Citations sur La fille du sculpteur (23)
Si on marche dans la mousse une fois, cela forme un trou profond qui ne se referme pas pendant une semaine. Si on marche dessus une deuxième fois, on fait un trou pour toujours. La troisième fois qu’on marche sur la mousse, elle meurt.
Un copain peut dire des choses blessantes, mais le lendemain, c’est oublié. Un copain ne pardonne pas, il oublie simplement. Une femme pardonne tout, mais n’oublie jamais. C’est comme ça.
Quand le feu est allumé, nous approchons le grand fauteuil. Nous éteignons les lumières de l’atelier, nous nous asseyons devant le feu et elle dit : « il était une fois une petite fille qui était si terriblement belle et sa maman l’aimait terriblement… » Chaque histoire doit commencer de cette façon et, après, peu importe la suite. Une voix douce et lente dans une chaude obscurité, on regarde le feu et il n’y a aucun danger. Tout le reste est dehors et rien ne peut entrer. Ni maintenant ni jamais.
Explosion est un mot magnifique et très grand. Plus tard, j’ai appris d’autres mots, comme ceux qu’on ne peut murmurer que quand on est seul. Inexorable. Ornementations. Profil. Catastrophique. Electrique. Comptoir colonial. Ils deviennent encore plus grands quand on les répète plusieurs fois. On les murmure encore et encore pour laisser le mot grandir jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien d’autre que le mot.
Toutes les lampes étaient douces et vaporeuses et formaient un très petit halo de lumière. Et quand on courait, on n'entendait aucun bruit. A l'extérieur, c'était la même chose. Doux, indécis, et la neige qui tombait encore et encore.
Maintenant, tout l'horizon avait rampé sous le bord du monde. On ne voyait plus la lisière de la forêt, elle avait sombré. Le monde avait basculé, il se retournait doucement, un petit peu plus chaque jour.
Plus on est petit, plus Noël est grand
Plus on est petit, plus Noël est grand. (p. 158)
Papa aime tous les animaux parce qu'ils ne le contredisent pas. Il aime particulièrement ceux qui sont poilus. Et eux l'aiment aussi parce qu'ils savent qu'ils peuvent faire exactement ce qu'ils veulent avec lui.
Avec les bonnes femmes, tout est différent.
Si vous en faites des sculptures, elles deviennent des femmes, mais tant qu'elles sont bonnes femmes, c'est difficile. Elles ne savent même pas poser correctement et elles parlent trop. Bien sûr, maman n'est pas une bonne femme et n'en a jamais été une. (p. 103)
Le samedi suivant, Fanny a porté du bois au sauna et rempli le poêle. Elle était debout, regardait le banc et l'absence de porte, et marmottait. Son visage ridé était complétement vide et ses yeux aussi. Je voyais la pluie couler dans ses rides comme des ruisseaux. Elle retirait quelques feuilles mortes du banc et marmottait sans cesse. Elle restait debout à attendre que la feuille suivante arrive en tourbillonnant pour la ramasser à son tour. Finalement, elle s'est assise sur le banc à côté du chat. Ils avaient l'air d'être au théâtre. (pp. 97-98)