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3,6

sur 3902 notes
« Les particules élémentaires » : beaucoup de bruit pour rien…
Une intrigue bien faible, qui nous présente deux demi-frères, Michel et Bruno, tous deux chercheurs : l'un est chercheur en biologie, l'autre en recherche du nirvana sexuel, donc d'une partenaire à la hauteur de ses fantasmes…

Une escapade, en fait, en plein consumérisme exacerbé. Si l'on peut admettre que parfois l'écrivain est le reflet à peine exagéré de la société dans laquelle il vit, j'ose espérer que Michel Houellebecq a grossi le trait jusqu'à la caricature… Ou alors…

Quant au coté sexe, comment ne pas voir là un produit d'appel, additionné à un « anti-religions » primaire – « Je sais bien que l'Islam – de loin la plus bête, la plus fausse et la plus obscurantistes de toutes les religions – semble actuellement gagner du terrain… » –, produit d'appel là aussi…
Bref, et je pense qu'on l'aura compris, Michel Houellebecq n'apparaît pas dans mes lectures favorites. Malgré tout, il faut de tout pour faire un monde…et si certains aiment, ils ont sans doute raison.

Il reste un ouvrage bien faible à mon goût, truffé de provocations faciles et d'accroches perverses destinées à créer le « buzz » pour assurer le tirage : une triste opération mercantile dont la littérature se serait bien passée.
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Ah, mes aïeux ! Quel pied que cette lecture.
Je n'avais jamais rien lu de Houellebecq.
C'est maintenant, par le plus banal des hasards, chose faite.
Les lectures imprévues, improbables, sont toujours les meilleures.

Lecture profonde, riche et légère tout à la fois.
Je n'ai peut-être pas tout compris.
Mais en était-il vraiment besoin ?
En revanche, l'auteur semble vouloir nous convaincre en « substance , » et je suis en total accord avec lui, du fait que les hommes, les hommes et pas les femmes, ne sont qu'un amas, plus ou moins difforme et incohérent, de branleurs.
Et oui, si telle est notre condition, autant y aller de bon coeur.
Ce livre aurait bien pu se traduire par : « Hommes, bite à la main »

Je ne veux plus rien dire de chef-d'oeuvre, par peur de "l'éclabousser."
Toute femme et tout homme, devraient simplement le lire.
Oui, tout simplement.
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Un jour j'ai lu "Twilight" et j'ai pleurniché d'amour, coincé dans un corps d'homme, il me fallait assumer cette passion pour la variété littéraire, argumentant un amour pour la lecture, reléguant la culture à ma triste condition d'homme viril(e) qui un jour de troisième fut reconnu inapte à la poursuite de ma carrière d'astronaute… le chemin était encore long, et les maths une science occulte dont l'éducation nationale se faisait fort d'un recrutement on ne peut plus rigoureux, à la mesure de ma compréhension qui s'échappait dans les méandres de mes pensées lubriques, peuplées de cul et de visages juvéniles dont mes "camaradettes" de classe s'amusaient.

Après le temps passe, la maturité te lisse le crâne, le blanc se marginalise très bien avec la couleur de tes trois, quatre derniers cheveux… tu ne pleures plus d'amour, tu pleures tes rides et ton bide grassouillet, ta jeunesse t'échappe, il est loin le temps de l'insouciance, de l'innocence, la mort te susurre avec douceur la fatalité de toute vie, et tu y prendras peur, parfois fugace, longue, ou douloureuse, elle se love confortablement dans tes pensées dont l'immortalité se fable aux premières lueurs "maladiesques"…

Alors Houellebecq c'est le cynisme à l'état pur, sans ornement de douceur, sans les violons, il crache son hédonisme Nietzschéen sur le papier… la vie se résume à pas grand-chose, si ce n'est naitre, grandir, vieillir puis mourir, mélange des corps déjà flétris par le temps qui s'agace de cette jeunesse insouciante et solitaire dont ta peau douce se fane aux années qui passent… le cul brut de bite qui s'a fesse et des seins qui s'étendent, le cul aux effluves « Bukosliesques »… L'espoir du désespoir, critique du matérialisme, apologie de l'ennui qui s'essouffle, Houellebecq « glauquifie » la vie qui se meurt inlassablement, ignore le bonheur des joies éphémères, hormis la branlette qui trouve son salut dans l'orgasme des instants fugaces d'une putain partie de baise…

