Si l'on cherchait un peu, on pourrait tous exhumer de nos cartons une image qui porte en elle notre passé et peut-être aussi celui de toute notre famille.
En retrouvant une photo de son ami Philippe qui a perdu la vie à 19 ans dans un accident de voiture, le narrateur voit émerger ses souvenirs de jeunesse et avec eux, reviennent des interrogations sur le parcours de ses parents qui cache des zones d'ombre.
Réalisateur de cinéma, il a toujours attaché beaucoup d'importance au mécanisme du souvenir qui selon lui, passe par les images. Mais la mémoire de sa famille de pieds-noirs s'est emmurée dans le silence bien avant la Guerre d'Algérie et une partie de son passé est restée dans « ce pays de l‘autre côté de la mer ».
Issus d'une famille blanche qui participa à la colonisation, « cette grande et meurtrière supercherie », l'auteur porte en lui « la faute collective dont chaque civilisation moderne s'est rendue coupable. » Mais il veut être en paix avec un passé prêt à resurgir à tout moment, comme le fait cette photo de son ami Philippe qui le ramène 35 ans en arrière.
Alors il traque les souvenirs, revenant sur les lieux de ses origines, cherchant à comprendre ce qui n'a jamais été dit. Et finalement, ce grand voyage qu'il entreprend va lui permettre, en marchant sur les pas des siens, de puiser sa force dans l'acceptation d'une mémoire familiale dont il porte les non-dits comme une blessure.
Avec ce beau roman, presque philosophique,
Camille Jean nous incite à rechercher derrière les images de nos souvenirs, la vérité qui s'y cache, libérant ainsi notre cheminement vers un avenir serein.
Éclairer hier pour construire demain.