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Critique de Nastasia-B


Une Maison de Poupée est de celles qui font date. Pourquoi ?
Parce qu'Henrik Ibsen installe avec cette pièce un théâtre qui annonce grandement Tchekhov, mais surtout, il envoie en pleine face une véritable bombe dans les convenances sociales de son époque.

Car, oui, c'est un grand artisan de la cause féministe, qu'il convient de saluer comme il se doit et de remercier, pour cette brèche, pour cette porte, qu'à sa façon, en 1879, il a essayé d'ouvrir, et qui ne trouvera la pleine ouverture qu'un siècle plus tard, avec la première grande poussée de libération sociale des femmes dans les années 1960-70.

Une ambiance à la Tchekhov, une tension qui monte, qui monte, qui monte, un fil qui s'étire dangereusement jusqu'à nous éclater au visage au moment voulu. Nora est une femme ordinaire de la petite bourgeoisie, appelée à devenir moyenne ou grande, suite à l'obtention d'un poste en vue dans une banque par son mari Torvald HELMER. Ceci fait suite à une période de vache maigre, où le couple a dû faire face à de relativement grandes privations financières.

Mais tout va bien, tout va mieux car Torvald a repris les rênes : il est désormais en mesure de pouvoir — très prochainement — assurer une opulence budgétaire à sa femme et à leurs trois enfants. Ainsi, Nora ne sera plus obligée de travailler en cachette pour sauver les apparences.

Car Torvald met un point d'honneur à faire vivre son foyer, à épargner sa petite femme, celle qu'il attend toujours dans le rôle qu'il lui donne, c'est-à-dire, d'être belle, de bonne humeur, toujours là où on l'attend, et de bien s'occuper des enfants... enfin, vous voyez le genre, n'est-ce pas ?

Seulement voilà, il y a un hic. Torvald s'était tellement surmené, il y a quelque temps, que sa santé fut en question et que les médecins avaient alors intimé l'ordre à Nora de lui faire faire un séjour thérapeutique de plusieurs mois en Italie, auprès des influences bienfaisantes de la Méditerranée...

Grand bain... euh non, grand bien lui fit et tout retrouva un cours satisfaisant, la preuve… mais, mais… au fait, j'y pense, j'y pense… d'où venait-il cet argent pour la cure en Italie ?...

Ah ! Je m'en voudrais de vous le faire savoir ici, mais sachez seulement qu'il est plus ou moins question de chantage, et que l'enjeu est le dévoilement du pot aux roses par Torvald, qui, lui, ignore tout des manigances de ce financement.

Et quel impact pourrait avoir la divulgation de cette nouvelle sur le tout nouveau personnage à responsabilités de la banque ? Que fera Torvald ? Et surtout, que fera Nora ? Quel déclic ? Quelle rupture cela engendrera-t-il, en elle, en eux, en tous ?

Ah ! Ah ! Voici du grand, grand art Monsieur Ibsen, et j'en redemande, moi, du comme ça. Et l'on comprend aisément que cette pièce en trois actes ait été inscrite au registre international " Mémoire du Monde " par l'UNESCO.

Bref, un incontournable pour toutes celles et tous ceux que la cause des femmes — et l'implication sociétale qui en découle — intéresse et/ou interpelle, ainsi que pour les fervents amateurs de très bon théâtre, indépendamment de ces questions. du moins, c'est mon avis, un avis de poupée, c'est-à-dire, pas grand-chose.

N. B. : on oublie aujourd'hui la vogue phénoménale qu'il y eut à un moment pour les maisons de poupées, qui n'était pas, loin s'en faut, réservées aux petites filles, mais plutôt bel et bien aux femmes adultes de la très bonne société à l'époque victorienne, dans et en dehors du royaume de Grande-Bretagne.
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