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A vau-l'eau, c'est la poisse d'une journée qui va tout envenimer ! Eh oui, tout commence quand monsieur Folantin arrive en retard à son bureau. Réprimandé par son chef, notre héros vivra une journée remplie d'étourderie, de maladresse, occasionnant des frustrations qu'il croit pouvoir éradiquer pendant le dîner autour d'un bon plat qui l'attend chez lui. Eh bien, dommage, le dîner également est une offense de plus qui va clôturer sa journée! A vau-l'eau, c'est un petit livre qui traite exclusivement du goût face à l'ennui! En effet, que nous reste-t-il dans la solitude si ce n'est de rechercher du goût sur une quelconque chose dont on dispose, pour tuer l'ennui! Saut que pour notre héros, le gout s'est évaporé, il ne lui reste plus qu'à rechercher du goût dans la nourriture. Il commence d'abord par congédier sa bonne et en prend une autre. Puis, il va d'un restaurant à un autre, même quand il tombe sur une pâtissière qui lui fait parvenir ses mets à domicile, toutes ces tentatives n'ont fait que refléter le gout fade de la vie qui déjà respire au dedans de lui. Comme quoi, c'est de l'intérieur que nous vient le véritable goût de la vie...
Une belle écriture mais qui nous dépeint une vie tellement ennuyeuse que les pages de ce livre semblent se rallonger dans la lecture!
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Joris-karl Huysmans entra en 1866 au ministère de l'Intérieur en qualité d'employé, il allait y demeurer trente deux longues années. Autant dire que l'écrivain puisa à la source du petit fonctionnaire les observations, récriminations et agacements de son triste héros Jean Folantin.

Huysmans a fréquenté les mêmes meublés, les mêmes gargotes, trainé sur les mêmes quais à bouquinistes son ennui.
Là doit sans doute s'arrêter l'inspiration puisée dans la vie réelle. Et il faudrait quitter Folantin pour s'attacher au cycle des romans d'un autre de ses héros, Durtal pour retrouver les sentiments tout juste travesti, qui taraudaient Huysmans.


Drôle, cynique, d'un acuité d'observation acerbe sur le petit Paris de ce début de vingtième siècle, A vau-l'eau, distille l'ennui existentiel de Folantin comme plus tard "A rebours" évoquera celui, plus esthétisant, d'un des Esseintes.
Tout le grand Huysmans est déjà là. Ces observations et ses descriptions précises et inventives, son amour du quartier St Sulpice, sa recherche d'un petit confort bourgeois fait de nourritures terrestres et intellectuelles acceptables.
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J'y ai lu plusieurs choses que je connais d'ailleurs... La bureaucratie médiocre, avec sa hiérarchie, son travail répétitif, ses mesquineries et ses promus par relations... Ca, c'est du Dostoïevski, c'est du Balzac. le personnage principal, que je n'ose pas qualifier de héros, est petit, vieilli avant l'âge, mal habillé, boiteux, timide... Un de ces hommes que l'on ne regarde pas, auquel on ne fait pas attention.
Ensuite, j'ai lu un homme qui s'enferme dans un quotidien répétitif, sans famille, sans ami, sans passion. Il traîne sa peine, son spleen, dans les rues de Paris – les plus belles pages sont celles qui décrivent les promenades du personnage le long des quais, ses flâneries devant les boîtes des bouquinistes sur les quais de Seine. Mais ce loisir aussi lui échappe peu à peu, il n'est pas particulièremet cultivé, ne cherche pas à l'être. Il essaye alors de remplir sa vie par le confort matériel, comme le personnage de la nouvelle le Pigeon de Patrick Süskind, en se repliant sur son logement. Mais, là non plus, rien ne va : son concierge fait mal son ménage, sa fumée ne le chauffe pas assez, ses meubles sont viellots, ses papiers peints défraîchis... Il n'arrive pas à trouver de bon restaurant et multiplie les mauvaises expériences d'oeuf pas assez cuit, de boeuf trop dur, de vin aigre...
L'écriture nous fait passer par différents sentiments face au personnage, puisqu'on alterne donc entre la moquerie, la pitié, le frisson mêlé d'inquiétude – et si, moi aussi, je vivais une vie si vide ?
J'ai enfin pensé au poème de Victor Hugo « Ceux qui vivent ce sont ceux qui luttent dans les Châtiments, avec certains vers qui pourraient décrire le personnage de la nouvelle :
« Ceux-là vivent, Seigneur ! les autres, je les plains.
Car de son vague ennui le néant les enivre,
Car le plus lourd fardeau, c'est d'exister sans vivre.
Inutiles, épars, ils traînent ici-bas
Le sombre accablement d'être en ne pensant pas ».

