SOIR DE LUNE
Un soir de lune dans les paumes
Forêts le feu aux flancs sève sourde
Forêts aux feuilles caressées
Les cheveux en désordre
Enfants emmenez-moi jusqu’au matin des sources
À la commissure de l’ombre
C’est vrai là-bas
Quelqu’un ruisselle
Comme une écriture dérisoire
Un entêtement de la vie
À poursuivre les rites
C’est vrai là-bas
Quelqu’un chante
Dans une hémorragie d’étoiles
Langage
Quelles clés forceront le sexe du réel ? un cœur frappe
sans fin sous les roches et les marécages, noyau de nuit
palpitante, sceau de ténèbres soulevées sous les gisements
granitiques.
Langage, main coupée auscultant le silence. Ainsi l’oiseau
se cloue à la flèche des blés, les meules fondent dans la bou-
che. Un cri tourne au cou des portes battantes.
Langage, eau puisée quand l’été se suicide. Le poème est
ceci qui bat, ceci qui brûle et paraphe pour nous l’avenir :
blancheur souterraine où s’imprime la matrice de l’univers.
LE POÈME
Le poème, éclaté comme un obus qui rêve. Broussaille
des étés des râles des blasphèmes ; chimie de l’orgue et
du vent ; mouvement perpétuel dont je suis l’axe.
Le reste me regarde, le reste me construit dans l’esprit
adultère et l’inutilité des vieux rites barbares. J’ai pris les
mots pour amulettes. Je prêche, et j’ai choisi de ne plus
rien savoir.
Viens. Occupe mes territoires déserts. Plus de races,
plus de saisons. Tu neiges lentement ma nouvelle durée.
Tu me recrées à mon image.