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Citations sur Vivre avec nos morts (318)

Personne ne sait parler de la mort, et c'est peut-être la définition la plus exacte que l'on puisse en donner. Elle échappe aux mots, car elle signe précisément la fin de la parole. Celle de celui qui part, mais aussi celle de ceux qui lui survivent et qui, dans leur sidération, feront toujours de la langue un mauvais usage. Car les mots dans le deuil ont cessé de signifier. Ils ne servent souvent qu'à dire combien plus rien n’a de sens.
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L'annonce d'une maladie ou d'une suspicion de maladie produit invariablement cet effet. Vos proches continuent bien sûr de vous parler, mais ils amorcent généralement à votre insu une autre conversation en votre absence, avec votre mari, votre femme, votre cercle rapproché. Et ils font de votre santé un sujet de conversation qui vous échappe. Vous percevez parfois un chuchotement à votre approche, ou une conversation qui s'arrête quand vous entrez dans une pièce.
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Je devais lui dire que les rabbins n'ont pas plus de réponses que les autres. Parfois, juste un peu plus de questions.
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La laïcité dit que l’espace de nos vies n’est jamais saturé de convictions, et elle garantit toujours une place laissée vide de certitudes. Elle empêche une foi ou une appartenance de saturer tout l’espace. En cela, à sa manière, la laïcité est une transcendance. Elle affirme qu’il existe toujours en elle un territoire plus grand que ma croyance, qui peut accueillir celle d’un autre venu y respirer. 
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Accompagner la mort des autres ne m’a pas immunisée contre l’appréhension de la croiser. Je me méfie de tous ceux qui disent que mourir s’apprend et qu’il existerait une méthode imparable pour se résoudre à l’accepter. 
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Les tueurs [de Charlie Hebdo] ont-ils perçu le paradoxe obscène de leur geste assassin? Leur croyance en un Dieu qui demande vengeance et se vexe d'être méprisé constitue un gigantesque blasphème. Quel Dieu "grand" devient si misérablement "petit" qu'il a besoin que des hommes sauvent son honneur? Penser que Dieu s'offusque d'être moqué, n'est-ce pas la plus grande profanation qui soit? Grand est le Dieu de l'humour. Tout petit est celui qui en manque.
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J'ai souvent eu le sentiment que le judaïsme porte, en ses langages, quelque chose qui résonne avec cette idée. L'identité juive repose elle aussi sur une vacance. Tout d'abord parce qu'elle n'est pas prosélyte et ne cherche pas à convaincre l'autre qu'elle détient l'unique vérité. Ensuite, parce qu'elle peine à formuler ce qui la fonde. Nul ne sais vraiment ce qui fait un juif et encore moins un "bon juif". Est-ce une origine, une pratique, une croyance, une tradition culinaire ? L'identité juive est toujours au-delà de ce qu'on pourrait en dire, et ne se laisse jamais emmurer dans une définition unique qui réduirait ses possibles.

Pour le dire autrement : "le" judaïsme est toujours plus grand que le "mien". Il préserve un espace libre pour une autre conception que la mienne, et donc une transcendance infinie : celle de la définition qu'en donnera un autre.

Le judaïsme garantit en son sein la place d'Elsa (Cayat) et la mienne, celle d'une juive non croyante et celle d'un rabbin, sans qu'aune de nous puisse se revendiquer plus légitime. Aucune ne peut s'affirmer "plus" ou "meilleure" juive que l'autre.

page 30
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Seul celui qui vit pour acquérir peut jalouser l’autre au point de l’anéantir. 
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Dans les contes pour enfant, il y a souvent une ou plusieurs fées qui se penchent sur le berceau d’un nouveau-né pour y placer un souhait ou offrir un talent. J’ai souvent pensé que Simone [Veil, bien sûr] avait été l’une de ces fées pour les femmes de ma génération, et qu’elle s’était penchée sur nos berceaux en murmurant une puissante promesse. Je suis née en novembre 1974, au moment même où sa voix portait à l’Assemblée nationale un engagement solennel.
« Je voudrais tout d’abord vous faire partager une conviction de femme », avait-elle dit, avant d’ajouter : « Je m’excuse de le faire devant cette Assemblée presque exclusivement composée d’hommes. »
 Il était une fois une femme qui interpellait des parlementaires en leur présentant de prétendues excuses, mais, nous le savions bien, c’était à nous toutes qu’elle s’adressait. 
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Voilà comment nous sommes tombées enceintes, l'une après l'autre. Tombées enceintes... Mais de quelle chute était-il question ? À cette époque, nous volions si haut que rien ni personne n'aurait pu nous faire perdre de la hauteur.
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