Quand les filles ne savent encore rien des hommes, elles se fient sottement aux apparences.
Les querelles politiques, mais aussi les espoirs que chacun nourrissait, étaient pris dans la glace,condamnés à hiberner en attendant la saison nouvelle. L'oubli venait y ajouter une couche chaque jour plus épaisse.......
[...] aujourd'hui, avec de l'argent, on peut tout faire. On peut même échapper à une condamnation à mort. [...] Celui qui a du fric ou des relations, il s'en tire. Celui qui n'en a pas, il morfle.
Ses journées, interminables, étaient devenues un enfer. Il n'était plus ni professeur, ni réfugié, rien d'autre qu'un simple morceau de chair et d'os offert à la cruauté d'une époque en folie.
Comment peut-on prétendre vivre en démocratie dans un pays où des innocents se font tabasser par des barbouzes comme cette pauvre Chunhyang par le gouverneur de la province ?
La vieille maison, qui avait naguère appartenu aux japonais, était maintenant occupée par quatre ménages en copropriété.
Le front avançait, puis reculait, puis avançait de nouveau : cette guerre n'aurait-elle jamais de fin? Les gens abandonnaient leur maison pour une retraite qu'ils croyaient plus sûre. L'instinct de survie les ramenait en des endroits qu'ils avaient pourtant précédemment fuis. Ils auraient tout abandonné, leur quartier, leur maison, leurs biens, leur terre et jusqu'à leur âme pour un lieu en paix.
Les exclus n'étaient-ils pas de vieilles choses encombrantes dont on se débarrasserait tôt ou tard?
Je me sentais si affreusement seule la nuit dernière que j’ai réveillé mon aînée. Elle m’a regardée avec des yeux ronds, m’a demandé si elle avait fait une bêtise. Je lui dit que non, que les enfants ne faisaient rien de mal, mais que nous les adulte, nous ne méritions pas de vivre. Je lui dit qu’il fallait qu’elle devienne quelqu’un de réfléchi ; que lorsque le pays se trouvait dans une situation pareille, il fallait en tirer les leçons, et que bien plus tard, quand le monde aurait changé, elle parlerait aujourd’hui comme d’un mauvais souvenir. Elle ne comprenait pas, alors je lui ai raconté tout ce qui est arrivé à mon frère.
Les flics, friands de dénonciations de ce genre, celle-ci avait l'air bien étayée, et elle était, de plus, appuyée par des officiers dignes de foi ! se frottèrent les mains: voilà un dossier qui valait qu'on se donnât dun peu de peine ! On accumulerait sans mal quantité d'informations accablantes. Et puis, les accusateurs eux-mêmes semblaient avoir des choses à se reprocher: on ferait d'eux, au besoin, des agents communistes.