Une courte lecture, qui bouscule un peu tout en pinçant le coeur.
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Sinistre cancrelat flapi, Jean Folantin, "célibattu" veule et fonctionnaire étriqué, est le parfait candidat au suicide.

Une vie terne, des plaisirs subalternes et tarifés, des loisirs mesquins (feuilleter sans relâche de méchants bouquins, fureter tous les coins d'un Paris languide...) et des pitances sordides : rien qui n'engage à l'espoir d'autant plus que, bonasse, le pauvre bougre est la victime désignée de toutes les entourloupes.

Cependant il tient bon, l'insignifiant, et il traîne un estomac fatigué dans toutes les gargotes de son quartier. L'appel du ventre le soumet à l'ingurgitation de mets plus débectants les uns que les autres. Son hilarant périple de pouacres boui-bouis en graillonneux caboulots est d'une lecture délectable tant Huysmans peaufine chacune des formules de son épatante nouvelle.

À vau-l'eau est un petit chef d'oeuvre d'ironie cafardeuse. Les adjectifs enchâssés dans la matière précieuse de la prose de l'écrivain fulgurent, les tournures malicieusement musquées réjouissent et chaque avanie subie par Folantin consolera le plus navré des lecteurs, heureux de trouver plus affligé que lui.

Citant Schopenhauer en conclusion ("la vie de l'homme oscille comme une pendule entre la douleur et l'ennui"), nul doute que Huysmans avait à coeur de déplorer -en riant sous cape, le fourbe- la fugacité illusoire des plaisirs et la permanence des soucis de l'humaine condition.

Enfin, et ce ne fut pas le moindre de mes ravissements, le subtil écrivain plagie par anticipation un auteur chéri : "(...) et il eut, pendant une seconde, dans la bouche le goût des biscottes que (sa grand'mère) lui donnait, tout enfant, lorsqu'il avait été sage." Lire c'est aussi mailler des chaînes de connivences.

Indispensable "must read" !
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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M. Folantin a quarante ans, un emploi de bureau médiocre. Il est célibataire et hypocondriaque. Il traîne le dégoût de la solitude et d'une existence médiocre. Un soir plus triste que d'autres, « un grand découragement le poigna ; le vide de sa vie murée lui apparut, et, tout en tisonnant le coke avec son poker, M. Folantin penché en avant sur son fauteuil, le front sur le rebord de la cheminée, se mit à parcourir le chemin de croix de ses quarante ans, s'arrêtant, désespéré, à chaque station. »
Ce qui tombe sur le dos de l'amer Folantin, c'est le taedium vitae. Les quelques sursauts de tempérament qu'il éprouve sont tous mouchés comme des flammes trop courtes. Folantin se laisse envahir par l'indolence et cultive une certaine incapacité à éprouver des satisfactions. Tout n'est que pétard mouillé entre ses mains : ce cigare ne tire pas, cette viande est sèche, ce vin a un goût d'encre. Puisque rien ne le contente, Folantin se laisse aller à l'abattement. « Ni le lendemain, ni le surlendemain, la tristesse de M. Folantin ne se dissipa ; il se laissait ailler à vau-l'eau, incapable de réagir contre ce spleen qui l'écrasait. […] Peu à peu, il glissait à un alourdissement absolu d'esprit. » Il est très drôle de constater que le dégoût de la vie naît chez Folantin d'un dégoût de la nourriture : aucun plat, aucun restaurant ne trouve grâce à ses yeux. Mal nourri et affamé, sa faim inassouvie se reporte et se cogne à toutes choses. Rien ne sublime chez lui : Folantin est guidé par l'appétit premier, obsédé par la mangeaille.
La fin est délicieusement sordide. Huysmans ne cache qu'à peine son mépris pour cet escogriffe à la triste figure. On peut voir dans cette nouvelle une image en creux du roman À rebours. le personnage éprouve le même dégoût de la vie et la même impossibilité à supporter son siècle. Mais Folantin n'a pas la richesse de Des Esseintes et il n'éprouve que de maigres consolations là où le dandy décadent d'À rebours croit noyer son malaise dans des dépenses folles. Folantin n'est pas un esthète, il n'aspire pas au beau. Son malaise est et reste physique, alors que celui de Des Esseintes lui fait vouloir toujours plus et toujours mieux.
Cette nouvelle est intéressante et délicieusement cynique, mais il y manque un je-ne-sais-quoi qui la rendrait inoubliable. Néanmoins, Huysmans maîtrise encore et toujours sa plume. Dans ses textes, le langage s'anime plus fortement qu'ailleurs.

