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Critique de Derfuchs


Je viens de fermer ce livre. Je suis scotché à mon fauteuil. Quand je pense que c'est par hasard que je l'ai acheté, certes je connaissais ce titre et j'avais entendu parler du film mais je n'avais pas lu l'un, ni vu l'autre. J'avais apprécié Japrisot pour sa dame dans l'auto mais je n'imaginais pas à quel point ce bouquin était prenant.
Quelle intrigue et quel travail de recherches!
Quel amour de cette Mathilde pour son Manech, le Bleuet, un des cinq laissés attachés entre la tranchée française et l'allemande, condamnés à mort qu'ils sont, pour être tués par des balles ennemies!

Quelle écriture et quelle composition! Je n'ai jamais, auparavant, lu un livre écrit de cette façon mélangeant récit, retours en arrière, lettres et dialogues et de quelle façon. C'est une réussite.

Plus j'avançais dans cette lecture et plus l'histoire était prenante. En effet Japrisot dénonce cette guerre en appuyant fortement sur la vie dans ces tranchées, le désespoir et ces fichus ordres d'une hiérarchie, forcément dépassée même si certains y croient encore. Que dire du retour à la vie civile pour ceux qui ont réchappé au massacre, dans quel état ils de trouvent, le silence et l'oubli quand c'est possible.
Mathilde, elle, avance inexorablement aidée par quelques uns, sa famille, son père notamment et ses proches, Sylvain l'homme de confiance qui la porte au sens propre comme au figuré car Mathilde ne peut pas marcher depuis son accident quand elle était enfant. Elle se déplace en fauteuil roulant, sa trottinette comme elle dit. Mais aussi par ces femmes qui sont sur le même bateau qu'elle à la recherche de leur homme quand elle le peuvent ou résignées dans le cas contraire, mais qui seront solidaires de sa quête.
La plume sait se montrer douce quand les tournesols de Mathilde, qu'elle peint, embaument mais aussi amère quand le doute s'installe ou impitoyable lorsqu'il s'agit d'une rivale ou d'une ennemie.
Manech le fiancé c'est le ciel bleu, les souvenirs qui chantent, le M des MMM gravés dans l'arbre, le premier ou le dernier, c'est pareil, lui qui l'a faite nager et apprendre avec des flotteurs aux pieds, c'est surtout sa vie et l'espoir d'un bonheur à venir.
Certes le désespoir est là mais jamais, vraiment, Mathilde ne désespérera.

Japrisot signe, ici, un grand et beau livre, d'une grande tenue sur un épisode noir de notre histoire. L'écriture se montre adaptée en fonction de celui qui parle, écrit ou raconte. La langue est riche sans être prétentieuse ou hautaine, elle laisse le lecteur dans l'ambiance de l'époque. Chaque femme aimante est dépeinte avec les mots de son amour. Et il y en a eu des femmes qui ont cherché leurs hommes après cette guerre.

Lien : https://www.babelio.com/livr..
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