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Les Récits d'Adrien Zograffi tome 1 sur 4
EAN : 9782070372539
224 pages
Gallimard (13/01/1981)
4.06/5   127 notes
Résumé :
« Serré dans les bras de Kyra, je ne pus voir autre chose, dans cette seconde terrible, que le frère tombant à la renverse et le père qui se jetait par la fenêtre du port ; je fermai les yeux, étouffé ; mais je les rouvris aussitôt, pour voir mon aîné, par terre, la tête éclatée comme une pastèque brisée contre un mur, et les deux oncles déchargeant quatre feux de pistolet sur les traces de mon père, penchés sur la fenêtre par où il venait de se sauver. Me lâchant... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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Formidable découverte ! Pensez-donc, il n'y a pas une semaine, je ne savais pas c'est qui Panaït Istrati. Eh bien maintenant, je vais vous le dire. C'est quelqu'un !
J'avoue que cette banale et triviale entrée en matière ne cadre pas une minute avec la finesse de cet auteur et la force de ses écrits. J'en reste tout ébahi.
Comment résumer ce roman ? Sorte de tragédie grecque avec le charme slave d'une Roumanie de saltimbanques aux étourdissants effluves turcs extraits d'ensorcelants contes orientaux. Fichtre, vous voilà bien avancés.
Adrien a « le besoin de regarder dans le gouffre de l'âme humaine ». Il rencontrera Stavro qui lui contera l'époque où il était Dragomir (non, nous ne sommes pas dans une évolution Pokemon) où enfant il vivait avec sa mère et sa soeur, toutes deux d'une grande beauté.
Un drame que vous découvrirez bouleverse l'équilibre familial.
Dragomir sera perverti par des rencontres vénéneuses et Kyra enlevée et enfermée dans un harem.
Dragomir errera dans tout le Moyen-Orient à la recherche de sa soeur bien-aimée. Cette quête se transformera souvent en fuite pour échapper aux « protecteurs » du bel adolescent.
Laissez vous emporter par le souffle poétique où le miel des mots de cette gourmandise littéraire ne vous fera pas prendre un gramme mais pèsera plus sur votre esprit que les tonnes d'informations ineptes déversées par nos médias contemporains.
Roman initiatique sur la bassesse de l'âme humaine. Toutefois, « mille ignominies souffertes ne donnent pas le droit de cracher sur l'humanité toute entière.»
Comme je le dis souvent : « Il n'y a qu'un seul conteur pour cent mille baratineurs. »
Merci Monsieur Istrati, vous êtes en plus un enchanteur.

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Osmose, c'est le nom du restaurant dans lequel je fis connaissance avec Kyra Kyralina. Osmose, l'accord parfait, devait dès lors accompagner toute la lecture de ce récit. D'elle il parlera finalement peu. Toute femme doit garder sa part de mystère, n'est-ce pas ? Jeune, elle aimait la vie. Ah, insouciance de la jeunesse, paradis appelé à s'estomper dans les brumes du souvenir !


Quelle écriture, ma tête s'y est reposée mieux que sur un oreiller de plume, mon coeur s'est mis à battre et mon âme… ô mon âme, elle s'est envolée.


Est-ce la jeunesse d'Adrien, son innocence encore, sa naïveté surtout ? Est-ce de le voir s'acoquiner avec Stavro tantôt forain, tantôt limonadier, toujours voyou ? Est-ce cette charrette l'emmenant sur les routes coincé entre Stavro et son compère ? Ou tout cela à la fois ? Voilà que tout soudain mes pensées me ramenaient à Pinnochio.


