Le passage à l'an 2000 a été comme un poulet auquel on aurait coupé la tête, quand son corps continue à courir alors qu'il est déjà mort. Le monde s'est arrêté mais a poursuivi sa course encore un peu, à fond les ballons, jusqu'à rentrer dans le mur.
Les micros de la Stratocaster, posée sur les genoux d'Igor, brillaient dans l'atmosphère feutrée de la salle à peine éclairée. Il les contemplait. C'est fou, l'amour qu'il vouait à cette guitare.
C'était décidé, il allait se retaper un peu et croire en cette nouvelle chance, et si ce n'était qu'un rêve, tant pis. Rêver, c'est toujours ça de pris. Il retourna le sous-bock de sa bière pour y noter son numéro. Igor Hagard n'attendrait plus jamais l'an 2000.