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Critique de Gehenne


UN GLACIER COMME SARCOPHAGE

Arnaldur Indridason ne déroge pas à la règle, largement partagée par ses collègues polardiers (notamment nordiques) de mettre en scène un personnage récurrent, en général policier, et de le suivre tout au long de sa carrière. Depuis « La Cité des Jarres », c'est l'inspecteur Erlendur qui mène avec précision et humanité des enquêtes policières au coeur d'une Islande de feu et de glace.

Mais il sait aussi s'en échapper pour des romans différents, tel « Betty », déclinaison de la beauté nénéneuse ou « le Livre du Roi » qui plonge dans les racines littéraires de l'île volcanique ou l'an passé « Opération Napoléon », proposé désormais en poche chez Points. Cette fois Indridason part de la disparition tenue secrète d'un avion allemand en toute fin de Seconde guerre mondiale sur le glacier Vatnajökull. Pourquoi l'armée américaine tente-t-elle de récupérer l'épave pour la troisième fois de nos jours après deux échecs en 1945 et 1965 ? Quel intérêt ont les Américaines à braver les autorités islandaises pour éloigner tout témoin du lieu du crash ? Ces deux questions nourrissent la trame de cette aventure qui se nourrit des mystères que l'Histoire ne manque jamais de générer pour offrir un roman haletant, construit avec méthode par Indridason, maître es-intrigue.

Outre le plaisir d'un suspens bien mené, on y trouve aussi, illustrée grandeur nature, la propension des Etats-Unis à imposer leur loi aux plus petits, fussent-ils des alliés, à user des moyens les plus violents et les moins éthiques pour parvenir à leurs fins, à faire preuve de suffisance et de morgue dans leurs relations internationales. Ainsi, lorsque l'affaire s'ébruite, le général US qui mène le bal se permet de convoquer le Premier ministre et de le sommer de confirmer le prétexte qu'il a trouvé pour empêcher la divulgation du véritable motif de l'opération par les médias. Et il a cette réflexion qui traduit parfaitement son état d'esprit : « Dois-je vous rappeler, Monsieur le Premier ministre, qu'un pourcentage considérable du Produit national brut de ce pays dépend de nous, directement ou indirectement ? » Menace et chantage, les deux leviers devant lesquels, malgré sa colère, le gouvernement islandais se voit contraint de céder.

Seulement, il existe des hommes et des femmes qui n'acceptent pas d'être bousculés, menacés, traités comme quantités négligeables au nom d'une soi-disant raison d'état. Kristin et Julius sont de ceux-là, décidés à résister contre cette agression faite à leur petite nation, à ses citoyens, même au prix de terribles représailles. Cette lutte du pot de fer et du pot de terre fait la saveur de cette histoire. Qu'une femme prenne la tête de la révolte contre le fait du prince est là encore symbolique de la volonté de l'auteur de faire la part belle aux minorités malmenées. Qui ont choisi de se rebeller. L'esprit de résistance servi par un récit captivant.

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