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Critique de enjie77


Nous sommes le 25 juillet 1890, à Auvers-sur-Oise. Vincent, comme a son habitude, sort de l' auberge Ravoux avec son chevalet sous le bras et dans l'autre main, sa mallette de couleurs et ses pinceaux, Il a son chapeau de paille sur la tête, celui-là même qu'il porte sur son autoportrait « au chapeau de paille ». Il s'en va effectuer sa promenade parmi les champs de blé et les corbeaux, là où il puise son inspiration!

Que s'est-il passé le 25 juillet 1890 dans les champs d'Auvers-sur-Oise. Meurtre, suicide ou accident ? Vincent a bien reçu une balle dans la poitrine, il mourra deux jours plus tard en ayant déclaré, dans un souffle, aux gendarmes «Je me suis blessé, n'accusez personne ». le mystère reste entier. Où s'est-il procuré cette arme ?

Depuis le décès de Vincent, la thèse du suicide n'avait jamais été remise en question. Cette thèse était retenue à la fois par ses biographes ainsi que par les médecins qui avaient étudié, rétrospectivement, les circonstances de son décès. Et voilà que surgissent deux américains – Steven Naifeh et Gregory White Smith – qui balaient la thèse du suicide pour avancer la thèse d'un accident à la suite de la rencontre avec les jeunes frères Secrétan, deux chenapans qui s'amusaient à tyranniser Vincent.

Marianne Jaeglé s'appuie sur la théorie de ces deux américains pour nous raconter les deux dernières années de la vie de Vincent van Gogh. Malgré une enquête sérieuse, tous les éléments recueillis par ces deux auteurs américains sont intéressants mais n'apportent pas de preuves objectives souligne Léo Jansen. Néanmoins, j'ai pris un réel plaisir à me laisser embarquer par Marianne Jaeglé dont la plume est très agréable, pleine de sensibilité, elle a su me toucher ardemment et alimenter ma passion et aussi ma compassion pour Vincent.

J'ai beaucoup aimé partager la vie de Vincent depuis Arles, en passant par l'hospice de Saint-Rémy-de-Provence jusqu'à l'auberge Ravoux d'Auvers-sur-Oise. J'ai retrouvé des éléments de son histoire que j'avais oubliés, notamment, l'incompréhension et les disputes avec Paul Gauguin qui généraient tellement d'angoisses pour Vincent. Paul Gauguin n'est pas particulièrement sympathique dans ce récit mais vivre avec Vincent n'était pas chose facile. Marianne Jaeglé dépeint avec beaucoup de subtilité, la cohabitation avec Vincent. La plume de l'auteure dégage une belle empathie pour Vincent que j'ai reçue puissance X.

Elle met en exergue toute la tendresse et la complicité qui unissaient les deux frères, Théo et Vincent. Certains passages de leur correspondance sont très émouvants. Théo avait détecté le potentiel de son frère, il ne l'aurait jamais laissé tomber, il était persuadé qu'un jour Vincent obtiendrait enfin la reconnaissance qu'il mérite !

Que Vincent était fragile, il avait si peu confiance en lui, il se dévalorisait sans cesse. A force d'infortunes, il se maudissait sans cesse et parfois, sa tête s'emplissait de voix, de bruits. Aujourd'hui, la médecine moderne poserait le diagnostic d'hallucinations auditives ! L'auteure pénètre avec finesse la personnalité de Vincent, son dialogue intérieur, son humanité, son besoin de fraternité et j'ai pu mesurer à quel point l'échec de cet atelier commun avec Gauguin restait une blessure profonde pour Vincent.

Je ne pouvais pas abandonner Vincent en fermant ce livre. J'ai donc emmené ma nièce de douze ans à l'Atelier des Lumières, à Paris, où Vincent est à l'honneur. Pour une enfant, ce fut un véritable spectacle féérique mais pour moi, une plongée dans la peinture de Vincent. A Paris, au milieu de l'Atelier, il reste l'ancien four de cette ancienne fonderie. A chaque immersion dans la grande salle, le même tableau, au format réel du peintre célébré, est projeté sur le mur du four. Pas de spectacle mais plutôt un sublime tête à tête avec l'esprit du peintre. Grâce à la plume de l'auteure, j'ai revu toutes les toiles, à la naissance desquelles j'ai pu assister, infiltrée dans la tête de Vincent si obsédé par la peinture et si bien évoquée par Marianne Jaeglé.

J'ai hâte de relire « Que les Blés sont beaux » de notre ami Alain Yvars qui conseille aussi de lire le catalogue de la Fondation van Gogh pour avoir une approche complète de la biographie de Vincent.

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