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Citations sur Toute la lyre (21)

Printemps

Voici donc les longs jours, lumière, amour, délire !
Voici le printemps ! mars, avril au doux sourire,
Mai fleuri, juin brûlant, tous les beaux mois amis !
Les peupliers, au bord des fleuves endormis,
Se courbent mollement comme de grandes palmes ;
L’oiseau palpite au fond des bois tièdes et calmes ;
Il semble que tout rit, et que les arbres verts
Sont joyeux d’être ensemble et se disent des vers.
Le jour naît couronné d’une aube fraîche et tendre ;
Le soir est plein d’amour ; la nuit, on croit entendre,
A travers l’ombre immense et sous le ciel béni,
Quelque chose d’heureux chanter dans l’infini.
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TOUTE LA VUE D'UN CŒUR

Un coup de vent passa, souffle leste et charmant
Qui fit tourbillonner les jupes follement.
Je la savais ailée, étoilée, azurée,
Je l'adorais ; mon âme allait dans l'empyrée
A sa suite. Oh ! l'amour, c'est tout ; le reste est vain.
Je ne supposais pas que cet être divin
Qui m'emportait rêveur si loin de la matière,
Eût des jambes ; soudain je vis sa jarretière,
Et cela me choqua. - Quoi ! me dis-je, elle aussi !
Je la contemple, ému, tremblant, brûlant, transi,
Et je vois de la chair où j'adorais une âme !
Soit. Le songe est fini. Ce n'est donc qu'une femme
Qui marche sur la terre, et se retrousse au vent !

Et je fus amoureux bien plus qu'auparavant.
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Bon conseil aux amants

L'amour fut de tout temps un bien rude Ananké.
Si l'on ne veut pas être à la porte flanqué,
Dès qu'on aime une belle, on s'observe, on se scrute ;
On met le naturel de côté ; bête brute,
On se fait ange ; on est le nain Micromégas ;
Surtout on ne fait point chez elle de dégâts ;
On se tait, on attend, jamais on ne s'ennuie,
On trouve bon le givre et la bise et la pluie,
On n'a ni faim, ni soif, on est de droit transi ;
Un coup de dent de trop vous perd. Oyez ceci :

Un brave ogre des bois, natif de Moscovie,
Etait fort amoureux d'une fée, et l'envie
Qu'il avait d'épouser cette dame s'accrut
Au point de rendre fou ce pauvre coeur tout brut :
L'ogre, un beau jour d'hiver, peigne sa peau velue,
Se présente au palais de la fée, et salue,
Et s'annonce à l'huissier comme prince Ogrousky.
La fée avait un fils, on ne sait pas de qui.
Elle était ce jour-là sortie, et quant au mioche,
Bel enfant blond nourri de crème et de brioche,
Don fait par quelque Ulysse à cette Calypso,
Il était sous la porte et jouait au cerceau.
On laissa l'ogre et lui tout seuls dans l'antichambre.
Comment passer le temps quand il neige en décembre.
Et quand on n'a personne avec qui dire un mot ?
L'ogre se mit alors à croquer le marmot.
C'est très simple. Pourtant c'est aller un peu vite,
Même lorsqu'on est ogre et qu'on est moscovite,
Que de gober ainsi les mioches du prochain.
Le bâillement d'un ogre est frère de la faim.
Quand la dame rentra, plus d'enfant. On s'informe.
La fée avise l'ogre avec sa bouche énorme.
As-tu vu, cria-t-elle, un bel enfant que j'ai ?
Le bon ogre naïf lui dit : Je l'ai mangé.

