui interpellent chacune et chacun, dans une langue simple, portée par une personne bienveillante qui a l'humilité de partager ses doutes et la charité de proclamer sa foi.

« J'ai compris que l'élève-rabbin que j'étais ne remettrait plus jamais en doute la possibilité de la résurrection, puisque j'en avais été le témoin » affirme t-elle. le chrétien (que je suis) croit en la résurrection des morts et en la vie éternelle. Lecteurs de la Bible, et notamment du Deutéronome, (30:19) nous partageons le même verset « J'ai placé devant toi la vie et la mort, dit l'Eternel. Et toi, tu choisiras la vie ! ».

Un paradis où ne serait pas Delphine Horvilleur ne me semble pas concevable et j'espère avoir le plaisir de la rencontrer avant, en ce bas monde, devant un verre de Kirsh alsacien, pour proclamer ensemble « A la vie ! » … « LeH'ayim ! ».

PS : ma lecture de "Un temps pour mourir"
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Qui m'aurait dit que moi, la laïque, je me passionnerais pour le livre d'un rabbin, ce rabbin fût il une rabbine, vive, spirituelle, archi cultivée et d'une tolérance, d'une ouverture d'esprit sans pareille ?

Sitôt refermé, j'ai déjà envie de relire le magnifique livre de Delphine Horvilleur auquel je ne cesse depuis quelques jours de revenir, où je puise une sagesse qui m'apaise, un humour qui me titille les zygomatiques, une connaissance qui m'enrichit et une espérance dont j'ai le plus grand besoin.

Bref, Vivre avec nos morts au titre oxymorique, est devenu mon livre de chevet !

Delphine Horvilleur se veut avant tout conteuse, "pour que la porte reste ouverte" entre morts et vivants.

Elle passe le mot, explique le rite, noue L Histoire à la sienne, à celle des grands défunts qu'elle a connus, et à celles des défunts plus obscurs, plus modestes qui eux aussi ont des choses à raconter elle relie le monde des morts à celui des vivants avec tous les ponts possibles, le sens d'un mot hébreu, un passage de la Bible ou de la Torah, l' attentat de Charlie Hebdo qui fut un séisme pour tous, un évènement individuel mais exemplaire (une mort "injuste", une maladie brutale et sans pitié) , jusqu'à celui, inattendu, des blagues juives les plus savoureuses.

Elle fait flèche de tout bois et ce faisant construit une arche d'alliance entre notre peur viscérale de la mort et notre réflexe vital parfois aveugle. Elle nous rend plus forts, plus lucides mais aussi plus libres et plus joyeux.

Je vous laisse découvrir ce voyage pendulaire entre deux mondes et son parcours si judicieusement maîtrisé. En découvrir les étapes serait enlever du charme à votre lecture et je m'en voudrais de trahir le merveilleux talent de la conteuse !

Sachez seulement qu'en hébreu "cimetière" se traduit par "jardin des vivants" et que le toast fameux "leHaïm" à la vie est en fait un pluriel, "Aux vies !"

Nous avions plusieurs vies et ne le savions pas ! le livre de Delphine Horvilleur nous en donne le goût et la saveur avec une science pleine de tendresse et de malice !
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Elsa Cayat, la psychiatre assassinée de Charlie Hebdo, et Marc, avec qui elle devait publier un livre. Simone Veil et Marceline Loridan, les filles de Birkenau. Yitzhat Rabin, homme d'État israélien, prix Nobel de la paix, assassiné en 1995. Ilan Halimi, séquestré et torturé en 2006 parce que juif. Mais aussi Moïse et Azraël, l'ange de la mort. Des anonymes, Sarah, Isaac et Myriam, l'Américaine obsédée par l'organisation de ses propres obsèques. Des proches, comme son amie Ariane et son oncle Edgar. Tous, en croisant, à l'occasion de leur mort ou par leur lien particulier à la mort, le chemin de l'auteur dans ses fonctions de rabbin, lui ont inspiré les onze chapitres de ce livre placé sous les auspices d'un oxymore.