Nous ne sommes que des particules, des plus élémentaires comme le dirait le titre, mélange hasardeux de l'évolution, nous inventons l'illusion de l'immortalité, alors que notre déchéance se nourrit insatiablement de nos espoirs perdus d'avance, imparfaits et mortels, épuisés par cette quête vaine de la vie éternelle, du bonheur éternelle, nous cheminons avec fatalité les yeux bandés vers le noir le plus obscur, incapables de nous projeter dans notre salut commun, apaisés de nos souffrances qui font de nous ce que nous étions, mais que nous ne serons plus un jour ou l'autre, mais je préfère l'autre…

Alors oui Houellebecq se rapproche de la pensée Nietzschéenne, sans pouvoir parvenir à oublier le passé, et à faite abstraction du futur, nous naviguons dans la superficialité de toute vie, pour combler le temps qui nous manque, on voudrait être des Dieux alors que nous sommes que des hommes…

Il y a encore quelques années, ce style de lecture m'aurait fait pleurer d'ennui, je me serai complexé aux premières pages, ne saisissant que les mots mais pas leur sens, je me serai dit : « ouais OK, le mec déprime, complexe sur un physique au laisser aller flagrant, raconte une histoire dont je me fou complètement, sans saisir l'essence même du bouquin, qui fait réfléchir, et qui fait du bien malgré tout, je ne suis pas fan de l'auteur, bien que son style respire le talent c'est indéniable…mais il manque cette pointe d'ironie et de dérision qui donne quand même un peu de poésie à notre vie, le cul reste pour moi comme pour lui un échange des plus bandants, mais j'y ajoute toujours un coeur ou deux, histoire de rendre grâce à l'orgasme qui me donne l'envie de vivre pleinement avec le sourire et les rires…


A plus les copains
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"Les Particules Élémentaires" de Michel Houellebecq est avant tout une lecture curiosité du à la notoriété de l'auteur.
Malgré la teneur du livre, c'est avant tout et en majorité des amies femmes qui m'ont donné leurs avis sur ce livre. Et elles avaient plus où moins toutes appréciées ce livre.

Dans ce récit, nous suivons Michel et Bruno. Deux demi-frères que l'on suit depuis leur adolescence jusqu'à leur réussite à l'âge adulte.
N'ayant pas grand chose de diamétralement différents dans leurs cursus, il en est néamoins que ces deux demi-frères, dans leur place dans cette société sur qui voit l'humain sur le déclin à travers la vie de ces deux protagonistes suivis depuis l'enfance, on peut y voir voir l'affaissement et la chute de la gente masculine au travers de Michel et Bruno dans les relations humaines.
Une sorte de dépression littéraire par ce portrait bien fade au goût et surtout pessimiste dans le reflet que donnent Michel et Bruno sur leurs conditions en tant qu'individus. L'un étant brillant mais peu enclin aux rapports humains, ce qui lui donne un air de personne un peu aliéné et l'autre qui est une machine sexuelle plus masturbatoire qu'autre chose qui fait pâle figure et en devient une caricature pathétique.

J'ai mis du temps à lire ce Houellebecq entrecoupé par plusieurs jours et plusieurs semaines entre chaque session de lecture.
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C'est pas pour dire du mal, mais il faut bien le reconnaître : Michel Houellebecq n'est pas exactement le genre de type que j'inviterais à la communion du dernier pour raconter des blagues en attendant le dessert. Les vrais tranches de rigolade sont plutôt rares dans les 316 pages de ses Parti(cul)es Élémentaires qui nous racontent la vie de Michel, le scientifique, et de son demi-frère Bruno le branleur.

