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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dieu !
Combien de crimes commis en ton nom ? Combien de crimes encore à venir ?
Mais ce n'est pas TOI, si tant est que tu sois là,
Ce sont les Hommes, d'ici et de là-bas, qui parlent pour toi.

La Vendée, le Diable et son comté
Des grenouilles de bénitier
Un gentil boulanger bouffeur de curés
Henri le rouge : SUICIDÉ

L'Algérie, colonie devenu beau Pays
Des fous d'Allah et leur coutelas
Une fière boulangère émancipée
Yasmine, petite fille de Joséphine : ASSASSINÉE

Henri et Joséphine unis pour l'éternité par la folie des Hommes : vertus surannées, menaces "voilées", peur du curé, passion du pouvoir et soif de l'or.
Il fallait bien qu'un jour ces amants maudits, séparés de force par la Méditerranée, se retrouvent au grand jour et ce, par la voix du fruit, du fruit, du fruit de leurs entrailles : Nadia l'algérienne, Nadia la frondeuse, Nadia la bouillante, obligée de fuir l'Algérie pour rejoindre la Vendée, un doigt de pied en terre sainte mais le soleil du pays dans les veines et dans le coeur.
Sa présence dans le bocage délie les langues et les souvenirs, Nadia sent monter la tension et s'interroge sur sa filiation et sur son héritage. "L'Histoire dure plus longtemps que les hommes" nous dit Hubert Huertas et c'est Nadia qui, près de cent ans plus tard, aidée de son cousin vendéen - les voies du seigneur sont impénétrables - va devoir démêler l'écheveau de cette intrigue diabolique et ainsi tenter de remettre à l'heure les pendules du destin. le maire, le comte et le notaires veulent la jouer à l'envers, Nadia la boulangère ne se laisse pas démonter. Les visages de bonne grâce affichés cachent plus de noirceur que le Diable personnifié.

Hubert Huertas dénonce : quand les fous de Dieu - de quelque bord soient-ils - se déchaînent, il faut toujours craindre le pire.
Hubert Huertas nous met en garde : cette "histoire n'est pas nouvelle et pas ancienne, mais les deux à la fois. Elle est éternelle. Elle est insatiable. Elle est gloutonne. Méfiez-vous d'elle : elle recommence quand on la croit finie." car aujourd'hui encore "(...) d'Alger à Paris, j'entends les mêmes folies, les mêmes passions, les mêmes vociférations. Là-bas les barbus qui n'ont pas pris le pouvoir par les armes mais n'ont renoncé à rien et veulent l'imposer par la charia. Ici, des débats sans fin sur la laïcité, qui se retourne comme un gant".
Hubert Huertas est drôle : Son texte regorge d'une ironie grinçante et perçante qui cible les travers et les turpitudes des Hommes qui, sans craintes de l'écoulement du temps qui les pousse inéluctablement vers la fin des temps, sont indécrottablement "quand on est con, on est con" pour citer Brassens qu'il affectionne visiblement.
Hubert Huertas est un boulangécrivain : Il pétrit les mots sans ménagement, fait gonfler les phrases patiemment et nous livre un roman cuit à point, croustillant sur le dessus, mais tout en moelleux et en douceur en dedans. C'est que l'auteur connaît son sujet, son coeur partagé entre la France et l'Algérie où il a passé son enfance, on le sent navré et déchiré, et son amour pour l'Algérie transpire par tous les pores de sa pâte à pain.

Je remercie chaleureusement les Éditions de l'Archipel en la personne de Mylène P. car en seulement 234 pages (comme quoi il est inutile de délayer la pâte), l'écriture franche, les opinions tranchées et l'humour omniprésent d'Hubert Huertas ont su me séduire et m'ont donné envie de tout lire de lui.

En doutiez-vous mécréants ? C'est un coup de coeur assurément ! Bonté divine !

