Lire un nouveau tome de la saga des Cazalet me fait toujours l'effet de renouer avec des membres de ma famille un peu éloignée, des cousins dont je suis toujours ravie d'avoir des nouvelles, et avec qui je sais que je vais bien m'entendre. Peu de risques donc d'avoir de mauvaises surprises en terrain connu.
Pourtant, « Nouveau départ », ne serait-ce que par son titre, semble indiquer qu'il va y avoir de l'inédit à l'horizon. Les trajectoires qui nous semblaient déjà tracées se révèleront-elles exactes à ce à quoi l'on s'attendait ? Cette question fait donc tout le sel de ce nouvel – et avant-dernier… – tome, où
Elizabeth Jane Howard donne une nouvelle fois la preuve de son talent à construire des personnages plus vrais que nature, et à rendre passionnants des vies dont le cours ressemble si fort à la nôtre.
La guerre vit ses derniers soubresauts au moment où le roman commence. le front s'est déplacé à l'autre bout du globe, et les Britanniques respirent un peu plus, même si le temps des privations n'a pas encore vraiment pris fin. La vie reprend son cours, et se déplace alors de Home Place vers Londres pour ce fameux nouveau départ, qui se fait plus fortement sentir pour certains que pour d'autres : Edward décide, après moult hésitations, à quitter Villy pour Diana, Hugh se morfond toujours dans son deuil de Sybil, Rupert, de retour après son long séjour en France, (re)fait connaissance avec Zoë, qui a profondément changé avec les épreuves traversées pendant la guerre, Rachel s'installe avec ses parents près de chez Sid (pourront-elles enfin vivre leur amour ?). Parmi les enfants, Louise se débat dans la déprime et la fin de son mariage, Polly se remet de son échec sentimental pendant que Clary connaît ses premières épreuves amoureuses, toujours épaulée par un Archie qui semble vouloir arrêter de s'occuper de toute la famille pour vivre sa vie (ce personnage a enfin fini par avoir ses pages à lui !). Voilà pour les personnages principaux, et sans entrer dans les détails concernant les personnages secondaires pour ne pas tomber dans le catalogue ni dans le divulgâchage, j'ai pu admirer une nouvelle fois la capacité d'
Elizabeth Jane Howard à évoquer avec talent ses personnages secondaires sans les reléguer en arrière fond, même si pour certains, vers la fin du roman, elle m'a donné l'impression d'être un peu plus lapidaire et de leur régler leur compte (venant à me demander si elle n'avait pas eu d'abord l'intention, avec ce quatrième tome, de sceller l'aventure Cazalet pour de bon). Certaines situations et ficelles un peu grosses, qu'on voit venir de loin, m'ont d'ailleurs un peu gâché le plaisir de lecture.
Ainsi, à ma grande surprise, et regret, « Nouveau départ » n'a pas été totalement la lecture-plaisir à laquelle je m'attendais. En raison de la présence de quelques longueurs, de quelques thématiques déjà largement rebattues (les difficultés de la vie conjugale, l'autrice continuant à avoir une vision assez sombre de l'amour et du mariage à mon sens, celle aussi de savoir comment orienter sa vie et son avenir), mais peut-être, plus globalement, parce que la direction dans laquelle
Elizabeth Jane Howard place ses Cazalet ne m'a pas paru très claire, dominée qu'elle est par un certain désenchantement un peu poisseux. Rendez-vous donc au prochain tome !