Or, c'était maladroit. Vous qui cherchez à plaire,
Jugez ce que devint l'ogre devant la mère
Furieuse qu'il eût soupé de son dauphin.
Que l'exemple vous serve ; aimez, mais soyez fin ;
Adorez votre belle, et soyez plein d'astuce ;
N'allez pas lui manger, comme cet ogre russe,
Son enfant, ou marcher sur la patte à son chien.
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ME VOICI ! C'EST MOI ! ROCHERS, PLAGES

Me voici ! c'est moi ! Rochers, plages,
Frais ruisseaux sous l'herbe échappés,
Brises qui tout bas aux feuillages
Dites des mots entrecoupés ;

Nids qu'emplit un tendre murmure,
Branche où l'oiseau vient se poser ;
Gouttes d'eau de la grotte obscure
Qui faites le bruit d'un baiser ;

Champ où l'on entend la romance
Du rossignol sombre et secret ;
Monts où le lac profond commence
L'hymne qu'achève la forêt !

Ouvrez-vous, prés où tout soupire ;
Ouvre-toi, bois sonore et doux ;
Celui dont l'âme est une lyre
Vient chanter dans l'ombre avec vous.
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Air de la princesse d'Orange

Viens, ô toi que j'adore,
Ton pas est plus joyeux
Que le vent des cieux ;
Viens, les yeux de l'aurore
Sont divins, mais tes yeux
Me regardent mieux.

Avril, c'est la jeunesse ;
Viens, sortons, la maison,
L'enclos, la prison,
Le foyer, la sagesse,
N'ont jamais eu raison
Contre la saison.

Pour peu que tu le veuilles,
Nous serons heureux ; vois,
L'aube est sur les toits,
Et l'eau court sous les feuilles,
Et l'on entend des voix
Du ciel dans les bois.

Toutes les douces choses,
L'hirondelle au retour
Dans la vieille tour,
Les chansons et les roses
Et la clarté du jour,
Sont faites d'amour.

Aimer, c'est la première
Des lois du Dieu clément.
Le bois est charmant ;
Et c'est de la lumière,
Et c'est du firmament
Qu'on fait en aimant.

Belle, à la mort tout change ;
Le ciel s'ouvre, embaumé,
Superbe, enflammé,
Et nous dit : viens ! sois ange !
Mais qui n'a pas aimé
Le trouve fermé.



Mai dans les bois recèle
Les amours innocents,
Les amours innocents,
L'homme en est l'étincelle,
Les amours innocents,
La femme en est l'encens.

Couchez-vous sur la mousse
Dans le beau mois de mai ;
Dans le beau mois de mai,
La chose la plus douce
Dans le beau mois de mai
C'est quand on est aimé.

Parcourez les charmilles,
Les sources, les buissons,
Les sources, les buissons ;
Autour des jeunes filles,
Les sources, les buissons
Chanteront des chansons.

Sitôt qu'une femme aime,
Au fond de son esprit,
Au fond de son esprit
Brille l'aube elle-même ;
Au fond de son esprit
Une rose fleurit.

Vous qui voulez des flammes,
Vous qui voulez des fleurs,
Vous qui voulez des fleurs,
Cherchez-en dans les âmes ;
Vous qui voulez des fleurs,
Cherchez-en dans les coeurs.
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La belle s'appelait mademoiselle Amable…



La belle s'appelait mademoiselle Amable.
Elle était combustible et j'étais inflammable.
Un treize, je la vis passer sur le Pont-Nuit ;
Les Grâces étaient trois, les Muses étaient neuf ;
Et c'est là ce qui fait sacré le nombre douze,
Et treize fatal. Donc, un treize, une andalouse
De Pantin, telles sont les rencontres qu'on a,
Amable, d'un regard charmant, m'assassina.
Duel, duo. Sous l'œil paternel des édiles,..
Il naît sur le Pont-Neuf beaucoup de ces idylles.

Je la qualifiai d'ange, un mois à peu près.
Bref, je me demandais un jour si je romprais,
Quand, par un doux soleil d'avril, entre deux pluies,
Je reçus ce billet de l'ange: « Tu m'ennuies.
Bonsoir. » -Ce qui me fit furieux. D'autant plus
Que c'est elle, parbleu, qui m'ennuyait le plus.
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Où donc est la clarté ? Cieux, où donc est la flamme ?
Où donc est la lumière éternelle de l'âme ?
Où donc est le regard joyeux qui voit toujours ?