Ils sont très différents, Michel et Bruno : Michel est aussi introverti que Bruno est profiteur, tendance éjaculateur compulsif, ce qu' il démontrera tout au long du roman.

Ils avancent ensemble vers la fin d' un monde sans joie et hanté par des post soixante-nuitards désabusés et cancéreux à la sexualité mourante mais débridée.

J'ai éprouvé parfois un peu d'ennui dans ce livre dont j'ai sauté quelques pages, mais soyons honnêtes : il est dense, son écriture est plaisante, et ses chemins sont imprévisibles malgré qu'ils soient pavés des ingrédients habituels (cynisme, sexe, descriptions wikipédiesques, personnages réels, poèmes fruités, etc) qui nous rappellent sans doute possible qu'on est bien chez Houellebecq.

A lire éloigné du bord de la falaise.
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Voilà bien un drôle de bouquin. Lors de l'exercice périlleux "Comparer nos lectures", presque personne n'est d'accord avec mes trois ***. Ca tombe bien, moi non plus! Je vous explique : l'histoire, je veux dire l'idée qui se cache derrière tout ca me plait beaucoup (**** - ******). La réalisation (style, passages soi-disant "érotiques", facilités diverses et variées...) me decoivent énormément (* - **). Et voilà le résultat : ***!!! Sans rire, pour un livre qui a eu tant de succès le bilan, 15 ans plus tard, est bien maigre. Mes notes sont (presque) toujours élastiques, celle-ci tendrait plutôt vers le 2/5. Bien qu'il y ait quantité de livres beaucoup plus intéressants que celui-ci, je préfère rester dans le neutre. A chacun de se faire son idée sur la question. Tant que l'on pas lu la chose, on passe pour un inculte. Une fois cette tâche accomplie, on peut s'écrier au génie ou se morfondre devant tant de médiocrité. Deux jugements extrêmes que ce roman somme toute assez banal n'a pas mérité.
Bonne lecture!
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Premier livre de cet auteur en ce qui me concerne.
Dernier ?
Probablement.

Je n'ai senti qu'au bout de quelques jours de lecture les réactions neuronales qu'a eues ce roman sur mon faible esprit, à savoir : tristesse, déprime, lassitude, ras-le-bol, agacement…

Oui, certaines écritures, certains personnages ont le don de nous gâcher l'existence. Ils vont mal, très mal… c'est bien triste.

Seraient-ils aussi ce qu'on nomme "toxiques" ?
Dans la vie, je me tiens (maintenant) très éloignée de ce type de personnalité.

Dans la littérature, je le ferai dorénavant avec cet auteur.