P.S. : Un petit bonjour à La Manif Pour Tous 😈
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Ah l'histoire, elle est là, elle revient, elle est éternelle… A chaque époque tout se répète à celui ou ceux qui oublient. Les religions, les conventions, les secrets, les non-dits ont toujours existé. Les plus forts ont toujours voulu faire plier les plus faibles.
Mais lorsqu'un homme, un seul se lève contre l'injustice et c'est l'hallali.
Que ce soit en Vendée ou même en Bretagne par chez moi, ces querelles de clochers on les a connus. La calotte et les bouffeurs de curés, l'éternelle bagarre. Je me souviens des deux écoles, des bagarres de gamins et ensuite des parents qui n'en démordaient pas de leurs préjugés. Les regards en coin. La méfiance..
Ici en Vendée en 1906, c'est le boulanger qui en fait les frais pour s'être insurgé contre une injustice, une lâcheté comme il dit. Et pour cela il va tout perdre : sa vie et sa femme qui sera exilée.
90 ans plus tard, c'est son arrière petite fille qui subit les affres du sectarisme des barbus en Algérie, sa mère boulangère elle aussi est égorgée au nom d'un barbarisme qui veut asservir les hommes et surtout les femmes.
Ce livre est un livre qui prend au tripes, Hubert Huertas à travers l'histoire d'une famille : Les Brissaud, dénonce l'éternel recommencement du sectarisme des religions qui sont si mal servies par ceux qui ne devraient amener qu'amour. C'est la haine qu'ils véhiculent et s'en est bien triste.
Nadia, arrière petite fille de boulanger, boulangère elle-même va remettre les pendules à l'heure et apporter vengeance à la mémoire de sa famille et réunir toutes les branches dispersées..
Hubert Huertas a une écriture percutante, vive. On s'enflamme à lire cette histoire qui pourtant est bien courante dans notre passé et notre présent.
Je n'ai pas lâché le fil jusqu'à en connaître la fin. On vibre à travers la colère de Nadia quand elle apprend à connaître son passé, le passé de sa famille comme si tout se rejoignait.
Un bon moment de lecture.
Merci à Mylène des éditions l'Archipel pour cette belle découverte.


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Ce roman est un plaidoyer contre les fanatismes religieux.
La narratrice, Nadia, fuit l'Algérie et sa guerre civile dans les années 1998 après l'assassinat de sa mère par des fanatiques religieux. Elle arrive en France, plus précisément dans un village vendéen, où elle retrouve un cousin, Jacques. En 1906, son arrière grand mère avait fait le voyage inverse, fuyant la France pour l'Algérie, après le suicide de son compagnon, le boulanger Henri Brissaud, ancêtre commun à Nadia et Jacques. Ces deux morts, à plus de 90 ans d'écart, dans deux pays distincts aux religions différentes sont reliées par le souffle des extrémismes religieux. L'arrivée de Nadia dans ce village va exhumer un passé que certains auraient voulu laissé enfoui.
Dans ce roman, nous naviguons entre 2 époques essentiellement, les années 1998/1999 que Nadia passera en France et les années 1905/1906 avec le récit du cousin Jacques qui nous dévoile l'histoire de leur aïeul commun le boulanger Henri. Ce récit témoigne notamment de la difficulté de la mise en oeuvre de la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l'Etat qui ne s'est pas faite sans heurt. Dans ce village vendéen, elle a provoqué une crise dans la population, de vives tensions entre villageois, de fortes rivalités entre "bouffeurs de curés" et "culs-bénits", une guerre larvée entre pro catholiques et pro laïques qui fera des victimes et durera des décennies.
Au delà des histoires de familles, c'est surtout l'histoire d'un village et de ses villageois qui nous renvoie des relents putrides et nauséabonds. Les puissants exercent des pressions et corrompent les plus fragiles, sans aucun état d'âme. Tous les moyens sont bons pour arriver à ses fins et cela se transmet et se perpétue d'une génération à l'autre.
Presque 100 ans d'écart, des religions différentes mais à quelque chose près les mêmes réflexes, les mêmes punitions, les mêmes bannissements, les mêmes sentences, les mêmes anathèmes et l'agitation des mêmes peurs. L'Histoire est un éternel recommencement.
J'ai beaucoup aimé ce récit essentiellement factuel mais pas dénué d'émotion sans être "donneur de leçons". L'écriture est agréable, soutenue. Les personnages sont bien décrits et attachants. Un roman où la petite histoire se mélange avec la grande Histoire. Merci aux éditions de l'Archipel pour cette belle découverte.
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Nadia s'enfuit d'Algérie, des fanatiques islamistes ont égorgée sa mère. Elle rejoint la France avec son cousin qui tient une boulangerie à Fleurdécieux. Elle est très bien accueillie dans le village. Mais lorsque les villageois apprennent qu'elle est l'arrière-petite-fille d'Henri Brissaud, le boulanger du village jusqu'en 1906, revient alors en mémoire aux habitants, les circonstances dans lesquelles celui-ci est mort et son étrange testament. Cette histoire vieille de 100 ans va remonter à la surface."L'histoire du Boulanger du Diable "

