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EAN : 9782070321995
224 pages
Gallimard (14/10/1980)
3.89/5   19 notes
Résumé :
Les textes qui composent ce recueil ont été rédigés entre 1902 et 1905. Les 24 poèmes de la suite«Tristesses»sont le journal d'un amour malheureux.
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
C'est un repas frugal que l'on mange à l'abri,
c'est un pain virginal divinement amer,
C'est le Pain qui est Dieu, par l'Esprit et la Chair,
qui nourrit, et guérit du mal de cette vie.

Ne crois pas, ô toi qui t'assieds à cet abri,
près de ces travailleurs et de ces travailleuses
dont la face est noircie par l'ombre besogneuse,
ne crois pas que ton Dieu en toi pousse un grand cri.

Car, assis au milieu des siens, à cette Cène,
le Christ parle si bas qu'à peine on peut l'entendre.
Mais bientôt je ne sais quoi d'indicible et tendre
nourrit d'encens divin l'âme et la rassérène.

Mon frère, va donc voir, toujours renouvelée,
s'arrêter un moment l'Humanité en marche,
manger le Pain de Vie multiplié dans l'Arche,
et repartir vers les Terres d'Eternité.

(1905)
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O mon cœur ! ce sera dans l’Août bleu et torride.
Lasse, vous poserez sur le coffret de buis
vos ciseaux où s’accrochera de la lumière.
Vous laisserez aller votre taille en arrière.
Vous fermerez vos cils sur vos yeux de lavande
dont l’Eté semblera parfumer votre chambre.
Il sera je ne sais quelle heure après-midi :
l’heure où la guêpe en feu va boire dans le puits.
J’arriverai, par le grand soleil ébloui.
Je vous verrai ainsi, ô ruche pleine d’aube,
moulée par le sommeil dans votre chaste robe.
Et je m’approcherai tout doucement de vous,
et, sans vous déranger, mettrai sur vos genoux
des fraises et du pain et du sucre d’abeille.
Bientôt, vous éveillant de ce demi-sommeil,
vos lèvres écloront sur ces fruits et ce miel
comme une rose tendre et toute caressée,
ou comme un abricot plein d’encens qui s’entrouvre.
O ménagère amie, framboise des forêts,
chaperon rouge errant qui se nourrit de baies,
ô vous qui par moments à mes yeux évoquez
la gravure où Perrette a renversé son lait :
vous ne me direz pas combien vous accablait
cette sieste où l’Eté fait peser son délire.
Vous vous relèverez. Vous me regarderez.
Et, pleine d’un sanglot, alors vous sentirez
sourire dans mon cœur votre propre sourire.
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Son souvenir emplit l’air si clair que j’ai cru
que l’ombre d’un oiseau me tombait sur la tête.
Le tulipier d’un parc est d’un vert noir et cru.
Une beauté sans nom emplit l’azur, du faîte
des pignons enfumés au plus loin horizon.
Dans la salon où elle vint, dans le salon
où il y avait des lilas sombres comme la nuit,
il y a maintenant des roses dans un verre
et un bouton de magnolia que ma mère
a posé sur le piano creux et verni.
Cette fleur ne s’est pas encore épanouie,
mais elle s’est gonflée comme pour éclater,
et se soulève hors du vase, et l’on dirait
qu’elle va s’envoler au milieu de l’Eté.
Je ferme ma croisée pour mieux enfermer l’ombre.
Je songe. J’ai souffert. Je ne sais plus. Je songe.
La pompe grince et mon chien dort sur le parquet.
Quand donc viendra le jour où, poussant le loquet
de la porte d’entrée qui rêve sous le cèdre,
sa main fera jaillir sur les dalles usées
tout ce que sa présence amène de lumière ?
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Une goutte de pluie frappe une feuille sèche,
lentement, longuement, et c’est toujours la même
goutte, et au même endroit, qui frappe et s’y entête…

Une larme de toi frappe mon pauvre cœur,
lentement, longuement, et la même douleur
résonne, au même endroit, obstinée comme l’heure.

La feuille aura raison de la goutte de pluie.
Le cœur aura raison de ta larme qui vrille :
car sous la feuille et sous le cœur, il y a le vide.
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O mon Ange gardien, toi que j’ai laissé là
pour ce beau corps blanc comme un tapis de lilas :
Je suis seul aujourd’hui. Tiens ma main dans ta main.

O mon Ange gardien, toi que j’ai laissé là
quand ma force éclatait dans l’Eté de ma joie :
Je suis triste aujourd’hui. Tiens ma main dans ta main.

O mon Ange gardien, toi que j’ai laissé là
quand je foulais d’un pied prodigue l’or des bois :
Je suis pauvre aujourd’hui. Tiens ma main dans ta main.

O mon Ange gardien, toi que j’ai laissé là
quand je rêvais devant la neige sur les toits.
Je ne sais plus rêver. Tiens ma main dans ta main.
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Vidéo de Francis Jammes
Le Sommet de la route et l'ombre de la croix : six poètes chrétiens du XXe siècle : Charles Péguy, Paul Claudel, Francis Jammes, Marie Noël, Patrice de la Tour du Pin, Jean Grosjean Jean-Pierre Lemaire Éditions Gallimard Collection Poésie
Une anthologie rassemblant des poèmes de Charles Peguy, de Paul Claudel, de Francis Jammes, de Marie Noël, de Patrice de la Tour du Pin et de Jean Grosjean, qui évoquent la foi chrétienne. ©Electre 2021
https://www.laprocure.com/ommet-route-ombre-croix-six-poetes-chretiens-xxe-siecle-charles-peguy-paul-claudel-francis-jammes/9782072854323.html
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