Francis Jammes est assurément un écrivain et poète pyrénéen, ayant passé l'essentiel de sa vie dans les montagnes qui ont marqué son oeuvre : né à Tournay, il s'est fixé, après de longs séjours en famille à Pau et à Assat, à Orthez pendant quelque trente-cinq années, puis a fini ses jours à Hasparren.
Basses-Pyrénées (aujourd'hui le département des Pyrénées Atlantiques) a pour sous-titre Histoire naturelle et poétique. Paru en 1926, il est divisé en trois grandes parties, Géologie, Zoologie et Botanique, chacune d'entre elles étant subdivisée en chapitres descriptifs généralement très courts.
La Zoologie est la plus importante. Avec sa verve poétique, Jammes décrit la faune de son sol natal, situant avec une grande précision géographique les spécimens des différentes espèces qu'il a observés. La nature est essentielle dans la vie de Jammes, qui, pourtant, vit une contradiction majeure : il montre, dans d'autres ouvrages, une véritable empathie pour les animaux, surtout les animaux domestiques qui souffrent de la maltraitance humaine (l'âne, le chien,…), mais, dans le présent recueil, les cite principalement dans l'optique de leur consommation, allant même jusqu'à livrer ses préférences gastronomiques ; c'est ainsi que oursins, langoustes et crevettes, crabes et écrevisses, poulpes, saumons, truites, brochets et anguilles, palombes, cailles et perdreaux, isards et lièvres sont traités sur les thèmes de la pêche et de la chasse, même si l'auteur évoque aussi d'autres animaux qui ne nourrissent pas l'homme. Il ajoute un chapitre intitulé Hominiens à sa zoologie, décrivant avec humour les types physiques des Pyrénéens. Alors, l'homme est-il un mammifère comme les autres ou le maître de la Création ?
Dans la partie Botanique, Jammes déploie sa passion pour cette branche des sciences. C'était un grand marcheur et il adorait herboriser. Se succèdent avec un certain bonheur tableaux délicats, précisions savantes, personnifications inspirées, telle «… sous les fougères, plumes d'autruche en émeraude, le conseil municipal des champignons, vénéneux ou pas, tenant séance, le béret marron, blanc ou rouge sur la tête.»
L'auteur entretient dans ce recueil d'observations son image de poète attaché à son terroir.