Rares sont les ouvrages qui impressionnent autant par l'aura de leur auteur, et qui vous vont droit au coeur par l'humanité qu'ils dégagent. Delphine Horvilleur n'est pas seulement cultivée. Elle possède le don de rendre ses connaissances accessibles en toute simplicité, dans une narration piquante et pleine d'humour, où ne manquent même pas quelques savoureuses blagues juives. C'est avec un intérêt émerveillé que l'on découvre la richesse de ses réflexions, nourries de son exégèse de textes sacrés, d'explications de rites et de traditions, mais aussi de sa formidable expérience humaine. L'on ne peut qu'être frappé et totalement séduit par l'ouverture d'esprit, la capacité d'écoute et la sincère bienveillance dont témoignent ces pages, où chacun, athée ou de quelque religion qu'il soit, trouvera son compte.


Car, face à notre condition humaine et à notre finitude, il n'est question ici que de la manière dont, en toute humilité, l'auteur rabbin tente d'accompagner les vivants dans leur douleur et leurs questionnements sans réponse, avec pour seule certitude que notre passage se nourrit de l'héritage personnel, culturel et historique laissé par les générations précédentes, et nourrira de la même façon les générations à venir. Mort et vie s'entremêlent ainsi constamment, et il nous faut bien apprendre à faire une place à nos fantômes personnels pour continuer à faire en paix notre bout de chemin.


Un livre universel, profondément humain et merveilleusement écrit, qui fait chaud au coeur par la qualité de la rencontre qu'il permet avec son auteur. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Ce nouvel essai de la célèbre femme rabbin, Delphine Horvilleur, regroupe onze histoires qui découlent de son travail d'accompagnement des défunts et de leurs proches lors des obsèques de personnalités ou d'anonymes.

De l'enterrement d'Elsa Cayat, psychanalyste de Charlie Hebdo, assassinée en 2015, aux funérailles de Simone Veil et de son amie Marceline Loridan, surnommées les « filles de Birkenau », en passant par ce petit garçon qui demande où est passé son frère décédé ou cette New-Yorkaise dépressive qui passe son temps à organiser ses propres obsèques dans les moindres détails, Delphine Horvilleur côtoie régulièrement la mort, parfois même celles de personnes qui lui sont proches, comme sa meilleure amie. D'une prière récitée par téléphone à cause du Covid à cette cérémonie en tête-à-tête avec le fils de la défunte pour seul public, Delphine Horvilleur invite à réfléchir sur la mort, tout en rendant un hommage vibrant à la vie !

Cette réflexion sur la mort est en effet avant tout un roman sur la vie, qui n'empêche pas de régulièrement sourire et qui évite de donner le dernier mot à la mort, invitant à regarder au-delà, la où la vie continue… avec ses morts. Face à cette mort, l'auteure en profite également pour dévoiler une part d'elle-même, de cette grand-mère déportée dont personne ne parle à cet oncle inhumé au cimetière alsacien de Westhoffen, en passant par cette meilleure amie dont elle partage péniblement les derniers instants…

À travers ce texte, Delphine Horvilleur se révèle surtout une conteuse hors-pair qui puise dans les textes sacrés pour parler d'un sujet qui nous concerne tous au-delà des communautés religieuses. En s'appuyant sur l'étymologie des mots et la culture juive, elle exploite toute la puissance du verbe afin de vaincre la mort et de faire l'éloge de la vie.

Instructif pour ceux qui comme moi ne connaissent pas grand-chose au judaïsme, foncièrement drôle au détour de quelques blagues typiquement juives qui m'ont fait pouffer de rire, d'une finesse rare au niveau de la plume et inévitablement bouleversant et sensible vu le thème principal, « Vivre avec nos morts » est un superbe texte que je recommande à tous ceux qui, peu importe leur croyance, envisagent de mourir un jour, voire de vivre au-delà de la mort…
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Dans son travail d'accompagnement des défunts et de leurs proches, Delphine Horvilleur, femme rabbin de tendance libérale, côtoie la mort comme une vieille connaissance, sans pour autant s'habituer à sa présence. Paradoxalement, cette "proximité" a pris un tour particulier avec la pandémie de Covid-19, au cours de laquelle elle s'est vue contrainte de célébrer des cérémonies funéraires par téléphone, à distance. Ses réflexions sur la mort ne datent cependant pas de cette actualité, elles sont antérieures : pourquoi passe-t-elle donc tant de temps dans les cimetières ?