Hubert Huertas s'est inspiré de l'histoire vraie pour écrire son roman. Après le vote de la loi de la séparation des Églises et de l'État (1905),pour les catholiques, la Séparation est un drame : la fin d'une alliance de 1400 ans entre la France et l'Église (baptême de Clovis, 496) ; le retour à la déchristianisation révolutionnaire. Une tension va exacerber dans le village de Fleurdécieux suite à l'arrivée de soldats qui sont chargés de procéder à l'inventaire des biens de la paroisse.
Le curé n'a pas accepté que le boulanger à donné l'asile aux soldats. Avec le soutien d'un châtelain, ils vont ordonner à la population de ne plus acheter leur pain chez Henri Brissaud. Après avoir résister celui-ci finira par se pendre.

L'intrigue est prenante, pourquoi le boulanger laïque et républicain, a-t-il pu léguer ses biens à la paroisse plutôt qu'à son épouse?

L'écriture est agréable et fluide, c'est un très bon roman!
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Incroyable mais c'est un nouveau coup de coeur et à nouveau pour un roman noir! Il est très court mais il est loin de m'avoir laissée indifférente. Il m'a fait passer par un panel d'émotions allant de la colère à la tristesse et aux larmes. Parce que ce livre, c'est ça: ce sont des émotions transcendées par l'écriture.

Je ne suis pas une adepte du « je » dans un livre, la plupart du temps c'est mal utilisé et je me lasse vite et je n'apprécie pas mais ici, rien à dire, utilisation parfaite. Je vais me répéter souvent mais ce n'est pas que Nadia qui parle à travers ce « je », ce sont les émotions qu'elles portent. La prouesse de l'auteur, c'est de nous les faire vivre. La colère est celle qui prédomine que ce soit dans les événements de 1905/1906 en Vendée ou dans ceux de 1998/1999 en Algérie et en Vendée. Pour ceux qui n'aiment pas les virgules, laissez vous tout de même tenter car ce sont dans ces virgules et ces phrases longues qu'on ressent cette colère et l'urgence de la caractériser. C'est comme quelqu'un qui s'enflamme, qui fait de grands gestes et qui s'énerve. C'est ça ce roman. C'est de la colère face à l'injustice. C'est la dénonciation d'une réalité face aux religions. Attention, l'auteur n'y va pas par quatre chemins et les mots utilisés sont violent, témoins toujours de cette colère.

J'ai adoré ce roman d'Alger à Fleurdécieux. J'y ai retrouvé la Vendée et son bocage, sa fierté. Je regrette qu'on soit encore obligé de dénoncer tant de choses: la peur de l'étranger, du changement, le pouvoir des fanatismes religieux quel qu'ils soient, l'obscurantisme, les moutons, les escroqueries des riches au pouvoir… Tant de choses passés et toujours d'actualité.

