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Citations sur Trains étroitement surveillés (8)

- Alors c'est vrai, vous n'avez encore jamais couché avec une femme, dit-elle, et elle sourit et elle avait des fossettes comme en avait Macha, et ses yeux étaient tout attendris, comme si elle s'étonnait de sa chance ou comme si elle avait découvert une chose rare, et elle me plongea ses doigts dans les cheveux, comme si j'avais été un piano, puis elle regarda la porte fermée qui dormait sur le bureau de la gare et elle se pencha sur la table et tira la mèche, je l'entendis distinctement souffler la lampe et je sentis ses mains sur moi et elle m'entraîna sur le canapé du chef de gare et se renversa en arrière et m'attira contre elle, puis elle fut douce avec moi, comme quand j'étais petit et que maman m'habillait ou me déshabillait, elle me permit de l'aider à relever sa jupe, puis je sentis qu'elle levait et ouvrait les jambes, elle posa ses chaussures tyroliennes sur le canapé du chef de gare, et tout à coup je suis collé contre Viktoria, comme j'étais collé à la photo de Macha sur ma photo de garçonnet en costume marin, et je me sentis submergé par une lumière de plus en plus violente, je prenais sans cesse de la hauteur, toute la terre tremblait, ce n'était que roulement de tonnerre et grondement, c'était un bruit qui n'émanait ni de moi ni du corps de Viktoria, mais de l'extérieur, tout le bâtiment semblait frémir jusque dans ses fondations, les vitres tremblaient, jusqu'au téléphone dont le timbre se mettait à retentir en l'honneur de mon entrée victorieuse et solennelle dans la vie, les télégraphes égrenaient d'eux-mêmes leurs signaux Morse, comme il arrivait parfois dans les bureaux de gare pendant les orages, je croyais entendre les pigeons du chef de gare roucouler à l'unisson, l'horizon se soulevait et flamber de toutes les couleurs des flammes, puis à nouveau le bâtiment de la gare trembla, bougea légèrement dans ses fondations. Puis, je sentis le corps de Viktoria se tendre et s'arquer comme une voûte, j'entendis ses chaussures ferrées se planter dans le canapé de toile cirée, j'entendis la toile se déchirer, continuer de se déchirer, et je ne sais d'où, des ongles des mains et des pieds un spasme radieux affluait dans mon cerveau, tout à coup tout fut blanc, puis gris, puis brun, comme s'il était tombé de l'eau brûlante puis aussitôt de l'eau glacée et je sentis une douleur agréable dans le dos comme si l'on m'avait frappé avec une truelle de maçon.
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Hubicka était de nuit avec Zdena, et il l’a culbutée, lui a soulevé ses jupes et lui a oblitéré les fesses avec le tampon de la gare, il n’a même pas oublié le dateur. Et le lendemain matin notre petite télégraphiste est rentrée chez elle et sa maman a vu les cachets et a rappliqué en courant, elle voulait porter plainte à la Gestapo. Quelle horreur ! Et Zdena a été convoquée à la Direction où le directeur des chemins de fer d’Etat en personne a examiné les cachets. Quel scandale !
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Les Allemands sont tout de même des fous, me disais-je. Des fous dangereux. J'étais un peu fou moi aussi, mais à mes dépens, tandis que les Allemands c'était toujours aux dépens des autres.
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…, ma famille était la bête noire de la ville. Mon grand-père, pour ne pas être en reste avec l’arrière-grand-père Lucas, était hypnotiseur ; il travaillait dans des cirques de campagne et toute la ville voyait dans cette manie d’hypnotiser les gens la preuve qu’il faisait de son mieux pour ne rien faire. Mais en mars, quand les Allemands franchirent si brutalement la frontière pour occuper tout le pays et marchèrent sur Prague, seul mon grand-père s’avança à leur rencontre, seul mon grand-père alla au-devant des Allemands pour leur barrer la route en les hypnotisant, pour arrêter les tanks en marche avec la force de la pensée.
(p.14)
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Plus grands sont l'immortalité et l'esprit de jouissance, plus il y a des cercueils et moins il y a de berceaux.

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-- Je m'appelle Milos Hrma, dis-je en bégayant. Vous savez, je me suis ouvert les veines parce que je souffre d'éjaculation prématurée. Mais ce n'est pas vrai. Bien sûr, je me suis flétri comme un lis, au moment décisif, avec mon amie, mais je suis tout de même un homme.
-- Vous n'avez encore jamais couché avec une femme ? s'étonna Viktoria Freie.
--Non, j'ai seulement essayé. C'est pourquoi je vous demande conseil...
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Moi aussi je m'étais posté sur le quai et je regardais le ciel nocturne et j'y voyais mon film, j'avais étendu Macha sur tout l'espace du ciel comme M. Hubicka avait étendu Zdenicka sur la table du télégraphe, et je la dévêtais petit à petit de son linge, elle fut bientôt couchée nue sur la surface du ciel, et moi je ne savais plus comment continuer. Ou plutôt je savais mais c'était une expérience que je ne possédais pas encore, parce que je n'avais encore jamais été dans une femme, sauf le temps que j'avais passé dans le ventre de maman, mais cela je ne pouvais pas m'en souvenir...
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La machine frémissait, à perte de vue scintillait l’étendue de la neige qui fondait, faisait toujours entendre le tic-tac de ses minuscules cristaux colorés. Trois chevaux morts que les Allemands avaient jetés d’un wagon pendant la nuit gisaient dans le fossé. Ils avaient seulement ouvert la portière et jeté les cadavres. Et maintenant, les chevaux gisaient dans le fossé, le long de la voie, les membres tendus vers le ciel comme des colonnes soutenant l’invisible portail du ciel : l’ingénieur Honzik me regardait et ses yeux étaient pleins de tristesse et de rancune, parce que ce train sous surveillance spéciale avait pris du retard dans son secteur.
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