Delphine Horvilleur nous fait part de son questionnement, de son cheminement, à travers onze chapitres, autant de récits sur la manière dont elle accompagne les morts et tente de réconforter les endeuillés. Il y est question de personnalités connues (Elsa Cayat, la "psy de Charlie", Marceline Loridan-Ivens, Simone Veil) ou anonymes, de personnes qui lui sont inconnues et d'autres chères à son coeur.

Toujours elle écoute et fait parler les proches à propos du défunt, pour pouvoir ensuite leur conter, leur donner à entendre l'histoire de celui-ci d'une manière inédite pour eux, pour retisser les fils de son histoire désormais cassée, leur livrer un récit qui leur permettra peut-être, si pas d'accepter, au moins de donner un sens à cette mort ou plutôt à cette vie arrêtée, pour qu'eux-mêmes retrouvent le sens, le fil de leurs propres vies, pour qu'ils puissent vivre avec cette mort. Elle nous livre aussi ses réflexions plus personnelles sur son parcours, ses propres fantômes, les non-dits de son enfance, et se fonde très souvent sur l'exégèse des textes sacrés, sur l'étymologie et la traduction des mots, sur la tradition juive, pour essayer de comprendre le sens de la vie et de la mort, puisque celles-ci sont inextricablement liées.

En plus d'être très instructif pour ceux qui (comme moi) ne sont pas croyants ni familiers du judaïsme, et intellectuellement passionnant, "Vivre avec nos morts" révèle une conteuse hors pair et une personnalité d'une intelligence très fine et d'une grande ouverture d'esprit, érudite, sensible, à l'écoute, bienveillante, humble ("les rabbins n'ont pas plus de réponses que les autres. Parfois, juste un peu plus de questions"), et dotée d'un humour salutaire. Ce texte, d'une profonde humanité, est très enrichissant, souvent poignant, émouvant mais sans pathos. Il est aussi un hommage au langage et au pouvoir du verbe consolateur.

Un livre lumineux et une lecture réconfortante, ou l'inverse, merci Madame Horvilleur.

En partenariat avec les Editions Grasset via Netgalley.

#Vivreavecnosmort #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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critiques presse (5)
LeParisienPresse
17 juin 2021
Cette femme rabbin touche un public de plus en plus large avec ses essais, dont le dernier, « Vivre avec nos morts », déjà tiré à 50 000 exemplaires, entre au club des meilleures ventes.
Lire la critique sur le site : LeParisienPresse
LeFigaro
08 avril 2021
La femme rabbin fait l’éloge du verbe et de l’art de tisser des histoires.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeMonde
18 mars 2021
Dans son dernier ouvrage, « Vivre avec nos morts », la rabbine, voix du judaïsme libéral, livre une réflexion sur la mort et sur ce que la conscience de notre vulnérabilité peut apporter à nos vies.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Bibliobs
08 mars 2021
Pour la parution de son bouleversant « Vivre avec nos morts », la rabbin Delphine Horvilleur rencontre la philosophe Claire Marin, auteure du remarqué « Rupture(s) ».
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Elle
08 mars 2021
Dans un nouveau livre drôle et bouleversant, la rabbin iconoclaste met des mots justes sur notre époque et ses fantômes.
Lire la critique sur le site : Elle
Citations et extraits (318) Voir plus Ajouter une citation
J'ai souvent eu le sentiment que le judaïsme porte, en ses langages, quelque chose qui résonne avec cette idée. L'identité juive repose elle aussi sur une vacance. Tout d'abord parce qu'elle n'est pas prosélyte et ne cherche pas à convaincre l'autre qu'elle détient l'unique vérité. Ensuite, parce qu'elle peine à formuler ce qui la fonde. Nul ne sais vraiment ce qui fait un juif et encore moins un "bon juif". Est-ce une origine, une pratique, une croyance, une tradition culinaire ? L'identité juive est toujours au-delà de ce qu'on pourrait en dire, et ne se laisse jamais emmurer dans une définition unique qui réduirait ses possibles.

Pour le dire autrement : "le" judaïsme est toujours plus grand que le "mien". Il préserve un espace libre pour une autre conception que la mienne, et donc une transcendance infinie : celle de la définition qu'en donnera un autre.