Lien : http://justelire.fr/les-part..
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Un livre choc ! de ceux qui vous donnent un direct sans retour dans l'estomac et qui vous coupent le souffle pour un bon moment.
Roman d'anticipation, lu il y a plus de 20 ans dont je me souviens encore comme si c'était hier, enfin presque.
C'est l'histoire de deux frères dont l'un est un scientifique reconnue et l'autre directeur de supermarché, la réussite professionnelle est au rendez-vous mais loin de les combler de bonheur. Ils sont à la quête d'autre chose, vraisemblablement de Sens ou du Sens qu'ils veulent ou peuvent donner à leur vie qui n'en a plus.
A travers les actions de ces deux frères qui communiquent peu, L'auteur dépeint les travers de la société de l'époque et donne sa vision des changements à venir, on est à la toute fin des années 90.
C'est à coup sûr des prédictions et un roman très noir qui dépeint la décadence de la société occidentale.
Tout ou presque passe au crible de l'esprit critique de l'auteur.
Les relations familiales distendues, les liens sociaux inexistants, le manque d'Amour et de sens que l'on peut donner aux choses que l'on fait, l'ennui dans la vie personnelle et un travail qui perd de son sens, le désenchantement et la désillusion, la misère sexuelle dépeinte à travers des scènes d'orgie et des relations sexuelles déviantes, (Le Cap D'Agde prend des allures de Sodome et Gomorrhe dans le roman), peu enthousiasmantes et qui sonnent le glas de l'amour et du désir épanouis, les religions monothéistes sont comparées et mises à mal notamment l'Islam, ce n'est pas nouveau et ça continue, d'un point de vue culturel, selon l'auteur, la littérature disparaitrait, seul l'Art et la Science survivraient. Pour Hugo un siècle plus tôt c'était la littérature qui devait tuer l'architecture, à chaque époque, un élément de la culture ou de l'Art est annoncé comme un objet en voie de disparition, l'un se substituant à l'autre au gré des changements des comportements sociaux .
Au moment où le roman est publié, du point de vue littéraire, c'est essentiellement la mise en cause du roman moderne qui est en jeu ; le présent livre s'attache à en défaire les éléments traditionnels, l'auteur introduit l'anti-héros, le personnage très réaliste, banal, en échec, désabusé et auquel peu de lecteurs ont envie de s'identifier qui fera bien des émules après ce roman parfois de manière agaçante, mais il faut bien vivre de son art, c'est une déconstruction des personnages et même du récit on a l'impression à certains endroits du roman de lire un documentaire sociologique très réaliste voire journalistique, je vais me répéter mais c'est un peu comme Zola sur ce point.
Une histoire angoissante et déprimante pour les personnes sensibles, l'auteur sait parfaitement jouer de cet élément comme Flaubert.
A coup sûr Houellebecq va à l'encontre du roman traditionnel et du roman d'agrément comme Flaubert, pour ne citer que lui, bien sûr, l'avait fait à son époque, d'ailleurs Houellebecq a été comparé à cet auteur dans sa manière de renouveler le roman de son époque.
Un livre qui ne laisse pas indifférent, c'est un point de vue personnel qui y est exprimé bien sûr, mais certains éléments sont bien vus et pour revenir à Flaubert, d'un point de vue littéraire, la démarche me paraît assez similaire avec la critique sociale un peu moins évidente chez ce dernier.
Du coup à travers la vision du déclin du roman et de la littérature, Houellebecq fait sonner le glas et pointe le déclin social, individuel et humain comme un Zola, un Flaubert.
Finalement Houellebecq est-il si inventif en matière littéraire ?
Un livre qui en tout cas a le mérite de poser de nombreuses questions sur la société de l'époque, la société actuelle et le devenir de l'humanité, de nous bousculer.
La science ne domine-t-elle pas ? Et les machines dites intelligences artificielles vont-elles prendre la pas si on laisse faire? Et la littérature ? Où en est-on ? Qu'advient-il de la solidarité et de la cohésion sociale ? Et le reste ?
Les questions restent toutefois en suspens, gardons nos espérances et nos rêves, "voltairisons", révoltons le monde qu'on nous prépare, cultivons notre jardin, ne nous contentons pas de balayer devant notre porte puis de regarder la télévision ou Internet vautrés sur nos canapés, mettons nous à l'action et à l'oeuvre afin de ne pas donner entièrement raison à cette dystopie sur laquelle l'auteur revient d'ailleurs avec son autre livre -La possibilité d'une île-.
Des remords, des regrets ?





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Drôle mais profond, cynique mais pertinent, désespérant mais éclairant, ce roman ne laisse pas indifférent. Ma lecture terminée, j'ai parcouru de nombreuses critiques, les positives et les négatives et je choisis, sans hésiter, le camp des pour.
Que lui reproche-t-on ? Tout, je cite, du plus stupide au plus respectable : « juste un livre qui pue des pieds… consternant… INFECTE. MISOGYNE, RACISTE, ISLAMOPHOBE, SEXISTE, HOMOPHOBE etc. etc. » C'est vrai qu'en majuscules, on se fait toujours mieux entendre, surtout quand on a des choses pertinentes à dire. Poursuivons : «Je n'ai senti qu'au bout de quelques jours de lecture les réactions neuronales qu'a eues ce roman sur mon faible esprit, à savoir : tristesse, déprime, lassitude, ras-le-bol, agacement…
Oui, certaines écritures, certains personnages ont le don de nous gâcher l'existence. Ils vont mal, très mal… c'est bien triste. » « L'autre point négatif c'est le sexe… les remarques sur la société pourraient être intéressantes mais elles sont noyées dans cet excès de sexe, de violence. Aucune empathie pour les personnages masculins, les personnages féminins ne sont pas non plus épargnés…un roman à ne pas lire si vous êtes dans une phase un peu noire de votre vie, à ne pas lire si vous approchez la quarantaine, à lire si vous avez envie de découvrir une vision noire de notre société. »

