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Critique de BazaR


Mon premier Hugo, incroyable non ?

J'ai voulu commencer petit, en nombre de pages. La pièce de théâtre Hernani convient tout-à-fait pour cela. Et puis, cette pièce a une histoire. Elle a fait du bruit au temps de sa création. Une véritable guerre stylistique qui allait jusqu'au coup de poing. On a appelé ça la bataille d'Hernani.

L'action se passe en Espagne, en 1519. Une grande histoire d'amour et d'honneur romantique et tragique sur fond historique. le fond, c'est la lutte de Don Carlos, bientôt Charles Quint, pour accéder au titre d'Empereur du Saint Empire. Il va réussir bien entendu. Cette lutte n'est pas guerrière, elle est économique. Il s'agit de plus graisser la patte des Électeurs que ne le fait François Ier, autre candidat au titre. A l'acte IV, on a droit à une tirade de plusieurs pages de Don Carlos devant le tombeau de Charlemagne, premier empereur, à l'imitation de la visite de Jules César puis d'Auguste au tombeau d'Alexandre. Cette tirade était véritablement trop longue pour moi ; je préfère les dialogues rapides, qui piquent comme l'épée du spadassin. Heureusement ce genre de dialogue ne manquent pas dans Hernani.
J'ai été surpris de découvrir Don Carlos agissant comme un hidalgo excessif pénétrant chez les belles dames pour se les accaparer. Je n'imagine nullement Charles Quint fougueux et fiévreux. Mais je lis dans Wikipédia que son éducation a plus tenu de la chevalerie que de l'humanisme. Alors peut-être…

Mais le coeur de la pièce concerne la tragédie amoureuse de Hernani et Doña Sol. Leur amour est fusionnel mais contrarié surtout par l'honneur monté en épingle et le désir de vengeance. Hernani est un noble aragonais dont on ignore longtemps le véritable nom, dont la famille a été brisée par celle de Castille, les aïeux de Don Carlos. Hernani est un bandit, un révolté contre un pouvoir qu'il estime usurpé, un homme qui cherche vengeance, et un homme amoureux jusqu'à l'ongle du petit orteil. Hugo en fait un peu trop à mon goût, dans les atermoiements romantiques de son héros. Celui-ci ne cesse de s'inventer des raisons de ne pas être avec sa belle, insistant en particulier sur le danger qui l'accompagne et dont il ne veut pas qu'il menace aussi sa belle. Il refuse à Doña Sol le droit de choisir ce danger pour vivre avec lui, ce qu'elle veut par-dessus tout.
J'ai été très surpris de . Cela m'a rappelé Auguste dans Cinna de Corneille. Mais ce ressort qui aurait pu faire un bon happy end fait seulement nettoyer l'espace pour le dernier et terrible dernier acte. L'honneur lié à une parole donnée évapore le bonheur trouvé et laisse les poignards seuls juges.

L'humour n'est pas absent de cette pièce, les courtisans de Don Carlos en portent une bonne part, en particulier Don Ricardo qui est à l'affut de la moindre parole ou du moindre geste de son maître pour s'estimer promu. « Vous m'avez tutoyé, me voilà Grand d'Espagne ». J'ai adoré.

En résumé, une pièce qui m'a par moments beaucoup plu, et par moments ennuyé. Un bon pied à l'étrier pour découvrir l'auteur, en tout cas.
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