C'est vraiment un roman très fort que j'ai eu du mal à lâcher, qui m'a fait une très forte impression de par sa teneur et son écriture, une écriture forte, imagée et vivante.
Lien : https://loeildesauron1900819..
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Dans ce roman, Hubert Huertas traite de différents sujets : secrets de famille, fanatisme religieux, loi du silence, traditions ancrées… Même si cent ans se sont passés entre les deux événements, on peut constater que certaines choses ne changent pas vraiment notamment concernant la religion ou les difficultés d'évolution dans certains lieux. Il aborde le fanatisme religieux sans faire de distinction entre l'islamisme ou le catholicisme, toute religion a ses excès. On alterne entre passé et présente, entre l'histoire du boulanger et l'histoire de Nadia. La jeune femme cherche à connaitre la vérité sur son histoire, son cousin Jacques lui raconte tout ce qu'il sait. Ces révélations sont assez longues, comme un secret bien gardé, une histoire qu'on chuchote au coin du feu quand les autres dorment. le rythme est lent, le suspense est présent, on attend à chaque instant que le cousin lâche des informations supplémentaires, que le clerc de notaire trouve des secrets cachés. On sent qu'il y a des manipulations dans la bonne société du village. Les habitants vivent avec le poids de leur silence, de ces histoires de famille. L'enquête que mène Nadia dérange, pousse les hautes sphères à vouloir l'exiler mais elle tient bon. Les personnages sont intéressants, décrits en détail en adéquation avec leur époque, on rencontre Clémenceau, Camus. J'ai particulièrement apprécié, en dehors de Nadia, le cousin Jacques, un homme intègre, bon. On sent sa réticence à remuer le passé mais il souhaite rétablir aussi la vérité, il se sent redevable également envers Nadia. Certains passages sont, cependant, un peu long, la lenteur des révélations peut agacer parfois même si on peut l'interpréter comme la façon de penser des Vendéens, tel que l'explique le cousin, on parle lentement. L'auteur écrit d'une plume fluide, utilise un vocabulaire élaboré, des références historiques intéressantes, une analyse sur le fanatisme intéressante et sans concession. On va de rebondissements en rebondissements jusqu'à la conclusion.

Un roman que je recommande vivement pour son écriture, pour l'histoire qu'il renferme : le combat d'un boulanger pour la séparation de l'Eglise et de l'Etat il y a 100 ans, le combat contre les fanatiques islamistes de sa descendance au début du XIXème siècle, un combat pour un secret de famille qui a détruit une famille.
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La Boulangère du Diable est un récit qui me tentait depuis de longs mois. Entre le titre qui attise la curiosité et cette couverture aux accents glaçants, il n'en fallait pas plus pour me convaincre.

le roman s'appuie sur deux axes : en 1906, un boulanger républicain est maudit par le curé du village pour avoir osé venir en aide aux soldats faisant l'inventaire des biens de l'Eglise. Abandonné de tous, il mourra des suites de cette invective. Un siècle plus tard, son arrière-petite fille trouve refuge dans ce petit village et peu à peu, elle se replongera dans l'histoire de cet aïeul dont le destin est intimement lié au sien.

Ce qui frappe à la découverte de ce roman, c'est la liberté de ton de l'auteur. Dès la première page, un langage fleuri éclot pour parler des fanatismes religieux dont Nadia est victime. La parole est vive, indignée et vous saisit à l'instant même où vous commencez à lire. le ton est donné. La narratrice, qui raconte son histoire à la première personne, n'excusera rien : ni les persécutions, ni les morts, les assassinats encore moins. Car c'est bien de cela qu'il est question : l'assassinat de sa mère, dans sa boulangerie, en Algérie, tuée pour sa liberté de moeurs, pour son refus de plier devant les hommes, comme son aïeul vendéen avait été tué, accablé sous le poids de la vindicte d'un prêtre et de l'immobilisme d'un village. Nous avons donc une saga familiale d'une certaine façon, mais une famille durement éprouvée par les fanatismes religieux de tous bords, par les dérives et les excès. le roman se charge donc d'une grande part historique. L'histoire de la Vendée est largement évoquée pour re-contextualiser l'histoire du boulanger, de ce « Grand-frère » qu'on a laissé mourir et de sa compagne qu'on a laissée partir, comme une pestiférée, enceinte et misérable. Pour autant, le roman n'est pas un plaidoyer contre la catholicisme ou l'islam. Nadia aime profondément l'Algérie, son pays, ses racines, la lumière des lieux, les gens, et la vie là-bas. Les habitants du village eux aussi ne sont pas caricaturaux, mais plus souvent qu'à leur tour, ils sont la marionnette des puissants qui usent de tous les stratagèmes pour assurer leur domination.

A côté de cela, des touches d'humour parsèment le texte, comme des fleurs sauvages semées pour égayer une lecture au thème grave… Un humour grinçant parfois, à l'image de ce village vendéen profondément arc-bouté sur des principes et des dynasties d'un autre temps. le nom du village par exemple sonne avec une ironie mordante « Fleurdécieux », le bien nommé village où l'intolérance des uns n'a d'égale que les magouilles des autres. Certains personnages permettent également de nourrir cet humour : Emile Jaber, en premier lieu, un vieil homme au langage suranné, et aux paroles délicieusement inconvenantes dans certaines occasions ; Nadia aussi est amusante parfois, Edmond, « Deux en un », fait sourire par ses attitudes gauches. Autant d'éléments qui touchent le lecteur, l'attendrissent, le font franchement sourire et applaudir au pied de nez fait par les opprimés aux puissants.

