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Critique de Alsacedoller


Ce roman a aussi amputé quelque peu le mien de sommeil, sachant qu'après l'avoir déposé sur la pile au bas du lit (la table de chevet ne suffit plus), cette histoire a continué à occuper mon esprit au point que j'ai pris quelques notes au courant de la nuit. Je ne sais pas vous, mais pour ma part, c'est souvent dans ces moments-là que me viennent des réflexions que je note en vrac et que j'ai parfois du mal à relire et à relier...
Dès les premières pages, en dépit d'une langue en apparence apaisée et portée par de très belles descriptions comme p.137 : « Il y avait des jours de brume, où le ciel lourd se déversait, incapable de s'arracher au sol », on perçoit en filigrane une sorte de tension qui semble venir d'une menace muette et qui génère chez Sören le narrateur, un fond d'inquiétude perpétuelle.
A la manière d'un peintre qui préfère l'art abstrait à la peinture figurative, l'auteur nous brosse le tableau d'une société d'un autre temps, dans un lieu, Igarka qu'il ne situe pas précisément.
Et ce n'est assurément pas sans raison que Guillaume HUON a choisi de faire évoluer ses personnages dans la période hivernale où les contours sont plus flous, comme dans des aquarelles et les bruits plus feutrés…
L'hiver est là synonyme d'isolement et d'enfermement au sens littéral puisque ces villageois vont vivre dans une forme de léthargie qui s'apparente à une hibernation tandis qu'une sorte d'Ordre religieux, les veilleurs, prendra en charge les enfants et les animaux domestiques au sein Du Temple. Veilleurs qui parviennent à se passer de dormir grâce à un breuvage « le rigichor » pendant que les autres s'enfoncent dans un sommeil profond qui dure toute la saison.
Cette ambiance étrange au sein Du Temple, régi par le Révérend Peter, expert dans l'art de la dissimulation et des machinations savamment orchestrées, m'a replongée dans l'atmosphère glauque de ce chef d'oeuvre d'Umberto ECO, « Le Nom de la Rose » adapté à l'écran et magistralement interprété par l'acteur britannique Sean CONNERY…
Par moment et probablement par la façon de se détacher de la notion de temporalité et de lieu, cet ouvrage n'est pas sans rappeler certains romans de Philippe CLAUDEL, en particulier son dernier « Crépuscule » qui a aussi retenu mon attention.
Au fil des pages, l'auteur nous en dit plus sur cette peur sourde qui tourne à l'obsession, en lien avec la parentalité ou plus précisément la paternité.
Même si l'atmosphère de ce premier roman est plutôt sombre, Guillaume HUON nous livre ses sentiments à l'idée d'être père, cela avec une grande délicatesse empreinte d'onirisme, en particulier dans les dernières pages du livre. Vous le refermerez un sourire attendri au coin des lèvres…
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