Il y a dans l'année des lecteurs (moi) chaque fois, des coups de coeur inattendus, des livres que l'on sent écrit pour soi dés la première ligne du premier article le concernant. Ce fût donc le cas il y a quelques jours avec ce livre, 3 lignes dans le dernier « Elle » (oui je lis elle et j'assume) m'ont convaincu, et effectivement la lecture de ce livre fut un pur bonheur.
Évidemment c'est toujours difficile a expliquer rationnellement pourquoi on s'accroche à un livre quand il ne s'agit pas de fiction, quand les outils de la critiques sont caducs puisqu'on est dans l'inter-personnes, dans l'expérience, dans le vécu. Mais enfin bon, soyons clairs : ce livre parle de mon quotidien infiniment mieux que je n'ai su le faire jusque là. Si vous voulez savoir vraiment, avoir une idée un peu « objective » de ce que c'ets que de débarquer au domicile des gens pour les aider, alors il faut lire ce livre.
Évidemment on est alors à douze mille kilomètres des niaiseries habituelles de blogeurs montées en graine, à des kilomètres de tous ceux qui écrivent pour se faire aimer du lecteur en passant pour des victimes, ou pire, pour des gens « trop sympa avec des couettes ». Dans ce live là on est dans le regard, froid. Dans l'intelligence manifeste. Dans l'analyse ironique. Dans la peinture au scalpel des gens qui vous emploient et qui par là se croient vos supérieur, vous croient invisibles. Dans la réflexion aussi et dans l'humour sur soi même, puisque se confronter aux autres c'est aussi et avant tout se confronter à soi même, avec les mêmes armes. Et c'est la dessus que je me suis retrouvé.
Je me suis retrouvé evidemment dans la galerie de portraits des employeurs, et dans la description des intérieurs (puisque evidemment je croise les mêmes) mais je me suis retrouvé aussi dans ce questionnement latent sur l'absurdité de certaines situations, de certains comportements (comment peut on parfois nier l'autre à ce point?), de certains de ses propres défauts aussi, et notamment l'attente idiote de se dire qu'en faisant de son mieux le monde sera forcement meilleur et que les gens vont vous remercier (et on a beau le savoir chaque fois on y croit).
A la fin, le seul mini reproche de ce livre que j'ai avalé d'un coup se sera donc simplement d'avoir été trop court (j'étais prêt pour le double ;) ) et juste de manquer un peu d'analyse. Car enfin, la seule chose qu'Isaure oublie de dire, alors que ça irrigue son récit, comme cela guide mon exercice personnel, le plus fascinant quand on côtoie les gens à leur domicile (quant on côtoie les gens tout court, d'ailleurs) c'est à quel point tout le monde croit vivre « normalement » et « comme les autres » alors que, evidemment, cela n'existe pas et chacun aligne des valeurs, des habitudes, des dégouts et des non dits qui irriguent leur personne et leurs intérieurs. Cela crève les yeux de tous ceux qui en ont mais très peu de gens en ont conscience, et ça je ne comprendrais jamais pourquoi…
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