Moi, j'ai passé un excellent moment et voici pourquoi :
J'ai aimé la dérision qui entoure le personnage de Bruno, espèce de Jean-Claude Dusse, champion incontesté de la poursuite de « l'ouverture » et de l'éjaculation précoce. Derrière ces passages drôles, il y en a d'autres qui le sont moins (les satanistes), mais qu'y voir sinon la dénonciation de cette société consumériste qui a fait de la jouissance l'alpha et l'omega de nos vies ? Trop de sexe, ont dit certains. Ils ont certainement raison, je comprends que cela puisse lasser, « Cachez ce sein que je ne saurais voir » mais en réalité, dans nos sociétés, dans nos vies, le sexe, ses fantasmes et son industrie règnent… Douze pour cent de tous les sites web sont des sites pornographiques. Il y a 4.2 millions de sites Web pornographiques… 420 millions de pages web pornographiques et 68 millions de requêtes quotidiennes pour des sites pornographiques via les outils de recherche internet. C'est-à-dire 25% de toutes les requêtes de recherche Internet.
L'industrie de la pornographie sur le Web a rapporté 97 milliards en 2006. https://www.psycho-ressources.com/bibli/stats-pornographie.html
Trop pessimiste, trop noir, disent les autres : moi, j'ai beaucoup souri et j'avoue une crise de fou rire à la lecture du passage de l'atelier d'écriture (les pages 109 à 118 de la version poche sont à lire si vous hésitez à cause du côté triste, noir et morbide que certains mettent en avant). Je confesse également avoir fait mon miel du sort réservé aux « 68tards », aux hippies et autres « newageards », dépeints sans ménagement comme ce « hippie plus âgé, aux longs cheveux gris, à la barbiche également grise, au fin visage de chèvre intelligente… ». Ce n'est pas bien de se moquer, je sais, mais oui, ça me plait et ça me réjouit. Woody Allen n'est pas loin.
D'autres disent que c'est une vision noire de notre société à ne pas lire si vous approchez de la quarantaine. Ma quarantaine légèrement dépassée depuis peu (un bon moment ? une éternité ?), je m'y suis pourtant risqué et n'ai pas encore constaté de séquelles post-traumatiques. Sur la forme, ils n'ont pas tort, mais peut-on reprocher à un auteur de permettre à ses lecteurs (personne n'étant obligé, n'est-ce-pas, enfin pour l'instant, de lire) d'ouvrir les yeux sur le monde dans lequel ils vivent. Nous avons là une brillante étude sociologique des bouleversements intervenus à la fin des années soixante (libération sexuelle, télévision, publicité, chute des idéologies et des religions) débouchant sur la fabrication insidieuse d'un nouvel Homme Nouveau. Lorsqu'on connait le résultat des précédentes tentatives (Stalinisme, Nazisme, Castrisme, Khmers rouges, Califat), on peut, bien sûr, apprécier le côté indolore (à coups de publicité, de propagande, de diabolisation et de déconstruction) de ce nouvel essai. Mais doit-on toujours se mettre la tête dans le sable comme l'autruche ou trouver, comme la grenouille baignant dans une casserole sur le feu, que la température du bain est idéale?
Et terminons-en avec les contempteurs à mantras … « INFECTE. MISOGYNE, RACISTE, ISLAMOPHOBE, SEXISTE, HOMOPHOBE etc. etc. » à l'aide d'une citation, une seule, que je dédis à ma grand-mère :
« Cette femme avait eu une enfance atroce, avec les travaux de la ferme dès l'âge de sept ans, au milieu de semi-brutes alcooliques. Son adolescence avait été trop brève pour qu'elle en garde un réel souvenir. Après la mort de son mari elle avait travaillé en usine tout en élevant ses quatre enfants; en plein hiver, elle avait été chercher de l'eau dans la cour pour la toilette de la famille. A plus de soixante ans, depuis peu en retraite, elle avait accepté de s'occuper à nouveau d'un enfant jeune, le fils de son fils. Lui non plus n'avait manqué de rien - ni de vêtements propres, ni de bons repas le dimanche midi, ni d'amour. Un examen un tant soit peu exhaustif de l'humanité doit nécessairement prendre en compte ce type de phénomènes. de tels êtres humains, historiquement, ont existé. Des êtres humains qui travaillaient toute leur vie, et qui travaillaient dur, uniquement par dévouement et par amour; qui donnaient littéralement leur vie aux autres dans un esprit de dévouement et d'amour; qui n'avaient cependant nullement l'impression de se sacrifier; qui n'envisageaient en réalité d'autre manière de vivre que de donner leur vie aux autres dans un esprit de dévouement et d'amour. En pratique, ces êtres humains étaient généralement des femmes. »
Est-ce vraiment trop difficile de comprendre que ce que l'auteur regrette le plus de la civilisation qui disparaît c'est l'Amour ? J'admets que ce livre soit dérangeant et effrayant pour beaucoup. Ce n'est pas pour rien que nous sommes de grands consommateurs de tranquillisants, de drogues plus ou moins dures (combien de consommateurs se soucient des ravages que provoque ce trafic dans les pays de production ?) et d'arrêts maladie de convenance. Comment expliquer autrement le succès de politiciens surgis de nulle part promettant le beurre « et en même temps » l'argent du beurre ? Cette nouvelle civilisation a besoin de consommateurs, or un consommateur inquiet ne consomme pas, il épargne pour les temps difficiles. Alors le système médiatique fournit les lunettes roses et le consommateur ne veut pas qu'on lui parle de choses qui dérangent. La poussière, sous le tapis !
Nous sommes, la plupart du temps bien malgré nous, « En Marche ». Personne ne se demande vraiment dans quelle direction. Houellebecq nous l'indique, ce n'est pas rassurant mais seuls des hommes inquiets pourraient avoir l'audace de faire machine arrière.
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Une petite bouffée d'optimisme version Houellebecq pour commencer ?
"Dans les cimetières du monde entier, les humains récemment décédés continuèrent à pourrir dans leurs tombes, à se transformer peu à peu en squelette." Page 244 édition Folio.
Le ton est donné. Bonne lecture à vous.