Un des points forts de ce roman est d'arriver à faire cristalliser l'atmosphère si particulière d'un petit village, un endroit où tout le monde se connaît, s'épie, où les générations passent sans que les luttes de pouvoir ne cessent, un village où la mémoire ne faiblit pas comme un fantôme prisonnier des pierres. Les rôles se sont pérennisés, comme figés. le maire est l'homme de paille du notable le plus aisé, notable qui de père et fils conserve la main mise sur le territoire et ne recule devant rien pour affermir son pouvoir. J'ai adoré détester la famille Mesnard de Curzon, j'ai aimé ce cousin Jacques, fier de son histoire, fier de ses convictions et hanté par le souvenir brumeux d'un héritage aux accents discutables. Entre les ruelles de Fleurdécieux, Nadia rouvre la boîte de Pandore et redonne vie au boulanger du Diable, à l'homme honni mais admiré et elle déclenche un véritable ouragan. Peu à peu, elle reconstitue le passé de cet homme, hautement émouvant, son incapacité à plier, ses espoirs, ses drames. Elle renoue avec un homme qu'elle croyait connaître grâce aux récits de sa propre famille, mais dont elle ignorait beaucoup. Une fois son enquête finie, par delà les siècles et les kilomètres, elle peut renouer les liens familiaux, réconcilier l'irréconciliable.

Enfin, un petit détail m'a beaucoup plu : le livre est truffé de références littéraires. Je dois reconnaître que cela m'a réjouie. Bien entendu, cela ne plaira pas à tout le monde, mais j'ai vraiment apprécié. de même, comme le fil conducteur de l'oeuvre reste des fanatismes, nous trouvons des allusions à des événements récents, comme Charlie Hebdo et les attentats. Cela permet de rassembler tous les fanatismes, et de donner une accent très universel à l'oeuvre, sous l'histoire individuelle de Nadia et de sa famille.

Ainsi, j'ai adoré ma lecture. le ton est vif, sans compromis, et, à la manière d'une cold case, La Boulangère du Diable offre une enquête pimentée. Si le fond est grave, la plume ménage le lecteur par l'humour. de page en page, Nadia revisite le passé tout en éclairant le présent, elle renoue ainsi les fils du temps et répare les accrocs tout en libérant les coeurs.
Lien : https://lesreveriesdisis.com..
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Titre :  LA BOULANGERE DU DIABLE

Auteur : Hubert HUERTAS

Editions : l'ARCHIPEL

Genre : roman - polar

Nombre de pages : 234

Date : 2019 (mai)

Prix : 19 €



Présentation physique du livre :

Un livre de moyen format comprenant un peu plus de 230 pages.

La couverture représente une boulangerie dans le brouillard.



Résumé : 

1906. Quelques semaines après le vote de la loi sur la laïcité, dans le haut bocage vendéen, un boulanger républicain est maudit par le cure de son village. Son crime ? Avoir hébergé dans sa grange, par un froid polaire, des soldats venus faire l'inventaire des biens de l'Église. Plus personne n'achètera son pain. Il en mourra et sa compagne s'enfuira en Algérie.
 
Cent ans plus tard, son arrière-petite-fille, elle-même victime de la fureur islamiste en Algérie, se re fugie dans le me me village dont elle devient la boulange re. Des rumeurs l'accompagnent aussito t, parce qu'elle est alge rienne et que le village, derrie re son maire, est tre s a cheval sur la lai cite . Mais elle n'est pas venue la par hasard. Depuis son enfance, sa grand-me re, qu'elle adorait, lui a parle d'une histoire qui a marque sa famille. Une famille vende enne chasse e de sa re gion natale au de but du sie cle, et dont l'arrière-grand-mère s'est refugiée « aux colonies ».
 
