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Critique de LiliGalipette


M. Folantin a quarante ans, un emploi de bureau médiocre. Il est célibataire et hypocondriaque. Il traîne le dégoût de la solitude et d'une existence médiocre. Un soir plus triste que d'autres, « un grand découragement le poigna ; le vide de sa vie murée lui apparut, et, tout en tisonnant le coke avec son poker, M. Folantin penché en avant sur son fauteuil, le front sur le rebord de la cheminée, se mit à parcourir le chemin de croix de ses quarante ans, s'arrêtant, désespéré, à chaque station. »
Ce qui tombe sur le dos de l'amer Folantin, c'est le taedium vitae. Les quelques sursauts de tempérament qu'il éprouve sont tous mouchés comme des flammes trop courtes. Folantin se laisse envahir par l'indolence et cultive une certaine incapacité à éprouver des satisfactions. Tout n'est que pétard mouillé entre ses mains : ce cigare ne tire pas, cette viande est sèche, ce vin a un goût d'encre. Puisque rien ne le contente, Folantin se laisse aller à l'abattement. « Ni le lendemain, ni le surlendemain, la tristesse de M. Folantin ne se dissipa ; il se laissait ailler à vau-l'eau, incapable de réagir contre ce spleen qui l'écrasait. […] Peu à peu, il glissait à un alourdissement absolu d'esprit. » Il est très drôle de constater que le dégoût de la vie naît chez Folantin d'un dégoût de la nourriture : aucun plat, aucun restaurant ne trouve grâce à ses yeux. Mal nourri et affamé, sa faim inassouvie se reporte et se cogne à toutes choses. Rien ne sublime chez lui : Folantin est guidé par l'appétit premier, obsédé par la mangeaille.
La fin est délicieusement sordide. Huysmans ne cache qu'à peine son mépris pour cet escogriffe à la triste figure. On peut voir dans cette nouvelle une image en creux du roman À rebours. le personnage éprouve le même dégoût de la vie et la même impossibilité à supporter son siècle. Mais Folantin n'a pas la richesse de Des Esseintes et il n'éprouve que de maigres consolations là où le dandy décadent d'À rebours croit noyer son malaise dans des dépenses folles. Folantin n'est pas un esthète, il n'aspire pas au beau. Son malaise est et reste physique, alors que celui de Des Esseintes lui fait vouloir toujours plus et toujours mieux.
Cette nouvelle est intéressante et délicieusement cynique, mais il y manque un je-ne-sais-quoi qui la rendrait inoubliable. Néanmoins, Huysmans maîtrise encore et toujours sa plume. Dans ses textes, le langage s'anime plus fortement qu'ailleurs.

Lien : http://www.desgalipettesentr..
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