Néfertiti : L'ombre du soleil

Le prince, fils d'Amenhotep III, ramassa une sandale en cuir blanc.
-- Superbe qualité, nota Parénéfer ; une pièce de luxe appartenant à une personne d'excellente famille.
Le jeune homme ressentait d'étranges sensations.
-- Pourrait-on la retrouver ?
-- Ce ne sera pas facile... Je vais interroger les meilleurs artisans de la capitale. C'est forcément un maître qui a façonné cette sandale ; avec un peu de chance, j'obtiendrai peut-être une piste.
En caressant ce petit chef d'oeuvre, le prince imagina la finesse d'un pied soigné et la beauté d'une femme inaccessible...
Inaccessible ? ... Et si le destin lui souriait ?

Le roi leva les yeux au ciel.
- Aton... Il est l'être suprême, au-delà de nos médiocres existences ! Lui seul voit la réalité, lui seul la recrée chaque matin. Sans lui, cette terre ne serait q'obscurité et malheur; il a provoqué notre rencontre, bâti notre capitale, nous a donné six enfants et façonné un royaume nouveau que nous léguerons à nos filles ! Confortons sa splendeur.

Emerveillé, le roi contempla son épouse ; nimbée de la lumière de l'aube, elle incarnait la beauté de la création née du disque solaire. Chaque jour, elle le séduisait et l'envoutait. De la finesse des traits de son visage à l'élégance de ses pieds, de ses orteils, tout, en elle atteignait la perfection.

Néfertiti incarnait le bonheur,un horizon sans limite,la noblesse d'une reine,la fougue d'une amante,la tendresse d'une epouse.Ca peu d'hommes connaissent pareille felicite

- Le goût de la guerre ronge les humain, et la prospérité de l'Egypte suscite des convoitises. Délivre-toi de la naïveté, Néfertiti; c'est une faiblesse mortelle.

Moi, Amenhotep quatrième du nom, déclara le pharaon d’une voix forte, décrète que cette lignée s’éteint aujourd’hui.
L’assistance se figea. Aucun pharaon n’avait renoncé à la fonction suprême, se condamnant ainsi à l’anéantissement !
— Ce n’est plus Amon qui nous dirige, continua le monarque ; j’abandonne le nom « Amon est satisfait, en plénitude » qui ne correspond pas à la réalité et à mon programme de gouvernement. C’est pourquoi je m’appellerai désormais Akhénaton

Comme l'indiquait un très ancien texte, "la maison de la mort est destinée à la vie "; l'éternité ne se laissait pas au hasard, elle se bâtissait.

Alors que la nageuse sortait de l'étang, un faucon jaillit de la lumière et s'empara d'une de ses sandales ; de son vol rapide, il s'éloigna vers le sud.
A la fois étonnée et contrariée, ne décelant pas la signification de cet étrange incident, la jeune femme reprit, pieds nus, le chemin conduisant à la spacieuse villa familiale, l'une des plus cossues de la ville.

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Un bruit étrange figea les deux hommes. Un claquement d'ailes.
Levant les yeux, ils admirèrent un faucon, qui s'immobilisa un instant au-dessus d'eux. Relâchant ses serres, il libéra un objet, lequel tomba à trois pas du prince : puis le rapace regagna les hauteurs du ciel.
Le faucon n'était-il pas l'incarnation du dieu Râ, la lumière créatrice ?
La prince ramassa une sandale en cuir blanc. En caressant ce petit chef-d'oeuvre, le prince imagina la finesse d'un pied nu, des orteils soignés et la beauté d'une femme inaccessible.


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D'un tempérament plutôt froid et distant, le vieux scribe était envoûté. Ce charme, cette allure, la musicalité de ces paroles, un port de tête incomparable, un regard magique et profond qui vous prenait au piège et vous empêchait de réfléchir... Son arme la plus efficace, l'expérience, était réduite à néant.