Jour après jour, avec l'aide d'un jeune clerc de notaire, la jeune femme replonge dans l'histoire tragique de son ai eul, que l'extre misme catholique a conduit au suicide. Son objectif : lui rendre justice...
 
A partir d'une histoire vraie, Hubert Huertas offre, avec ce suspense ancre dans nos terroirs, tout a la fois un hymne a la vie et un réquisitoire contre les fanatismes



Sur l'auteur et son univers 

Hubert Huertas, né à Tunis en 1950, ancien grand reporter pour France Inter et France Info, a dirigé le service politique de France Culture jusqu'en 2014. Il continue de collaborer à Mediapart. Il est l'auteur de cinq romans parus aux Presses de la Cité, de Nous jouerons quand même ensemble (2000) à Terminus Pondichéry (2006) et La petite fille qui venait d'Alger (2011), souvent inspirés de ses racines méditerranéennes.



Sur les éditions

Pourquoi l'Archipel ? À cette question, qui m'est souvent posée, j'apporte toujours la même réponse : une maison d'édition est un archipel de collections ; chaque collection, un archipel de livres. J'aurais pu me prévaloir de précédents connus, sans remonter à Archipel, recueil de nouvelles de Pierre Louÿs, ou à un excellent roman de Michel Rio, paru en 1987, qui porte ce titre. En créant cette maison d'édition en 1991, je souhaitais offrir, comme un créateur de mode propose sa collection d'hiver ou d'été, une collection, un archipel de livres, à chaque saison renouvelés, susceptibles d'offrir à tous les publics détente, émotion, évasion.

En quelque vingt ans d'activité – et plus de mille livres publiés – notre éclectisme a parfois pu surprendre.

« Comment, vous publiez tout à la fois des romans du terroir, des suspenses, des romans historiques, mais aussi des essais politiques ou de société, des enquêtes, des biographies, des ouvrages de psychologie, et même des livres illustrés ! Vous n'avez pas le tournis ? » Eh bien non ! le tournis, nous tentons de nous en préserver en maintenant le cap d'une politique éditoriale cohérente. Moitié fiction, moitié non-fiction, nos cent nouveautés annuelles abordent certes des rives éloignées les unes des autres, mais ont un point commun : elles ont toutes pour mission de donner envie. Envie de connaître, envie de se cultiver, de se détendre ou de se passionner… Il est vrai que nos thrillers – « porter sur les nerfs », en anglais – sont choisis de façon à faire trembler… de peur ou de plaisir !

Depuis deux décennies, le « grand » public, qui n'est pas « un » mais multiple, a découvert un archipel où faire escale. Une nouvelle raison de délaisser, l'espace d'un livre, le petit écran dévoreur de temps, pour tourner la (ou les) page(s) et palper le velours 80 grammes porteur de promesses…





AVIS

Un grand merci aux éditions l'Archipel pour l'envoi de ce roman..

Début du livre

L'histoire dure depuis plus longtemps que les hommes.



Cette simple phrase, la première du livre résume toute l'histoire.

Je précise que ce récit est tirée de faits réels.

Au début des années 1900, un boulanger est retrouvé pendu. Sa femme Joséphine, alors enceinte de leur enfant, se retrouve exhérédée et décide de quitter le petit village de Vendée où ils tenaient une boulangerie.

Presque cent ans plus tard, à des milliers de kilomètres de là, de l'autre côté de la méditerrannée, Nadia découvre sa mère assassinée dans sa boulangerie.

A partir de ce moment là, son destin va changer à jamais et sa vie ne sera plus la même.

Alors que tous ses proches lui disent qu'elle est en danger en restant à Alger, elle décide de partir en France en Vendée, retrouver son cousin éloigné : Cousin Jacques.

Elle arrive alors au village où elle est très bien accueillie par tous. Mais la demande de son cousin Jacques lui paraît étrange. elle ne doit en aucune façon révéler qu'elle est sa cousine et que son aïeul est le boulanger qui s'est suicidé il y a de cela presque cent ans.

Elle reste plus d'un an. Et ce temps elle le met à profit pour découvrir la vérité sur la raison qui a fait que Joséphine, la femme de Henri le boulanger est repartie à Alger. Pour quelles raisons son mari l'a privée de tout. Quels sont les causes de son suicide.

Rien ne semble très clair.