Mais, hauts les coeurs, il faut rebondir comme on dit de nos jours. Regonfler les troupes et tenter avec notre sémillant auteur frigorifié d'identifier quels remèdes peuvent être prescrits contre l'angoisse de la mort. Puisqu'il s'agit encore et toujours de cela. On n'en connaissait traditionnellement que deux : la religion et la philosophie. Michel Houellebecq nous en fera-t-il découvrir d'autres ?

La première a prévu tous les scénarios pour expliquer à la créature intelligente d'où elle vient et où elle va. Lui garantissant en prime l'éternité. le problème c'est que sa version de l'éternité passe par le trépas. Mais son service communication est très efficace. La conviction c'est son rayon, la félicité est à la clé. Malgré cela on imagine bien qu'il puisse subsister quelques sceptiques. Les indécrottables athées et autres agnostiques pour qui la religion n'est d'aucun secours puisque force est de constater que les preuves font défaut. Même s'ils reconnaissent avec Houellebecq que le monde ne saurait être sans religion. Il n'en reste pas moins qu'il y a de la concurrence sur le créneau et qu'en pareille circonstance la démarche commerciale pour appâter le chaland aura pu se faire à grands coups de bûcher, lapidation et autre autodafé. Celles qui prônent l'amour de son prochain, les trois grandes monothéistes se revendiquant du Livre, ont des pratiques concurrentielles agressives et ne sont en effet pas tendres avec les brebis égarées. En observateur éclairé, Michel Houellebecq serait plus porté vers une ferveur alternative réputée plus douce : le bouddhisme. Elle est peut être de nature à apaiser le pénitent mais à toutefois des chances de rebuter le jouisseur des temps modernes pour qui le bol de riz gluant est un tantinet frugal.

