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EAN : 9782365000741
Theolib (14/01/2014)
4/5   4 notes
Résumé :
Une sélection de six discours prononcés par Jaurès de 1895 à 1914, témoignant de ses engagements dans le combat socialiste et les grandes affaires de l'époque (le procès Zola, l'Affaire Dreyfus), ainsi que de ses tentatives de prévenir la guerre.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Sous la supervision de Pierre-Yves Ruff, cet ouvrage regroupe quelques discours essentiels prononcés par Jean Jaurès entre 1903 et 1914.


Le « Discours à la jeunesse » prononcé à Albi en 1903 fut l'occasion pour Jean Jaurès d'expliquer pourquoi toute République authentique doit logiquement conduire au socialisme.


« Patriotisme et internationalisme », prononcé le 7 avril 1895, nous permet de comprendre sa conception de la nation et comment il envisage d'intégrer la nation dans le système mondial. Jean Jaurès craint déjà les conséquences d'une mondialisation qui uniformiserait les nations et il réclame plutôt la construction d'une fédération au sein de laquelle chaque nation pourrait profiter des spécificités des autres, dans le respect de leur autonomie.

Impossible de ne pas parler non plus de l'engagement de Jean Jaurès dans l'affaire Dreyfus et le soutien qu'il apporta à Zola, pourtant vilipendé par le parti socialiste. On pourra lire sa déposition dans le Procès Zola du 12 février 1898 et son intervention à la tribune de la Chambre pour l'affaire Dreyfus le 6 avril 1903. Jean Jaurès soutint Zola (qui soutenait lui-même Dreyfus) comme représentant du citoyen libre prenant le relais des pouvoirs légaux lorsque ceux-ci se montrent défaillants. le parti socialiste était inclus dans cette catégorie puisqu'une quinzaine seulement des membres du parti (sur une cinquantaine) soutinrent, et parfois faiblement, Jean Jaurès.


« Ah ! je sais bien que M. Zola est en train d'expier par des haines et des attaques passionnées ce noble service rendu au pays, et je sais aussi pourquoi certains hommes le haïssent et le poursuivent !
Ils poursuivent en lui l'homme qui a maintenu l'interprétation rationnelle et scientifique du miracle ; ils poursuivent en lui l'homme qui a annoncé, dans Germinal, l'éclosion d'une humanité nouvelle, la poussée du prolétariat misérable, germant des profondeurs de la souffrance et montant vers le soleil ; ils poursuivent en lui l'homme qui vient d'arracher l'Etat-major à cette irresponsabilité funeste et superbe où se préparent inconsciemment les désastres de la Patrie. »


Dans le cadre du débat contradictoire organisé à Lille en 1900 et qui l'opposa à Guesde, membre du Parti Ouvrier avec qui il se trouvait alors en conflit, on trouvera l'intervention argumentative de Jean Jaurès opposant sa vision de la politique à celle de son ancien compagnon.


Enfin, on pourra lire son « Dernier discours » du 25 juillet 1914 (en réalité, le dernier discours réellement prononcé le fut le 29 juillet), apogée de ses convictions antimilitaristes et présage lucide de la Première Guerre Mondiale.


"La politique coloniale de la France, la politique sournoise de la Russie et la volonté brutale de l'Autriche ont contribué à créer l'état de choses horrible où nous sommes. L'Europe se débat comme dans un cauchemar. »


Ce recueil de discours se présente sous la forme la plus minimaliste qu'il soit. le néophyte le regrettera et devra accompagner sa lecture de nombreuses recherches pour arriver à reconstituer le contexte de leur émission. Ce livre semble donc s'adresser avant tout à ceux qui connaissent déjà bien le parcours de Jean Jaurès. Pour les autres, un effort de compréhension sera requis, les discours présentés dans ce recueil ne frappant pas systématiquement par l'universalité des opinions antimilitaristes de Jean Jaurès.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Dans l’entrevue que le ministre des Affaires étrangères russe a eue avec le ministre des Affaires étrangères de l’Autriche, la Russie a dit à l’Autriche: « Je t’autoriserai à annexer la Bosnie-Herzégovine à condition que tu me permettes d’établir un débouché sur la mer Noire, à proximité de Constantinople. » M. d’Ærenthal a fait un signe que la Russie a interprété comme un oui, et elle a autorisé l’Autriche à prendre la Bosnie-Herzégovine, puis quand la Bosnie-Herzégovine est entrée dans les poches de l’Autriche, elle a dit à l’Autriche : « C’est mon tour pour la mer Noire. » – « Quoi? Qu’est-ce que je vous ai dit? Rien du tout !« , et depuis c’est la brouille avec la Russie et l’Autriche, entre M. Iswolsky, ministre des Affaires étrangères de la Russie, et M. d’Ærenthal, ministre des Affaires étrangères de l’Autriche ; mais la Russie avait été la complice de l’Autriche pour livrer les Slaves de Bosnie-Herzégovine à l’Autriche-Hongrie et pour blesser au cœur les Slaves de Serbie.
C’est ce qui l’engage dans les voies où elle est maintenant.
Si depuis trente ans, si depuis que l’Autriche a l’administration de la Bosnie-Herzégovine, elle avait fait du bien à ces peuples, il n’y aurait pas aujourd’hui de difficultés en Europe; mais la cléricale Autriche tyrannisait la Bosnie-Herzégovine; elle a voulu la convertir par force au catholicisme; en la persécutant dans ses croyances, elle a soulevé le mécontentement de ces peuples.
La politique coloniale de la France, la politique sournoise de la Russie et la volonté brutale de l’Autriche ont contribué à créer l’état de choses horrible où nous sommes. L’Europe se débat comme dans un cauchemar.
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(Extrait du Discours à la Jeunesse, Albi 1903)

