Les jours passèrent, menaçant de former des semaines, et Jimmy eut un aperçu de la rapidité avec laquelle les semaines pouvaient devenir des mois.
Oh, ne vous en faites pas pour ça, on sera très prudents, finit par répondre cette Juliette. On ne voudrait surtout pas que vous nous entendiez arriver.
p.500.
Agrippé au bord du lavabo, il adressa une grimace à son reflet, à cet homme aux cheveux en bataille et à la barbe naissante. Il avait l’air à moitié fou, et pourtant les gens lui faisaient confiance. Face à son sourire jaunissant, il repensa à la longue succession d’hommes dérangés restés au pouvoir simplement parce que personne ne les défiait.
p.378.
Donald songea que chaque silo avait un maire pour serrer des mains et sauver les apparences, tout comme le monde d’avant avait des présidents qui se succédaient. Pendant ce temps, c’étaient les hommes de l’ombre qui exerçaient le véritable pouvoir, qui jouissaient de mandats illimités. Le fait que le silo obéisse à la même supercherie n’était pas surprenant ; c’était le seul moyen de gouverner que connaissaient ces hommes.
p.292.
– La peur, dit-il La peur de mourir suffit à peine à contrer cette manie qui nous anime. Si on ne leur montrait pas ce qu’il y a dehors, ils sortiraient eux-mêmes pour voir. C’est ce que nous avons toujours fait, en tant que race.
Donald réfléchit un instant. Il songea à sa propre envie de fuir ces parois de béton, même si c’était la mort qui l’attendait dehors. La lente agonie à l’intérieur était pire.
p.285.
Donald acquiesça, comprenant que seuls ceux qui faisaient les lois étaient habilités à les outrepasser.
p.257.
– Quand on ne peut s’en prendre qu’à Dieu, on lui pardonne. Mais quand ce sont nos congénères, on les tue.
p.255.
- Je sais que vous cherchez des réponses. Nous en cherchons tous. Le monde est cruel. Il l’a toujours été. J’ai passé toute ma vie à trouver des moyens de le rendre meilleur, de le réparer, à rêver d’un idéal. Mais pour chaque optimiste dans mon genre, il y a dix acharnés prêts à tout détruire. Et il suffit qu’un seul d’entre eux ait de la chance…
p.232.
- Fut un temps où j’étais belle, tu sais, dit-elle en croisant les mains sur ses genoux. Mais une fois qu’on perd la beauté, qu’elle nous quitte pour de bon, plus personne ne la reverra.
Mission aurait voulu la consoler, lui dire qu’elle était encore belle de bien des manières. Elle pouvait jouer de la musique. Peindre. Peu se rappelaient les techniques. Elle pouvait donner aux enfants le sentiment d’être aimés, un sentiment de sécurité, encore un peu de magie que presque plus personnes ne possédait.
p.231.
– Prédis l’inévitable, dit-elle, et tu es forcé d’avoir raison un jour.