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EAN : 9782070387366
373 pages
Gallimard (30/11/-1)
3.99/5   2662 notes
Résumé :
Cinq soldats français condamnés à mort en conseil de guerre, aux bras liés dans le dos. Cinq soldats qu'on a jetés dans la neige de Picardie, un soir de janvier 1917, devant la tranchée ennemie, pour qu'on les tue. Toute une nuit et tout un jour, ils ont tenté de survivre. Le plus jeune était un Bleuet, il n'avait pas vingt ans.
À l'autre bout de la France, la paix venue, Mathilde veut savoir la vérité sur cette ignominie. Elle a vingt ans elle aussi, elle es... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (205) Voir plus Ajouter une critique
3,99

sur 2662 notes
Je viens de fermer ce livre. Je suis scotché à mon fauteuil. Quand je pense que c'est par hasard que je l'ai acheté, certes je connaissais ce titre et j'avais entendu parler du film mais je n'avais pas lu l'un, ni vu l'autre. J'avais apprécié Japrisot pour sa dame dans l'auto mais je n'imaginais pas à quel point ce bouquin était prenant.
Quelle intrigue et quel travail de recherches!
Quel amour de cette Mathilde pour son Manech, le Bleuet, un des cinq laissés attachés entre la tranchée française et l'allemande, condamnés à mort qu'ils sont, pour être tués par des balles ennemies!

Quelle écriture et quelle composition! Je n'ai jamais, auparavant, lu un livre écrit de cette façon mélangeant récit, retours en arrière, lettres et dialogues et de quelle façon. C'est une réussite.

Plus j'avançais dans cette lecture et plus l'histoire était prenante. En effet Japrisot dénonce cette guerre en appuyant fortement sur la vie dans ces tranchées, le désespoir et ces fichus ordres d'une hiérarchie, forcément dépassée même si certains y croient encore. Que dire du retour à la vie civile pour ceux qui ont réchappé au massacre, dans quel état ils de trouvent, le silence et l'oubli quand c'est possible.
Mathilde, elle, avance inexorablement aidée par quelques uns, sa famille, son père notamment et ses proches, Sylvain l'homme de confiance qui la porte au sens propre comme au figuré car Mathilde ne peut pas marcher depuis son accident quand elle était enfant. Elle se déplace en fauteuil roulant, sa trottinette comme elle dit. Mais aussi par ces femmes qui sont sur le même bateau qu'elle à la recherche de leur homme quand elle le peuvent ou résignées dans le cas contraire, mais qui seront solidaires de sa quête.
La plume sait se montrer douce quand les tournesols de Mathilde, qu'elle peint, embaument mais aussi amère quand le doute s'installe ou impitoyable lorsqu'il s'agit d'une rivale ou d'une ennemie.
Manech le fiancé c'est le ciel bleu, les souvenirs qui chantent, le M des MMM gravés dans l'arbre, le premier ou le dernier, c'est pareil, lui qui l'a faite nager et apprendre avec des flotteurs aux pieds, c'est surtout sa vie et l'espoir d'un bonheur à venir.
Certes le désespoir est là mais jamais, vraiment, Mathilde ne désespérera.

Japrisot signe, ici, un grand et beau livre, d'une grande tenue sur un épisode noir de notre histoire. L'écriture se montre adaptée en fonction de celui qui parle, écrit ou raconte. La langue est riche sans être prétentieuse ou hautaine, elle laisse le lecteur dans l'ambiance de l'époque. Chaque femme aimante est dépeinte avec les mots de son amour. Et il y en a eu des femmes qui ont cherché leurs hommes après cette guerre.

Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Sébastien Japrisot, je connaissais de nom. L'auteur de "l'été meurtrier", ses liens avec le cinéma. Un auteur qui ne m'attirait pas plus que ça, jusqu'à ce que je lise Emmanuel Carrère parlant de lui dans une de ses chroniques. Alors j'ai voulu voir.
Et j'ai vu Mathilde (sans avoir vu le film) dans sa quête obstinée envers et contre tous, ou presque. A la recherche folle de la vérité sur son fiancé, soldat de la grande guerre. Mais plus que tout, je l'ai vécue, cette histoire.
J'ai vu un texte à la construction débridée dans ce long dimanche de fiançailles, comme si tout cela avait été écrit d'un jet, dans un souffle romanesque sans relecture. Et pourtant si juste.
J'ai vu une prose directe. Un auteur capable de commencer une ribambelle de phrases d'un portrait par « il » ou "elle", sans aucune gêne pour le lecteur : «Elle a de grands yeux verts ou gris, selon le temps, comme sa mère. Elle a un petit nez droit, de longs cheveux châtain clair. Pour la taille, elle tient de son père. Quand on la déplie, elle mesure cent soixante dix huit centimètres. Il paraît que c'est d'avoir passé beaucoup de temps couchée qui l'a faite ainsi. Elle a de très beaux seins. Elle est fière de ses seins, qui sont ronds, lourds, plus doux que la soie. Quand elle en caresse les bouts, elle a bientôt envie d'être aimée. Elle s'aime toute seule ». Une prose sans fioriture ni effet de manche, naturelle presque. Carrère parle de lui comme d'un auteur qui ne lisait pas trop, évoque un "cacou"  de Nice. Peut-être pas si littéraire que ça en effet. Mais sûrement convaincu de son talent, et par là-même impertinent envers les modes et les courants, insolent aussi dans son mode d'écriture, peut-être bien. A l'image de son héroïne.
J'ai aussi vu un charme fou se dégager de ce récit. Comme d'un type qu'on écoute, parce que c'est lui qui parle, et pas un autre.
Du coup, j'ai déjà envie de le revoir, Sébastien Japrisot.
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1917. cinq soldats condamnés à mort sont envoyés dans le no man 's land pour leur mise à mort.
Mathilde la jeune fiancée paralysée de l'un d'eux ne croit pas en la version officielle et remue ciel et terre pour retrouver Jean l'amour de sa vie.
Japrisot dénonce avec force la bétise de la guerre, à travers un épisode peu glorieux de l'armée française.Mais c'est aussi le roman d'une femme éperdument amoureuse prète à toute les audaces pour connaitre la vérité, d'une vitalité et d'un optimisme à tout épreuve. Japrisot évite tout sensiblerie, nous offrant une multitude de personnages qui donne encore plus d'épaisseur au récit.Un roman poignant, ou le bruit des canons étouffe le cri des hommes.
Prix Interallié en 1991, Jean-Pierre Jeunet a réalisé une adaptation assez honnête, même si l'émotion du roman est bien plus forte.
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Amoureuse inconditionnelle du film tiré de ce livre, je me devais de l'avoir en ma possession.

J'ai été assez surprise par certains détails qui diffèrent dans les deux versions. Certains détails qui auraient été facilement adaptables au cinéma. Rien de bien méchant néanmoins.

Ce livre qui retrace une belle histoire d'amour après les affres de la Première Guerre mondiale est un petit bijou rempli d'émotions, d'humour et d'une écriture magnifique. J'ai adoré suivre les différents personnages, retracer peu à peu avec Mathilde, leurs histoires, leurs douleurs. C'est une sorte d'enquête améliorée où l'amour a une place centrale pour chacun des personnages sans jamais néanmoins tomber dans un pathos dégoulinant.

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Parce que j'avais vu le film Un long dimanche de fiançailles, j'étais réticente à lire le livre. J'avais tort, le roman vaut aussi par une merveilleuse écriture et des personnages hauts en couleur, parfaitement dépeints.

Manech, dix-neuf ans, n'en peut plus de cette guerre au fond des tranchées. Il allume alors une cigarette et lève le bras, un tir venu d'en face lui arrache la main. L'armée n'est pas dupe et le condamne à mort. Mais, cruauté supplémentaire, au lieu d'être fusillé, il est jeté avec quatre autres camarades, mains liées dans le dos, dans le no man's land entre les deux tranchées.

Quand Mathilde apprend le décès de son fiancé, officiellement mort à l'ennemi, elle n'a de cesse de comprendre.
L'intrigue est complexe, des objets se promènent, des bottes allemandes, un gant rouge. Difficile de s'y retrouver entre les témoignages des uns et des autres, mais Mathilde lit et relit ses notes, les lettres qu'elle a reçues et comprend. le puzzle se reconstitue à la fin, ouf ! Et de toute façon, ça ne m'a pas empêchée de tourner les pages avec avidité.

Le suspense concerne la recherche de Mathilde et la narration façon puzzle tient l'émotion à distance.

Les personnages sont tellement nombreux qu'il m'est arrivé de ne plus savoir qui était qui ; pas pour les personnages principaux, bien sûr, mais pour les témoins (qui n'avaient vu qu'une partie du drame) ou pour la famille des témoins (qui ne savait que par ouïe dire).

