Citations sur Les Récits d'Adrien Zograffi : Kyra Kyralina (32)
Ce n'est pas vrai du tout, que l'être humain soit une créature qui comprenne la vie. Son intelligence ne lui sert pas à grand-chose; par le fait qu'il parle, il n'en est pas moins bête. Mais là où sa bêtise dépasse celle des animaux, c'est quand il s'agit de deviner et de sentir la détresse de son semblable.
De taille un peu au-dessus de la moyenne, d'un blond fade, incolore, très maigre et très ridé; ses yeux bleus et grands, tantôt francs et sincères, tantôt fripons et furtifs, selon la circonstance, exprimaient toute la vie de Stavro.
Ce n'est pas vrai du tout, que l'être humain soit une créature qui comprenne la vie. Son intelligence ne lui sert pas à grand-chose ; par le fait qu'il parle, il n'en est pas moins bête. Mais là où sa bêtise dépasse même l'inconscience des animaux, c'est quand il s'agit de deviner et de sentir la détresse de son semblable.
Les pratiques les plus odieuses s'accomplissaient sous les yeux de tous. Turcs, Grecs, Arméniens ou Arabes, ils n'étaient plus des hommes. L'abjection humaine était telle qu'on ne pourrait la comparer qu'à elle-même, car seul le genre humain, de toutes les créatures de la terre, peut se dégrader à ce point.
Pays turque comme pays bulgare, le musulman comme le chrétien, tous, du riche au pauvre, n'étaient que des esclaves dociles; et si la jeune fille s'éclipsait à notre arrivée, son père, pour entrer dans les grâces du puissant, ne demandait pas mieux que de la sacrifier, avec la même facilité qu'il nous offrait son meilleur lit et son plus beau mouton.
Barba Yani était capable de marcher une journée entière sans prononcer un mot. Du regard, seulement, il me montrait ce qui était digne d'attention. Il appelait cela "prendre un bain désinfectant". C'était bien ça. L'oeuvre muette de la création purifie et rend à lui-même l'homme humilié par la bassesse et il n'y a pas d'homme, si puissant soit-il, qui pourrait passer par la vermine sans se sentir infecté.
Sache qu'on arrache plus facilement une biche de la gueule du tigre, qu'une femme enfermée dans un harem.
Et la nuit engloutit dans ses ténèbres le corps d'un adolescent repenti, cherchant consolation dans la détresse d'un chien envoyé par le hasard.
Puis, les trois forains et le tenancier se retrouvèrent dans une de ces cârciuma roumaines, pareilles à celle de l'oncle Anghel, où l'on mange, l'on boit, l'on fume, où l'on dit des choses bonnes ou mauvaises, selon les hommes, selon les âges, et "selon la qualité du vin".
La vie n'a pas voulu que ma joie soit complète....Mais, mon Dieu, où et quand la vie nous gratifie-t-elle de joies complètes ?