« L’humanité est maudite, si pour faire preuve de courage elle est condamnée à tuer éternellement. Le courage, aujourd’hui, ce n’est pas de maintenir sur le monde la nuée de la Guerre, nuée terrible, mais dormante dont on peut toujours se flatter qu’elle éclatera sur d’autres. Le courage, ce n’est pas de laisser aux mains de la force la solution des conflits que la raison peut résoudre ; car le courage est l’exaltation de l’homme, et ceci en est l’abdication. (...) Le courage, c’est de ne pas livrer sa volonté au hasard des impressions et des forces (...) Le courage, c’est d’être tout ensemble et quel que soit le métier, un praticien et un philosophe. Le courage, c’est de comprendre sa propre vie, de la préciser, de l’approfondir, de l’établir et de la coordonner cependant à la vie générale. (...) Le courage, c’est de dominer ses propres fautes, d’en souffrir, mais de n’en pas être accablé et de continuer son chemin. Le courage, c’est d’aimer la vie et de regarder la mort d’un regard tranquille ; c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel ; c’est d’agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l’univers profond, ni s’il lui réserve une récompense. Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques. »
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Citoyens, la note que l’Autriche a adressée à la Serbie est pleine de menaces et si l’Autriche envahit le territoire slave, si les Germains, si la race germanique d’Autriche fait violence à ces Serbes qui sont une partie du monde slave et pour lesquels les slaves de Russie éprouvent une sympathie profonde, il y a à craindre et à prévoir que la Russie entrera dans le conflit, et si la Russie intervient pour défendre la Serbie, l’Autriche ayant devant elle deux adversaires, la Serbie et la Russie, invoquera le traité d’alliance qui l’unit à l’Allemagne et l’Allemagne fait savoir qu’elle se solidarisera avec l’Autriche. Et si le conflit ne restait pas entre l’Autriche et la Serbie, si la Russie s’en mêlait, l’Autriche verrait l’Allemagne prendre place sur les champs de bataille à ses côtés. Mais alors, ce n’est plus seulement le traité d’alliance entre l’Autriche et l’Allemagne qui entre en jeu, c’est le traité secret mais dont on connaît les clauses essentielles, qui lie la Russie et la France et la Russie dira à la France :
« J’ai contre moi deux adversaires, l’Allemagne et l’Autriche, j’ai le droit d’invoquer le traité qui nous lie, il faut que la France vienne prendre place à mes côtés. » A l’heure actuelle, nous sommes peut-être à la veille du jour où l’Autriche va se jeter sur les Serbes et alors l’Autriche et l’Allemagne se jetant sur les Serbes et les Russes, c’est l’Europe en feu, c’est le monde en feu.
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Je me suis efforcé de démontrer, hier et aujourd’hui, que votre presse, toute votre presse, dès 1897, a affirmé l’existence d’une prétendue lettre de l‘empereur d’Allemagne, annexée à un bordereau sur papier épais. J’ai démontré, hier et aujourd’hui, par des citations multipliées de toute votre presse et de plusieurs de vos orateurs, que c’est avec ce système que vous prétendiez maintenir votre opinion dans l’affaire Dreyfus. […]
Il faut savoir si vous prenez la responsabilité de votre presse et de ses affirmations collectives et permanentes. […]
Il faut savoir s’il sera permis à un parti, quel qu’il soit, de produire tout un système d’accusations par sa presse, à l’heure où ce système d’accusations peut servir ses intérêts politiques […].
[…] Lorsque l’effort occulte et obscur que vous avez fait pour tromper l’opinion, lorsque cet effort est surpris, vous haussez les épaules : « C’est une bagatelle ! » Mais c’est par cette œuvre patiente, obscure, subtile de mensonges quotidiens, par la propagande dans tous les mondes, que vous opérez peu à peu, et que vous faussez les jugements.
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Quand la Russie est intervenue dans les Balkans, en 1877, et quand elle a créé une Bulgarie, soi-disant indépendante, avec la pensée de mettre la main sur elle, elle a dit à l’Autriche « Laisse-moi faire et je te confierai l’administration de la Bosnie-Herzégovine. « L’administration, vous comprenez ce que cela veut dire, entre diplomates, et du jour où l’Autriche-Hongrie a reçu l’ordre d’administrer la Bosnie-Herzégovine, elle n’a eu qu’une pensée, c’est de l’administrer au mieux de ses intérêts.
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