Depuis qu'en proie aux deuils, aux luttes, aux amours,
Plaignant parfois l'heureux plus que le misérable,
Je traverse, pensif, la vie impénétrable,
J'ai sans cesse vu l'heure, en tournant pas à pas,
Teindre d'ébène et d'or les branches du compas.
Penché sur la nature, immense apocalypse,
Cherchant cette lueur qui jamais ne s'éclipse,
Chaque fois que mon œil s'ouvre après le sommeil,
Hélas ! j'ai toujours vu, riant, vainqueur, vermeil,
De derrière la cime et les pentes sans nombre
Et les blêmes versants de la montagne d'ombre,
Le bleu matin surgir, disant : Aimez ! vivez !
Et rouler devant lui de ses deux bras levés
L'obscurité, bloc triste aux épaisseurs funèbres ;
Et, le soir, j'ai toujours, sous le roc des ténèbres,
Tas monstrueux de brume où nul regard ne luit,
Vu retomber le jour, Sisyphe de la nuit.

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Braves gens, prenez garde aux choses que vous dites !
Tout peut sortir d'un mot qu'en passant vous perdîtes.
TOUT, la haine et le deuil ! Et ne m'objectez pas
Que vos amis sont sûrs et que vous parlez bas.
Ecoutez bien ceci :

Tête-à-tête, en pantoufle,
Portes closes, chez vous, sans un témoin qui souffle,
Vous dites à l'oreille du plus mystérieux
De vos amis de coeur ou si vous aimez mieux,
Vous murmurez tout seul, croyant presque vous taire,
Dans le fond d'une cave à trente pieds sous terre,
Un mot désagréable à quelque individu.

Ce MOT - que vous croyez que l'on n'a pas entendu,
Que vous disiez si bas dans un lieu sourd et sombre -
Court à peine lâché, part, bondit, sort de l'ombre;
Tenez, il est dehors ! Il connaît son chemin,
Il marche, il a deux pieds, un bâton à la main,
De bons souliers ferrés, un passeport en règle ;
Au besoin, il prendrait des ailes, comme l'aigle !
Il vous échappe, il fuit, rien ne l'arrêtera ;
Il suit le quai, franchit la place, et cætera
Passe l'eau sans bateau dans la saison des crues,
Et va, tout à travers un dédale de rues,
Droit chez le citoyen dont vous avez parlé.
Il sait le numéro, l'étage ; il a la clé,
Il monte l'escalier, ouvre la porte, passe, entre, arrive
Et railleur, regardant l'homme en face dit :
« Me voilà ! Je sors de la bouche d'un tel. »

Et c'est fait. Vous avez un ennemi mortel.
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J’aspire à m’enfouir sous les arbres…


J’aspire à m’enfouir sous les arbres. Je suis
Comme ces animaux sauvages que des hommes

Ont pris, saisis, traînés dans la ville où nous sommes,
Et qui, dans une cage enfermés tristement,
Voyant la face humaine avec étonnement,
Font tous les mouvements d’un serpent qui se sauve,
A travers les barreaux passent leur museau fauve,
Et sombres, effarés, pensifs, cherchent à voir
Quelque taillis épais, quelque buisson bien noir,
Un trou profond caché dans un fouillis champêtre,
Où tout a coup dans l’ombre ils puissent disparaître
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Qu'est-ce que cette année emporte sur son aile ?
Je ne suis pas moins tendre et tu n'es pas moins belle.
Nos deux cœurs en dix ans n'ont pas vieilli d'un jour.
Va, ne fais pas au temps de plainte et de reproche.
A mesure qu'il fuit, du ciel il nous rapproche,
Sans nous éloigner de l'amour.
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