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Citations et extraits (163) Voir plus Ajouter une citation
"Mathilde ne sait si Manech l'entendait, dans le brouhaha de son enfance, dans le fracas des grandes vagues où elle plongeait à douze ans, à quinze ans, suspendue à lui. Elle en avait seize quand ils ont fait l'amour pour la première fois, un après-midi d'avril, et se sont juré de se marier à son retour de la guerre. Elle en avait dix-sept quand on lui a dit qu'il était perdu. Elle a pleuré beaucoup, parce que le désespoir est femme, mais pas plus qu'il n'en fallait, parce que l'obstination l'est aussi. Il restait ce fil, rafistolé avec n'importe quoi aux endroits où il craquait, qui serpentait au long de tous les boyaux, de tous les hivers, en haut, en bas de la tranchée, à travers toutes les lignes, jusqu'à l'obscur capitaine pour y porter des ordres criminels. Mathilde l'a saisi. Elle le tient encore. Il la guide dans le labyrinthe d'où Manech n'est pas revenu. Quand il est rompu, elle le renoue. Jamais elle ne se décourage. Plus le temps passe, plus sa confiance s'affermit et son attention. Et puis, Mathilde est d'heureuse nature. Elle se dit que si ce fil ne la ramène pas à son amant, tant pis, c'est pas grave, elle pourra toujours se pendre avec."
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La maison de Juliette Desrochelles est sous les arbres, sur une colline, tout près de là, de pierres grises, au toit de tuiles plates, avec un petit jardin devant, un plus grand derrière. Il y a beaucoup de fleurs.
Quand Mathilde est dans la maison, assisse dans sa trottinette, qu'on en a fini des supplications, des larmes et des bêtises, elle demande à Juliette Desrochelles, sa future belle-mère, de la pousser jusqu'au jardin de derrière, où Manech est en train de peindre, et de la laisser seule avec lui un moment. Il est prévenu de sa visite. On lui a dit qu'une jeune fille qu'il a beaucoup aimée vient le voir. Il a demandé son nom, qu'il a trouvé beau.
Quand Juliette Desrochelles et Sylvain se retirent, Mathilde est à vingt pas de lui. Il a les cheveux noirs, tout bouclés. Il lui paraît plus grand qu'elle ne s'en souvenait. Il est devant une toile, sous un appentis. Elle a bien fait de ne pas se mettre du noir sur les cils.
Elle essaye de s'approcher de lui, mais le chemin est de gravier, c'est difficile. Alors, il tourne la tête vers elle et la voit. Il pose son pinceau et s'approche, et plus il s'approche, plus il s'approche, plus elle se félicite de n'avoir pas mis de noir à ses yeux, elle ne veut pas pleurer mais c'est plus fort qu'elle, un moment elle ne le voit plus venir qu'à travers des larmes. Elle s'essuie vite. Elle le regarde. Il est arrêté à deux pas. Elle pourrait tendre la main, il s'approcherait encore, elle le toucherait. Il est le même, amaigri, plus beau que personne, avec des yeux comme Germain Pire l'a écrit, d'un bleu très pâle, presque gris, tranquilles et doux, avec quelque chose au fond qui se débat, un enfant, une âme massacrée.
Il a la même voix qu'avant. La première phrase qu'elle entend de lui, c'est terrible, il lui demande: "Tu peux pas marcher?"
Elle bouge la tête pour dire non.
Il soupire, il s'en retourne à sa peinture. Elle pousse sur ses roues, elle se rapproche de l'appentis. Il tourne à nouveau les yeux vers elle, il sourit. Il dit: "Tu veux voir ce que je fais?"
Elle bouge la tête pour dire oui.
Il dit: "Je te montrerai tout à l'heure. Mais pas tout de suite, c'est pas fini."
Alors, en attendant, elle s'adosse bien droite dans sa trottinette, elle croise les mains sur ses genoux, elle le regarde.
Oui, elle le regarde, elle le regarde, la vie est longue et peut porter encore beaucoup plus sur son dos.
Elle le regarde.
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En vraie femme, elle s'est parée du mieux qu'elle a pu, en blanc pour faire fraîche, un peu de rouge aux lèvres pour la circonstance, les sourcils faits, les dents éclatantes, mais surtout pas de noir pour allonger les cils, elle sait ce que ça donne quand on craque.
[...] Quand Juliette Desrochelles et Sylvain se retirent, Mathilde est à vingt pas de lui. Il a les cheveux noirs, tout bouclés. Il lui paraît plus grand qu'elle ne s'en souvenait. Il est devant une toile, sous un appentis. Elle a bien fait de ne pas se mettre du noir sur les cils.
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Il avait peur de la guerre et de la mort, comme presque tout le monde, mais peur aussi du vent, annonciateur des gaz, peur d'une fusée déchirant la nuit, peur de lui-même qui était impulsif dans la peur et n'arrivait pas à se raisonner, peur du canon des siens, peur de son propre fusil, peur du bruit des torpilles, peur de la mine qui éclate et engloutit une escouade, peur de l'abri inondé qui te noie, de la terre qui t'enterre, du merle égaré qui fait passer une ombre soudaine devant tes yeux, peur des rêves où tu finis toujours éventré au fond d'un entonnoir, peur du sergent qui brûle de te brûler la cervelle parce qu'il n'en peut plus de te crier après, peur des rats qui t'attendent et viennent pour l'avant-goût te flairer dans ton sommeil, peur des poux, des morpions et des souvenirs qui te sucent le sang, peur de tout.
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Et elle se dit que si le fil ne la ramène pas à son amant, tant pis, c'est pas grave, elle pourra toujours se pendre avec.
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