Que cela soit dû à l’argent, à la drogue ou à la violence, ces types se considéraient immortels, jusqu’au jour où quelqu’un frappait à leur porte, les interceptait dans la rue ou leur tendait une embuscade sur l’autoroute, marquant ainsi la brutale redescente sur terre de ces étoiles du crime.
Ça n’arrive qu’une fois dans la vie, rien qu’une fois, et si on ferme les yeux, si on laisse filer une telle occasion, il ne s’en présentera plus jamais d’autre.
Les contrats sont toujours clairs. Je fais un travail honnête pour un salaire honnête. Jamais je n’irais toucher à la drogue. Jamais. Ni la sienne ni celle de n’importe quel autre salopard. Elle n’attire que des ennuis, ça n’en vaut pas la peine.
C’est comme dans une cour de récré, Mist. Une fois qu’on intègre sa bande, on ne peut plus en sortir.
Le monde était pour lui un magasin de bonbons dans lequel il entendait bien se servir. Cela avait souvent marché.
Tout est affaire de négociation dans la vie.
Les vieilles habitudes ont la vie dure.
Il suffisait d’une infime erreur de procédure, d’une déposition mal attestée, pour que tout le dossier d’accusation s’écroule. Des années plus tôt, lorsqu’il était encore simple constable, puis sergent, il avait assisté à bon nombre d’épilogues de ce type. Vous passiez des mois à jeter vos filets autour des principaux suspects, à essayer de prouver leur culpabilité de manière irréfutable. Jusqu’au jour où, pour un motif des plus futiles, tout foirait complètement.
Il n’avait jamais prêté beaucoup d’attention aux ragots, mais il savait que certaines choses ne changeaient jamais. Lorsqu’on atteignait les cimes vertigineuses du grade d’inspecteur, il fallait toujours s’attendre à le payer.
La politique, ça se résume à surfer sur la vague, Paul. Pour le moment, j’ai l’impression qu’elle nous pousse en avant. Tu sais qu’il se passe quelque chose quand des journaux comme le Guardian viennent frapper à ta porte. C’est comme un virus. S’ils nous prennent au sérieux, la nouvelle se répand.