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Critique de djdri25


Un livre choc ! de ceux qui vous donnent un direct sans retour dans l'estomac et qui vous coupent le souffle pour un bon moment.
Roman d'anticipation, lu il y a plus de 20 ans dont je me souviens encore comme si c'était hier, enfin presque.
C'est l'histoire de deux frères dont l'un est un scientifique reconnue et l'autre directeur de supermarché, la réussite professionnelle est au rendez-vous mais loin de les combler de bonheur. Ils sont à la quête d'autre chose, vraisemblablement de Sens ou du Sens qu'ils veulent ou peuvent donner à leur vie qui n'en a plus.
A travers les actions de ces deux frères qui communiquent peu, L'auteur dépeint les travers de la société de l'époque et donne sa vision des changements à venir, on est à la toute fin des années 90.
C'est à coup sûr des prédictions et un roman très noir qui dépeint la décadence de la société occidentale.
Tout ou presque passe au crible de l'esprit critique de l'auteur.
Les relations familiales distendues, les liens sociaux inexistants, le manque d'Amour et de sens que l'on peut donner aux choses que l'on fait, l'ennui dans la vie personnelle et un travail qui perd de son sens, le désenchantement et la désillusion, la misère sexuelle dépeinte à travers des scènes d'orgie et des relations sexuelles déviantes, (Le Cap D'Agde prend des allures de Sodome et Gomorrhe dans le roman), peu enthousiasmantes et qui sonnent le glas de l'amour et du désir épanouis, les religions monothéistes sont comparées et mises à mal notamment l'Islam, ce n'est pas nouveau et ça continue, d'un point de vue culturel, selon l'auteur, la littérature disparaitrait, seul l'Art et la Science survivraient. Pour Hugo un siècle plus tôt c'était la littérature qui devait tuer l'architecture, à chaque époque, un élément de la culture ou de l'Art est annoncé comme un objet en voie de disparition, l'un se substituant à l'autre au gré des changements des comportements sociaux .
Au moment où le roman est publié, du point de vue littéraire, c'est essentiellement la mise en cause du roman moderne qui est en jeu ; le présent livre s'attache à en défaire les éléments traditionnels, l'auteur introduit l'anti-héros, le personnage très réaliste, banal, en échec, désabusé et auquel peu de lecteurs ont envie de s'identifier qui fera bien des émules après ce roman parfois de manière agaçante, mais il faut bien vivre de son art, c'est une déconstruction des personnages et même du récit on a l'impression à certains endroits du roman de lire un documentaire sociologique très réaliste voire journalistique, je vais me répéter mais c'est un peu comme Zola sur ce point.
Une histoire angoissante et déprimante pour les personnes sensibles, l'auteur sait parfaitement jouer de cet élément comme Flaubert.
A coup sûr Houellebecq va à l'encontre du roman traditionnel et du roman d'agrément comme Flaubert, pour ne citer que lui, bien sûr, l'avait fait à son époque, d'ailleurs Houellebecq a été comparé à cet auteur dans sa manière de renouveler le roman de son époque.
Un livre qui ne laisse pas indifférent, c'est un point de vue personnel qui y est exprimé bien sûr, mais certains éléments sont bien vus et pour revenir à Flaubert, d'un point de vue littéraire, la démarche me paraît assez similaire avec la critique sociale un peu moins évidente chez ce dernier.
Du coup à travers la vision du déclin du roman et de la littérature, Houellebecq fait sonner le glas et pointe le déclin social, individuel et humain comme un Zola, un Flaubert.
Finalement Houellebecq est-il si inventif en matière littéraire ?
Un livre qui en tout cas a le mérite de poser de nombreuses questions sur la société de l'époque, la société actuelle et le devenir de l'humanité, de nous bousculer.
La science ne domine-t-elle pas ? Et les machines dites intelligences artificielles vont-elles prendre la pas si on laisse faire? Et la littérature ? Où en est-on ? Qu'advient-il de la solidarité et de la cohésion sociale ? Et le reste ?
Les questions restent toutefois en suspens, gardons nos espérances et nos rêves, "voltairisons", révoltons le monde qu'on nous prépare, cultivons notre jardin, ne nous contentons pas de balayer devant notre porte puis de regarder la télévision ou Internet vautrés sur nos canapés, mettons nous à l'action et à l'oeuvre afin de ne pas donner entièrement raison à cette dystopie sur laquelle l'auteur revient d'ailleurs avec son autre livre -La possibilité d'une île-.
Des remords, des regrets ?





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