Qui serais-je pour condamner Dragomir ? Même après avoir lu le récit de sa vie, du Danube au Bosphore et juqu'à Beyrouth par tous les contours de la méditerranée, telle que livrée sous son pseudo de Stavro, je ne saurais trop le juger.
« Une vie d'homme ne se raconte ni ne s'écrit. Une vie d'homme qui a aimé la terre et l'a parcourue est encore moins susceptible de narration. Mais quand cet homme a été passionné, qu'il a connu tous les degrés du bonheur et de la misère en courant le monde, alors, essayer de donner une image vivante de ce que fut sa vie, c'est presque impossible. » p.205


Par delà ce presque impossible, c'est à l'assaut de l'impossible de la vie elle-même que Panaït Istrati, magistral conteur, m'a emmené.


https://www.youtube.com/watch?v=Q-rMzANlb44

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« Toute la beauté vient de notre coeur, tant que ce coeur est plein de joie. »

Kyra est la soeur de Dragomir. Kyra et Dragomir, adolescents, sont enlevés. Dragomir devint Stavro le Forain. L'histoire commence... Je me tais et j'écoute Stavro le Forain raconté son histoire. Dans un pays lointain vivait...

Et la suite... ?! Je ne peux la raconter. Cela ne serait que médiocrité car « dans le détail réside le plus souvent la beauté. » Je dirai juste que la plume de Panaït Istrati est belle : « son état d'âme était tout disposé maintenant à cette lointaine évocation – mais il en est toujours ainsi quand on veut toucher aux écluses rouillées qui barrent le passage aux eaux du passé » et qu'il a de la mansuétude, « mille ignominies souffertes ne nous donnent pas le droit de cracher sur l'humanité tout entière » et de la clairvoyance « l'homme sans coeur, mes enfants, c'est un mort qui empêche les vivants de vivre ».

Il prône la tolérance, le respect de l'autre car « chacun a sa vie, ses blessures, sa propre philosophie » et nous délivre des vérités qui m'enchantent « la bonté d'un seul homme est plus puissante que la méchanceté de mille ; le mal meurt en même temps que celui qui l'a exercé ; le bien continue à rayonner après la disparition du juste. » Pour autant, il fait montre de fragilité et c'est en nuance qu'il précise « où et quand la vie nous gratifie-t-elle de joies complètes ?... »

« Il n'y a pas de souvenir sans présent. »
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J'aime les Multi-Défis qui me font découvrir des auteurs que je n'aurais certainement jamais lus sans eux. Lorsque les organisatrices m'ont annoncé que mon "item mystère" est "lire un livre d'un auteur roumain", je suis restée perplexe. Où pourrais-je trouver un livre d'un auteur roumain qui puisse me plaire ? (Les préjugés me mènent la vie dure parfois !!!)
C'était sans compter l'aide enthousiaste et immédiate d'un ami qui m'a procuré Kyra Kyralina en me disant : "Tu verras, ça devrait te plaire".
Il avait évidemment raison ! Il me connaît si bien !

Kyra Kyralina m'a séduite après quelques chapitres. Au début, j'ai été un peu perdue par la densité des paysages, l'incompréhension des mots étrangers et la complexité des personnages et ma fatigue qui m'empêchait de lire plus de trois pages à la fois.
Et puis, rapidement, j'ai décidé de ne pas m'en faire. J'ai lâché prise sur la compréhension de l'histoire pour me concentrer sur la poésie des mots, les émotions ressenties et les descriptions lumineuses d'un Moyen-Orient captivant.
Et un vaste monde captivant s'est ouvert devant moi.
Je me suis laissé ensorceler.
J'étais la petite fille enchantée, dans son lit, à qui on raconte une histoire palpitante.
J'étais le scout au coin du feu tremblant devant les aventures extraordinaires d'un personnage qui lui ressemble.
J'étais une princesse dans la cour des mille et une nuits écoutant son prétendant lui narrer une histoire aux mille éclats, aux mille diamants.

L'histoire n'est pas drôle. Au contraire, elle est très dure parfois.
J'ai pleuré aux côtés de l'enfant qui traverse la première partie de sa vie sous les coups, les épreuves et les trahisons. J'ai eu envie de l'aider mais il ne m'a pas écouté. Il a ainsi appris à devenir un homme. Mais à quel prix !