Heureusement que Cousin Jacques va lui dévoiler ce qu'il sait, et qu'Edmond, jeune clerc de notaire au passé également très troublant, va l'assister dans ses recherches. 

Ils vont mettre au jour une énorme machination qui dure depuis plus de cent ans.



Sur fond d'extrémisme religieux, de peurs, de trahisons, de secrets, de mensonges et de non-dits, la vérité éclatera en faisant de nombreux dégâts.

Beaucoup de rappels historiques , de passages consacrés à Clémenceau et d'autres. L'auteur va livrer par la voix notamment de Cousin Jacques,  

- une histoire passionnante entre l'Algérie et la France

- une histoire entre les hommes et leurs aïeuls

- et surtout la lutte de l'Eglise pour préserver son indépendance au détriment de vies humaines, dans le cas présent.



Je verrais bien ce livre être adapté en film .

Nadia, cette jeune femme des années 2000 qui met tout en oeuvre et a à coeur de découvrir toute son histoire ; même si cette dernière au départ lui fait peur.

J'imagine bien cousin Jacques délivrer petit à petit et par bribes l'histoire, telle qu'elle lui a été contée par son père et ainsi de suite.

Tout cela sur fon de farine et de four à pain.



Les personnages :

Nadia : jeune femme d'environ trente ans, qui découvre sa mère assassinée à cause de sa position et à cause de ses idées. Elle se retrouve plongée dans son histoire et doit faire face à deux de ses ascendants morts en raison de leurs positions.

Amoureuse de son pays de naissance, elle va trouver en la France son pays d'adoption.



Jacques : boulanger ayant repris le commerce de feu Henri. Il vit avec son épouse Elisabeth et comme dans tout village, essaie de ne pas de faire remarquer.

Il aimerait être élu maire, mais c'est sans compter ses opposants ou plutôt les villageois qui ont l'habitude de suivre le mouvement sans faire de vagues. Avec sa femme ils accueillent chaleureusement Nadia.



Hakim : compagnon de Nadia, resté au pays à l'attendre.

Il sera d'une patience à toute épreuve même lorsque cette dernière, une fois en France, ne lui donnera plus de nouvelles.

Il sera là à son retour et lui réservera une surprise grandiose.



Edmond : jeune clerc de notaire, orphelin et recueilli par le comte.

Ce dernier l'a fait embaucher chez le notaire et a prévu pour lui un mariage arrangé avec la fille de ce dernier.

Il gère la fortune de ses parents suite à un testament. Très troublant. Edmond assiste à d'étranges échanges et découvre des malversations.



Le point fort de l'histoire : il s'agit d'une histoire tirée de faits réels.



Le style de l'auteur

De nombreux passages sur l'histoire de la France et de l'Algérie montrent à quel point l'auteur s'est documenté pour construire son livre. Au delà, de cela, il arrive à faire durer le suspense jusqu'au bout et la phrase qui va faire basculer l'histoire est pour le moins originale :

"Le curé , ah ! ah ! le curé, il l'a dans le cul !

Qui aurait pu penser qu'une simple phrase aller faire plonger de nombreuses personnes influences de ce village.

Une petite pointe d'ironie avec notamment le surnom d'Edmond est également appréciable.



Le genre

Un roman historique tiré de faits réels.



La forme de l histoire

Le récit est divisé en plusieurs chapitres.

Le texte est aéré et l'écriture est fluide. Ce qui en fait une lecture agréable.



Conclusion :

Une récit passionnant qui nous plonge dans l'histoire d'une femme française exilée en Algérie, alors encore française.

Ses descendantes ne vont avoir de cesse de prôner la liberté de la femme et refuser de se soumettre à la volonté des hommes qui voudraient les voir à la maison.
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L'histoire liée d'Henry et de Nadia m'a permis de bien réaliser comme l'histoire avec un grand H est un perpétuel renouvellement et comme les hommes ne sont pas capables de tirer les leçons de leur bêtise et de leur cupidité. le fanatisme traverse les époques et les pays comme le montre ce roman entre la France et l'Algérie. L'auteur entretient le suspense mais si des le début, on imagine bien que les notables sont responsables des malheurs du boulanger. Un roman qui invite à la réflexion sur la religion et la politique. Un coup de coeur !
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