Citations sur Complots à Versailles, tome 2 : La dame aux élixirs (7)
Ce fut à Guillaume de soupirer. Il la serra fougueusement contre lui, le visage dans le cou, il se contenta d’avouer:
- Dieu que je t’aime!
Elle sentait son souffle sur sa joue, ses doigts qui caressaitent son visage.
Peu à peu, elle se calma. Sous son corp, l'herbe était mouillée mais elle s'en moquait. Le visage de celui qu'elle aimait était dans son cou, murmurant des mots tendres. Sa main venait de quitter sa taille, pour caresser sa poitrine, avant de se perdre dans ses cheveux.
Château de Versailles, fin octobre 1682
Pauline de Saint-Béryl, assise en tailleur sur son lit, tirait l'aiguille avec application. Les chambres des courtisans, au château, étaient si petites qu'elle n'avait pas d'autre endroit pour coudre à son aise.
- Qu'en penses-tu ? demanda-t-elle à Cécile Drouet, son amie d'enfance.
Elle lui montra le ruban doré qu'elle était en train de poser au bas d'une jupe de velours vert.
- Je viens de l'acheter d'occasion à ma «revendeuse à la toilette», ajouta-t-elle en tenant la robe devant elle. Elle n'a été portée que quatre ou cinq fois. Avec ce galon neuf et mes manchettes de dentelle, elle sera transformée. Cette couleur va bien avec mes cheveux blonds et mes yeux verts, non ?
- Nous voilà tous casés..., fit Thomas d'un ton ironique.
- Hormis vous, Philippe, termina Élisabeth.
Les trois couples se tournèrent vers le jeune homme, seul, tandis qu'Élisabeth affichait un sourire calculateur. Cela fit reculer Philippe d'un pas. Il protesta aussitôt :
- Non, mademoiselle, je vous en prie. Ne me regardez pas ainsi. Vous me mettez mal à l'aise et me faites craindre le pire.
La jeune fille se mit à rire de toutes ses dents chevalines. Elle prit le plus grand plaisir à susurrer :
- Allons, monsieur, ne vous inquiétez pas, nous allons vous trouver une fiancée parfaite.
- Non, non et non ! Je ne jouerai sûrement pas à ce jeu-là avec vous ! Vous êtes bien trop redoutable !
Mais, Élisabeth, ravie, vint le prendre gentiment par le bras.
- Ne craignez rien, Philippe, dit-elle d'un ton plein de promesses, ce ne sera pas douloureux.
Les deux garçons, haletants, la regardèrent disparaître dans la nuit. Philippe rengaina tranquillement son épée. Puis, en soupirant, il déclara, les mains sur les hanches :
- Eh bien ? Qu'attendez-vous pour lui courir après ? Ne voyez-vous pas qu'elle vous aime ?
Pendant qu'elle parlait, Mme Jouvence nettoyait le fourneau, la balance et sa table de travail avec une grande minutie, ôtant les moindres salissures. De son côté, Cécile attrapa la bassine pour filtrer l'élixir pour grossir. La femme ordonna :
-Va chercher l'eau de fleur d'oranger dans ce placard.
Puis elle poursuivit :
-Maître Passet, le propriétaire, est très doué pour la ganterie, un peu pour la parfumerie, mais aucunement pour les cosmétiques... Nous sommes complémentaires. Il fabrique ses gants et ses parfums dans un autre atelier et me laisse gérer la boutique. Il loge au second étage, tu le croiseras sûrement demain matin.
Elle sentait son souffle sur sa joue, ses doigts qui caressaient son visage.
Peu à peu, elle se calma. Sous son corp, l'herbe était mouillée mais elle s'en moquait. Le visage de celui qu'elle aimait était dans son cou, murmurant des mots tendres. Sa main venait de quitter sa taille, pour caresser sa poitrine, avant de se perdre dans ses cheveux.