Panaït Istrati est un conteur hors pair.
Il sait décrire le beau au coeur de l'horreur, la passion au coeur de l'abandon, l'amitié au coeur de la méchanceté humaine, la beauté d'un paysage sous les flots de la misère, les inégalités sociales à travers le regard d'un ado au coeur de l'empire ottoman.
Sa plume est noble, belle, riche et cultivée. Elle a charmé mon âme.
Quelle découverte sublime !
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Ah, je me souviendrai toujours de ce jour où un libraire m'a dit « comment ça, jamais lu ? Alors ne perdez pas de temps ! » Alors qui a-t-il dans ce livre très particulier, ce conte initiatique où la bassesse humaine rôde à tous les coins de rue ?

Il y a le roman de mille vies portées par Stratvo qui ne cesse de croire en l'être humain même si, … même si, … même si… Et même si… Ce récit à la manière d'un conte des Mille-et-une nuits nous embarque d'une péripétie à l'autre avec une verve hors du commun ou le comique jouxte le tragique !

Panaït Istrati est un conteur-né, il a ça dans le sang. Il a parcouru pendant vingt ans les routes, de l'Egypte à la Syrie, en passant par la Grèce, Jaffa, Damas, Beyrouth, et tout ça en exerçant des tas de métiers, garçon de cabaret, domestique, peintre...

Le résultat est époustouflant et unique dans son genre, d'une poésie surprenante, ensorcelante, et l'on suit nos protagonistes Stratvo, sa soeur Kyra et le jeune Adrien avec un plaisir fou !

Joseph Kessel lui a déjà accroché une plume à ce « récit aérien et lumineux comme un vol de papillon au soleil », alors, moi, ne me reste plus qu'à souffler dessus pour vous la faire parvenir !

4/5
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Ce n'est pas vrai du tout, que l'être humain soit une créature qui comprenne la vie. Son intelligence ne lui sert pas à grand-chose ; par le fait qu'il parle, il n'en est pas moins bête. Mais là où sa bêtise dépasse même l'inconscience des animaux, c'est quand il s'agit de deviner et de sentir la détresse de son semblable.
Il nous arrive, parfois, de voir dans la rue un homme à la face blême et au regard perdu, ou bien une femme en pleurs. Si nous étions des êtres supérieurs, nous devrions arrêter cet homme ou cette femme, et leur offrir promptement notre assistance. C'est là toute la supériorité que j'attribuerais à l'être humain sur la bête. Il n'en est rien !
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Lorsqu'on voit un homme estropié d'une jambe, ou d'un bras, personne ne lui jette l'opprobe, chacun a de la pitié ; mais tout le monde recule, personne n'éprouve de pitié devant un estropié de l'âme !... Et pourtant c'est le pillier même de la vie qui lui manque. Il me manquait.
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La terre est belle ?...Mais non, c'est un mensonge !... Toute la beauté vient de notre cœur, tant que ce cœur est plein de joie. Le jour où cette joie s'envole, la terre n'est plus qu'un cimetière.
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Mais nous découvrions maintenant qu'il y avait un "dehors", et que ce dehors, riche en lumière, embaumé de parfums sauvages, était bien plus beau que de courir derrière un papillon, de caresser une sauterelle verte, d'attraper de gros bourdons cornus, d'entendre les oiseaux chanter sur leur vaste empire, le grillon invisible à la tombée de la nuit croiser son cri-cri avec le lointain chalumeau du berger, l'abeille sortir à reculons d'une fleur, les pattes saupoudrées de pollen. Et surtout, nous n'avions aucune idée de la volupté que le coeur éprouve, quand le corps se baigne dans les caresses du vent qui souffle sur un champ d'été.
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Et cette femme qui était faite pour être caressée et embrassée, était battue jusqu'au sang.
Cependant, si mon père ne lui prodiguait pas les caresses, ses amants la dédommageaient brillamment ; et je n'ai jamais su si, à l'origine, ce fut ma mère qui commença à tromper son mari et se fit battre, ou si ce fut mon père qui commença à maltraiter sa femme et se fit tromper.
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