Il aimait s'allonger sur le dos, la tête posée sur son sac, les yeux levés vers les étoiles en méditant sur ces théories qui affirmaient que le monde et l'univers étaient encore en expansion. Il appréciait de regarder le ciel nocturne et son océan d'étoiles en pensant à ces échelles de grandeur qui dépassaient l'entendement. Cela reposait l'esprit et lui procurait un apaisement passager de pouvoir réfléchir à l'infiniment grand, au grand dessein.
- Vous avez décidé de garder le silence, remarqua-t-il.
- Oui, je n’en ai parlé à personne. En fin de compte, voilà tout le courage que j’ai eu.
- Ce n’est pas bon de taire ce genre de choses, quelle que soit la manière dont elles vous touchent. Le silence ne saurait être un ami.
Il est seul dans la maison ouverte aux quatre vents. On dirait qu’elle se tient en un lieu désert, battu par les tempêtes. Les portes se balancent dans le vide, accrochés à leurs gonds, les fenêtres sont cassées et toute trace de vie est effacée, meubles, lumières et couleurs. La maison est sombre, inquiétante, morte. Les murs nus et glacés ruissellent, comme s’ils versaient des larmes.
"Même si je suis vieille et malade, la vie est telle qu'on rechigne à l'abandonner. On n'en a juste pas envie."
Il savait que si le froid forcissait encore et si le vent se levait, balayant les flocons, il ne pourrait plus vraiment rester dans la ferme abandonnée. La maison était ouverte à tous les vents, elle s’emplirait de neige et des congères s’y formeraient sous l’effet des courants d’air. Cela reviendrait alors exactement à s’installer dehors, à la belle étoile, vulnérable.
Il n’avait absolument pas cherché à exhumer un crime. C’est le crime qui était venu à sa rencontre.
Son but n'était pas de remplir les prisons de désespérés. Ce qu'il voulait, c'était découvrir la vérité dans chacune des enquêtes qu'il menait.
Le lycéen lui passa devant, puis descendit la rue, mal fagoté, la ceinture de son pantalon lui tombait à mi-fesses, laissant apparaître son caleçon. Qu'est-ce quon va devenir ? pensa Erlendur en suivant des yeux le jeune homme qui disparut au coin.
— Mais… vous travaillez dans la police. Vous n’avez pas le devoir de… ?
— Le devoir est une notion complexe, observa Erlendur.
"Le présent est un drôle d'animal [...]."