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Citations sur Des ombres à l'aube : Un massacre d'Apaches et la viole.. (6)

L’apparente inéluctabilité de l’histoire de l’Ouest – la Destinée manifeste (Manifest Destiny), l’expansion nationale américaine, la dépossession territoriale et la soumission des indiens – nous ont longtemps désensibilisés à la fois vis-à-vis de la violence et des autres spécificités de la région. Dès lors que l’on commence à penser l’Ouest non plus seulement comme l’ « Ouest » – c’est-à-dire la portion du territoire américain située au-delà du Mississippi – mais comme l’extension du Nord du Mexique et la terre natale d’un réseau complexe de communautés indiennes, nous permettons à différents scénarios concernant cet espace d’émerger.
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En 1736, les prospecteurs espagnols découvrirent un riche gisement de minerai d'argent dans un lieu situé en amont de la rivière Santa Cruz. Ce lieu, qui fut appelé le Réal de l'Arizónac – un nom apparemment dérivé de l'expression o'odham 'Al Sonag, ou "Lieu de la Petite Source" –, entraîna vers la Pimería Alta une véritable ruée de migrants originaires du centre du Mexique pour qui l'Arizónac représentait l'espoir d'une fortune rapidement acquise.
Ces nouveaux venus représentaient pour la domination coloniale à la fois des avantages et des inconvénients. Reflétant la mixité ethnique qui s'était développée en Nouvelle-Espagne, les nouveaux arrivants étaient issus d'une grande diversité de milieux – "différentes castas, mestizos, coyotes, mulatos et quelques Espagnols" selon un missionnaire. Même s'ils étaient souvent méprisés tant par les prêtres que par les représentants de la Couronne comme des "vagabonds" déracinés, l'acclimatation de ces individus à la société espagnole et leur relative loyauté envers la Couronne entraîna leur acceptation progressive le long des marges septentrionales de la Nouvelle-Espagne en tant que gente de razón (gens de raison) – un statut qui les élevait au-dessus des Indiens locaux qui demeuraient des gente sin razón (gens sans raison).
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Ce genre d'événements troublants confrontait les Américains au dilemme que posent toutes les interactions coloniales : comment ceux qui s'imaginent être les représentants de la civilisation doivent-ils se conduire face à ce qu'ils considèrent comme la sauvagerie de l'autre ? Peut-on répondre à la sauvagerie par la sauvagerie sous prétexte que les peuples primitifs ne comprennent pas d'autre manière de faire ? L'usage de la violence, quels que soient la nature de l'adversaire ou les mérites de l'objectif visé, ne sape-t-il pas les prétentions à la supériorité morale si essentielle quand il s'agit de justifier l'occupation de la terre d'autrui ? Si les Américains considéraient leur "civilisation" comme une évidence et la "sauvagerie" de leurs adversaires apaches comme allant également de soi, ils divergeaient néanmoins bien souvent sur les réponses à apporter à ces interrogations. En conséquence, les relations entre Apaches et Américains étaient inévitablement influencées non seulement par les tensions entre les deux groupes mais aussi par celles qui divisaient la population américaine elle-même.
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Si l'histoire devait respecter strictement les frontières nationales, le scénario américain de notre sujet ne commencerait pas avant le 25 avril 1854, date à laquelle le Sénat américain ratifia ce qu'il appela le traité Gadsden, qui abandonnait quelque 78 000 kilomètres carrés du Sonora aux États-Unis en un ultime ajustement des frontières continentales américaines après un demi-siècle d'expansion territoriale ininterrompue. Pourtant, isoler ainsi un moment spécifique du temps confère un caractère déterminé mais trompeur à un ensemble plus vaste et plus complexe d'interactions entre ceux qui se qualifiaient eux-mêmes d'Américains et les autres habitants des borderlands. De même que la frontière mexicano-américaine n'avait jamais totalement confiné les différentes communautés du Sud-Ouest d'un côté ou de l'autre d'une ligne de démarcation, les ères "mexicaine" et "américaine" de cette région ne se succédèrent pas en fonction d'un moment précis inscrit dans le temps mais déteignirent l'une sur l'autre, construisant mutuellement les borderlands du XIXe siècle – et même après.
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Il n'existe pas d'archives concernant ces premières campagnes électorales, rendant ainsi impossible de juger de la mesure dans laquelle le massacre de Camp Grant avait pu peser sur leur déroulement. Mais il est assez clair, d'après les documents qui nous sont parvenus, que les Tucsoniens n'ont que très rarement considéré la participation au massacre comme une tache sur la réputation d'un individu – et pourraient même l'avoir considérée comme un atout pour occuper un poste officiel. Les journaux de l'Arizona évoquaient régulièrement les participants au massacre dans les termes les plus élogieux. Selon un correspondant de l'Arizona Miner qui connaissait certains des participants à l'expédition, les meurtriers étaient des "citoyens bons et humains, des hommes au cœur généreux". En 1870, l'Arizona Daily Citizen célébrait Etchells comme "l'un des meilleurs et des plus fiables citoyens de Tucson". Quelques années plus tard, on devait se souvenir d'Oury comme d'un homme "courageux, généreux et intelligent", quelqu'un qui ne "s'était jamais livré à un acte répréhensible" ; DeLong serait qualifié "d'homme honnête et sympathique" et Lee serait loué pour son "grand cœur".
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L'interprétation dominante du passé jouit souvent de son statut non pas en raison de sa valeur historique intrinsèque mais en raison de la domination sociale des avocats.
(l'historien est obligé de)...prendre en compte ces histoires que la violence a pour toujours réduites au silence.
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