Lien : http://www.desgalipettesentr..
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Joris-Karl Huysmans de son vrai nom Charles Marie Georges Huysmans, est un écrivain et critique d'art français (1848-1907). Huysmans était le descendant par son père, d'une lignée d'artistes peintres hollandais. Certains tableaux du plus célèbre de ses ancêtres, Cornelius Huysmans, peintre à Anvers au XVIIe siècle, figurent aujourd'hui au Louvre et c'est pour mieux évoquer ses origines hollandaises, que Huysmans adopta le prénom de Joris-Karl. A partir de 1876, Huysmans collabore en tant que chroniqueur d'art, à différents journaux pour lesquels il rédige des comptes rendus des Salons de peinture et il prend la tête du combat visant à imposer l'Impressionnisme au public. A vau-l'eau est une nouvelle parue en 1882.
Jean Folantin, célibataire d'une quarantaine d'années, mène l'existence monotone d'un commis de bureau d'autant qu'il a tiré un trait sur toute vie sentimentale, « maintenant les amours étaient bien finies, les élans bien réprimés ; aux halètements, aux fièvres avaient succédé une continence, une paix profonde ; mais aussi quel abominable vide s'était creusé dans son existence depuis le moment où les questions sensuelles n'y avaient plus tenu de place ! » Par contre, comme chacun sait, le seul plaisir qui puisse durer jusqu'à notre dernière heure, est le plaisir de la table. Encore faut-il trouver une bonne adresse et c'est là, le sujet de cette nouvelle et l'activité principale de Folantin. Trouver une gargote, un bouillon ou une taverne où la viande soit mangeable et la nappe relativement propre, ne sera pas une mince affaire…
Si ce Jean Folantin est le prototype parfait du petit fonctionnaire célibataire qui végète dans son coin – un personnage que l'on croise souvent dans la littérature de cette époque – c'est aussi, le clone de l'auteur qui met beaucoup de lui dans cette nouvelle. Les lieux sont ceux que Huysmans à beaucoup fréquentés, ce quartier de Paris qui s'étend entre Saint-Germain-des-Prés et Saint-Sulpice, les restaurants sont souvent ceux où Huysmans mangeait et comme l'écrivain, Folantin est un fonctionnaire s'ennuyant dans son travail. La seule différence, de taille, entre ces deux-là, l'un erre l'esprit vide quand l'autre vit sa passion, écrire.
Une vie terne, sans passions, sans buts. Une existence comme suspendue dans le temps et qui n'a pour se raccrocher au réel que ce banal et trivial souci, trouver un restaurant correct pour manger ! D'autres écrivains écriraient et ont écrit sur la quête de l'amour, Huysmans choisit la recherche de nourriture. A défaut d'amour qu'on trouve un plaisir. Voilà qui ne manque pas d'originalité.
Si le lecteur s'amuse souvent devant les déboires endurés par le malheureux Folantin, il devra néanmoins accepter le constat final pessimiste : « Allons, décidément, le mieux n'existe pas pour les gens sans le sou ; seul, le pire arrive. »
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J'ai bien fait d'entrer dans l'univers de Joris-Karl Huysmans, par ce roman, c'est, je pense une bonne introduction.....Cette petite nouvelle m'a enthousiasmé....
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On peut parfois être désolé de voir de grands noms de la littérature tomber dans l'oubli. Ce n'est pas le cas de Huysmans ! C'est un nom que j'ai eu l'occasion de croiser de temps en temps et que j'ai souhaité découvrir.
A vau-l'eau est un court roman sur un employé de bureau et ses repas. Une histoire qui se lit facilement et mais dont on ne retient pas grand chose, au final.
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"La vie de l'homme oscille comme une pendule entre la douleur et l'ennui", a dit Schopenhauer, paraphrasé par Huysmans à la fin de son ouvrage. C'est le cas de Jean Folantin, sauf que tout cela est fait de manière grotesque, avec une dose considérable d'humour noir. Nouvelle géniale de la médiocrité, du petit fonctionnaire très comparable aux fonctionnaires russes à la Gogol ou à la Dostoïevski, qui effectue inlassablement son petit travail rébarbatif et fait tout pour échapper à ce "monstre délicat" qu'est l'ennui, comme dirait Baudelaire, A vau-l'eau contient en germe toute l'oeuvre de Huysmans : l'ennui, les goûts littéraires idiosyncrasiques, la tentation de la religion, la médiocrité, une certaine dose d'hystérie. Si je me peux me permettre une petite comparaison filmique, j'évoquerais Fight Club, de David Fincher, c'est le même ennui qui habite les personnages principaux des deux oeuvres, la lassitude d'un travail, voire d'une existence qui n'a pas de sens, Jean Folantin se démarquant par plus de pessimisme et plus de drôlerie. Cette nouvelle m'a donné envie de dire : "Jean Folantin, c'est moi !".
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Pour le style. Et si vous êtes une personne "seule".
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