Quand Catherine m'a contactée il y a quelques semaines maintenant pour me proposer de m'envoyer son premier roman, j'ai accepté. Etant de la même génération, je sentais que ce livre me toucherait. Et puis la couverture est tellement jolie, si poétique.
A nous deux l'avenir était promis c'est comme un recueil de souvenirs, des années 1980 à aujourd'hui. Un recueil de chroniques dans lequel Elisabeth, la narratrice, se souvient de certains moments qui peuvent paraître sans importance mais qui ont fait d'elle la personne qu'elle est aujourd'hui.
"La différence entraînait le rejet, comme si elle supposait un indice de dangerosité."
A nous deux l'avenir était promis, c'est comme la tarte aux pommes de mémé, chaque bouchée vous replonge dans vos souvenirs.
Etant moi-même une enfant des années 1980, j'ai beaucoup souri durant la lecture des premiers chapitres. J'ai même fait des pauses pour mieux m'imprégner, mieux me rappeler. Les mots de Catherine ont fait resurgir des souvenirs. J'ai eu un fou rire un soir très tard, toute seule dans mon salon. L'épisode de la collection de pin's a fait jaillir en moi une anecdote familiale. Quel bonheur de se rappeler de ces moments !
En tournant les pages, je me suis aussi vue, jouant dans la cour de l'école maternelle, avec mon petit poney jaune et mes amis Stéphanie et Sylvain. Je me souviens qu'on mangeait des chewing-gums en tablette à la couleur violette douteuse. Au travers des phrases de Catherine, je me suis littéralement projetée dans mon enfance. En fait, je peux même dire que chaque anecdote a suscité en moi des flash-back de moments que je n'avais pas oubliés mais qui ne remontent que rarement à la surface.
"Inventer des aventures aux Petits Poneys qui vivaient avec des réactions empruntées à l'humain nous donnait, à mes camarades Jérémy, Amandine et moi, l'impression de contrôler quelque chose qui n'appartenait qu'à nous."
Plus on avance dans le roman et plus Elisabeth se rapproche de l'instant présent. L'insouciance de l'enfance s'éloigne pour laisser place aux moments plus difficiles du passage à l'âge adulte. Entre deux discussions sur MySpace et Messenger, Catherine nous parle de cette période où l'on expérimente, où l'on se cherche. Qui n'a jamais chatté sur Caramail ou refusé une discussion via webcam ?
Là encore, j'ai dû faire des pauses. Certains passages ont été assez difficiles pour moi, je me suis sentie tellement concernée. J'ai parfois eu l'impression que Catherine était ma jumelle, qu'elle s'était inspirée de ma vie, de mon histoire familiale pour écrire ce livre.
"C'était donc ça la nuit ? le mystère si envoûtant que j'avais tant fantasmé ? Ce n'était pas le noir qui faisait peur, c'était la solitude."
Alors, j'ai lu, j'ai fait des pauses, j'ai réfléchi, j'ai vu des sentiments que j'avais refoulés resurgir brusquement, parfois violemment. Mais surtout, j'ai compris beaucoup de choses. Se reconnaître comme ça dans les mots d'une autre, je ne m'y attendais pas. Et en même temps, cela m'a permis de voir les choses avec un regard nouveau. En refermant ce livre, je suis sereine, certains souvenirs que j'avais mis à la cave se sont éclairés, je peux refermer le carton et le ranger précieusement.
"Effectivement, j'avais repris le rock, et plus globalement, j'avais repris le cours de mon existence qu'il avait eu un jour entre les mains. Comme il l'avait prédit, je n'étais pas morte."
A nous deux l'avenir était promis est écrit d'une plume délicate et en même rock, comme de la poésie douce et sensible sur un air de musique dynamique. L'écriture de Catherine résonne en nous, elle nous booste et réveille nos émotions. Comme une mer à l'étale avant une tempête. Comme une cigarette qu'on écrase pour mieux rallumer, ou pas, la suivante.
Catherine m'a dit que le but de ce roman c'est dire que saisir une rencontre, un instant peut tout changer. Et je crois que son but est atteint. On referme son livre avec une autre vision de la vie, une vision optimiste.
A nous deux l'avenir était promis a été pour ma part une lecture du retour en arrière. Une lecture vivante aussi. Je me suis projetée, sans filet, dans les souvenirs d'Elisabeth, en les adaptant inconsciemment à ma propre expérience. Je pense que c'est un roman qui parlera à toutes les personnes nées dans les années 1980. Pour moi, j'ai été tellement secouée durant cette lecture, qu'elle en est un véritable coup de coeur.
Vive les crayons gris et les ringardes précoces !
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