La philosophie, dont Montaigne nous ressasse qu'elle est recette pour apprendre à mourir, serait donc aussi un remède, non contre la mort, mais contre l'angoisse qui va avec. Là aussi, depuis que l'écriture a laissé des traces de leurs travaux, on constate que les précepteurs en la matière sont légion. Mais force est de convenir que les chemins de l'apprentissage sont obscurs et tortueux et on va bien l'avouer peu accessibles à la multitude ignorante. Toutes les théories en "isme" cheminant parfois aux confins du mystique, en se gardant bien de franchir la ligne, concoctées et relayées par ce qu'il convient bien d'appeler des penseurs à nous convaincre de l'absurdité de la vie, condescendent fort peu à la vulgarisation et ont de fortes chances de laisser sur le bord du chemin beaucoup d'âmes en peine avec leur lot d'angoisse sur les bras.

Quelle échappatoire alors à ces remèdes qui ont, il faut en convenir un fort taux d'échecs ? Houellebecq nous en propose deux autres : le sexe et la science.
Sexothérapie donc pour le premier. Discipline qui pour le coup ne traiterait pas des maladies sexuelles, mais soulagerait de l'angoisse de la mort par le sexe. Cette thérapie présente toutefois l'inconvénient de nécessiter d'une part l'intervention d'un ou plusieurs partenaires consentants de préférence, identiquement angoissés ou non. Sauf à tomber dans le satanisme pervers dont Houellebecq nous offre de bonnes tranches dans son ouvrage. Thérapie qui a en sa défaveur le grand inconvénient de perdre en efficacité au moment où on en a le plus besoin puisque les capacités à se distraire de la mort par le sexe s'amenuisent au fur et à mesure qu'on s'en approche (de la mort, pas du sexe). C'est une hantise chez notre auteur à la prose sans allégorie. le grand travers de cette pratique étant que les praticiens les plus efficaces, les corps jeunes, se désintéressent des patients les plus à la demande, les corps sur le déclin. Au final, ça tourne à l'obsession chez ces derniers et a de grande chance de les conduire vers des établissements spécialisés pour calmer les fiévreux. C'est ce qui arrive à Bruno, l'un des deux protagonistes des Particules élémentaires. Il faut dire qu'il avait des circonstances atténuantes, à rechercher comme souvent dans une enfance quelque peu violentée.

Reste la science. Elle nous a jusqu'alors pas habitués à être le remède ultime. Mais avec un soupçon d'anticipation, nous arrivons en des temps où l'espoir pointe à l'horizon. Michel, le frère de Bruno, fonde beaucoup d'espoir dans cette voie. En particulier dans ce qu'elle serait à même d'identifier les causes du vieillissement et d'en venir à bout. Philosophie, religion, sexe, tout cela le laisse de marbre. A force de mettre les spirales d'ADN en algorithmes, il s'est auto auréolé du nimbe de clarté qui témoigne de la jonction des deux infinis. Il en arrive à imaginer une forme d'idéal dans lequel la sexualité serait déconnectée de la procréation. Pas de risque d'encombrement par une progéniture rebelle ou par trop dissipée. Et cerise sur le gâteau, excusez du peu, l'être nouveau serait doté de cellules de Krauze, - dont on nous dit qu'elles sont les récepteurs sensibles des organes sexuels tant masculins que féminins - sur l'ensemble de la surface de la peau. Autrement dit notre corps ne serait plus qu'orgasme au moindre effleurement, de la moindre poignée de main du matin par exemple. Elle ne serait pas belle la vie ?

Science sans jouissance n'est que ruine de l'homme. A moins que l'homme ait une âme, ce qui reste à prouver, et une relation avec le monde ce qui semble séparer Houellebecq de Pantagruel.
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