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Critique de Melopee


Il est inutile de dire que j'aime énormément Nancy Huston mais c'est une première pour moi que de la lire en littérature jeunesse. Trêve de suspense, le cru est bon une fois de plus et dans cette brève histoire elle trouve également mille ressorts pour nous envoûter.

Lucy Larson a 13 ans. Elle vit dans l'Ouest canadien, dans un petit village paumé au lendemain du krach boursier de 1929. La pauvreté la restreint elle et sa famille et pourtant les envies demeurent inchangées : bien manger, paresser, profiter de la vie. Seulement, elle est fille de pasteur et en cela, elle doit se rendre à tous les offices comme le reste de la fratrie : une soeur, deux frères. On ne peut pas dire que ce soit l'enthousiasme lorsqu'il s'agit de parler de religion. D'une part cela l'ennuie, ensuite elle s'interroge sur l'existence de Dieu. Ainsi, quand vient l'heure de réciter le bénédicité, sa bouche reste close. Son carnet, c'est son refuge où elle livre pèle-mêle pensées inavouables, jurons et interrogations diverses. C'est que Lucy en a sur le coeur et qu'elle a de la suite dans les idées. Ce "cher carnet" c'est celui qui l'écoutera sans la juger, celui qui recueillera son spleen et ses envies. Car à 13 ans, on est pas tout à fait un adulte mais on se sent pourtant bien loin de l'enfance et de ses restrictions imposées. le quotidien de la famille c'est d'accueillir les "pauvres" et de leur offrir gite et couvert. Non que les repas soient fastueux mais le partage est une valeur essentielle véhiculée par le pasteur Larson. Voici comment arrive un jour le curieux docteur Beauchemin, un expatrié venu de l'Est qui débarque avec un passé dont il ne faut dire mot. Qu'y a-t-il à cacher? Qu'a-t-il fait pour se retrouver sans rien ni personne au milieu de nulle part? Lucy trouve en lui un interlocuteur à l'écoute porté sur l'échange et le débat. Son carnet petit à petit se fait le témoin de cette relation ambigüe entre Lucy et l'étranger.

Il y a peu de mots pour dire comment j'ai ressenti l'histoire. J'ai trouvé la jeune narratrice touchante car elle semble en mal de communication : d'abord le journal puis le docteur. Et elle apprend constamment des autres, des mots (qu'elle cherche à grand renfort de dictionnaire, pour le compliqués) et dissimule ses ignorances derrière l'humour et la répartie. Quant au tour que prend l'histoire, je vous laisse juge mais quant à moi je l'ai trouvé plausible, voire prévisible. de plus, comment ne pas parler de la forme du récit? Car c'est bien le petit journal intime que nous avons là et c'est dans les mots simples et volubiles qu'on trouve toute la fraicheur du personnage.

Ce ne sera rien de moins qu'un coup de coeur pour cette lecture ultra plaisante de début d'année. Je recommande bien évidemment chaudement !
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