Le judaïsme garantit en son sein la place d'Elsa (Cayat) et la mienne, celle d'une juive non croyante et celle d'un rabbin, sans qu'aune de nous puisse se revendiquer plus légitime. Aucune ne peut s'affirmer "plus" ou "meilleure" juive que l'autre.

page 30
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Il arrive qu'à un enterrement, les discours passent à côté d'une vie, ou que l'officiant se trompe complètement de registre. Cela m'est arrivé. Je me souviens notamment d'une fois où j'ai eu le sentiment de «rater» l'hommage qui revenait à un homme que j'accompagnais. Je n'avais pas su ou pu identifier les éléments saillants de son existence. Ses frères et sœurs étaient venus préparer la cérémonie quelques jours plus tôt. À chacune des questions que je leur adressais, ils peinaient à répondre, comme si des pans entiers de sa personnalité leur avaient échappé, comme si, jusqu'au bout, il leur était resté étranger.
«Avait-il une passion?
Pas vraiment, à notre connaissance.
- Qui étaient les êtres qui comptaient vraiment pour lui?
-Difficile à dire.
-Quels étaient ses rêves ?
- À notre connaissance, il n'en avait pas vraiment. »

La réponse à toutes ces questions me fut donnée pendant la cérémonie elle-même, c'est-à-dire trop tard. L'homme que nous accompagnions avait été aimé passionnément, mais sa famille de sang l'ignorait. Ses amis et amours réunis en témoignaient. Ils étaient la véritable famille qu'il s'était constitué, ceux auxquels il avait confié ses rêves, mais ceux qui n'étaient pas venus me parler.
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Pendant des années, me dit-elle, j’ai vécu une très profonde dépression. Je n’avais plus d’envie, ni de désir. La force de vie m’avait quittée et je renonçais même à sortir de chez moi, ou à rencontrer qui que ce soit. (…)
Mes enfants désespéraient et tentaient de me redonner goût à l’existence. Ils me disaient ce qu’on dit toujours aux gens qui traversent une dépression dont on ne comprend pas bien la cause : “Mais enfin, tu es en bonne santé, tes enfants vont bien, tes petits-enfants t’aiment. Tu n’as pas le droit de te laisser aller…” Toutes ces phrases absurdes de gens bien-portants manquaient totalement leur cible. La dépression n’a rien à voir avec un refus de voir ce qui va bien dans votre vie, ou une incapacité à reconnaître les bons côtés de votre existence. La conscience de votre chance ou de vos privilèges n’est jamais ce qui vous en libère ou vous allège. Et celui qui exige de vous d’en sortir ne connaît généralement rien de la mort du désir. Il n’a aucune chance de vous ramener à la vie. Il vous fait l’article d’un produit dont vous ne niez pas la valeur, mais dont il n’a jamais manqué, lui. Il n’a donc aucun argument de vente sérieux.
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Personne ne sait parler de la mort, et c'est peut-être la définition la plus exacte que l'on puisse en donner. Elle échappe aux mots, car elle signe précisément la fin de la parole. Celle de celui qui part, mais aussi celle de ceux qui lui survivent et qui, dans leur sidération, feront toujours de la langue un mauvais usage. Car les mots dans le deuil ont cessé de signifier. Ils ne servent souvent qu'à dire combien plus rien n’a de sens.
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Chez mes grands-parents paternels, j'ai rencontré la mort, une nuit. Elle était venue me dire qu'on ne m'avait pas tout dit de mon histoire. M'avertir qu'il y avait dans mon jardin beaucoup de fantômes et des secrets qui y poussaient comme des arbres. Parmi eux , il en est un qui portait les fruits de la connaissance du bien et du mal absolu, les fruits de la connaissance d'une histoire jamais racontée. L'arbre des survivants dont j'étais née.

Cet arbre poussait ailleurs, non pas chez mes grands-parents paternels mais dans le jardin ravagé de ma famille maternelle. J'étais le fruit de ces arbres brûlés jusqu'à la cendre, ces résineux des plaines de Birkenau où personne ne m'avait jamais emmenés et dont on ne m'avait rien dit. De ces arbres arrachés et replantés ailleurs, une sève amère me parvenait.

Au soir de mes dix ans, j'avais décidé de goûter à cette mémoire, quitte à en mourir.
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