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Citations sur Maikan (25)

La pelle frappe le sol, comme la hache l'arbre à abattre. Cette terre ne se laisse pas travailler facilement et l'acier s'y enfonce avec difficulté. Il creuse un coup à la fois, avec une sourde résolution. À mesure que s'ouvre le sol, il bute contre des pierres, de plus en plus nombreuses, de plus en plus grosses, qu'il extrait à la main, une à une.
Le vent du nord gifle son visage. Les effluves de sel et d'algues lui donnent la nausée. Sur ses joues, les larmes se mêlent à la sueur. Le vacarme de la mer, griffant de sa rage les rochers dégarnis, couvre le bruit de son travail.
Quand le trou est assez profond, il s'en extirpe enfin. Son regard mouillé se perd un instant au fond de la fosse. Puis il se tourne vers le vent pour le défier une dernière fois. Il voudrait hurler plus fort que l'océan, cracher son dégoût, vomir sa honte pour la jeter à la face de ce monde de roche et de sel. Mais face à l'immensité sombre et mouvante de l'océan, sa gorge d'homme de la forêt et des montagnes reste nouée.
Il hésite, puis, résigné, prend dans ses bras le corps qui gît sur le sol, vérifie une dernière fois qu'il est bien enveloppé dans l'épaisse couverture de laine qu'il a volée...
(Incipit)







(incipit)
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Parfois, les mots sont inutiles contre le chagrin.
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Elle a aussi du mal à se faire à l'idée que la vieille devant elle a bien vécu tous ces événements terribles. Cela lui rappelle quand, à ses premiers procès criminels, elle s'est retrouvée face à des victimes et à leurs agresseurs. Il lui avait été ardu d'imaginer les crimes que décrivaient témoins et victimes. Son cerveau refusait d'admettre des faits et des actes qui lui paraissaient inhumains. Elle n'arrivait pas à concevoir que la jeune femme sage aux traits délicats en train de parler devant le juge avait bel et bien été violée avec brutalité par l'homme posé, bien vêtu et rasé de près, assis dans le box des accusés. C'est une chose d'entendre des histoires d'horreur, cela en est une autre de les voir incarnées.
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Mashteuiatsh, août 1936

Le corps étendu sur le sol est déjà raide. La fille le caresse. Des émotions contradictoires la traversent toujours quand un lièvre se prend à ses pièges, mélange de tristesse et de sens du devoir accompli.
_ Pardonne-moi, petite bête. Merci de nous donner ta vie, murmure-t-elle en relâchant de ses doigts frêles le fil de laiton serré autour du coup.
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Il a attendu la fermeture des lumières pour la retrouver à l'infirmerie. Elle n'est pas seule.
Charles, prêt à braver le père Rouge et tous les autres pour elle. Charles, l'image du courage et de la bonté dans un monde qui en contient si peu.
Il caresse ses cheveux coupés trop court, les lisse sur ses joues trempées de sueur. les doigts de Charles glissent entre les mèches.
Il a la douceur des hommes qui connaissent la fragilité des êtres.
Virginie referme les paupières. Elle peut dormir.
Charles veille sur elle. Dehors, le vent du nord gronde. La neige court sur l'île, vient battre les murs de bois peints du pensionnat.
La forêt d'épinettes au loin, droite et fière, frissonne.
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- Et que lui est-il arrivé ?
- Elle s'est pendue. Aujourd'hui les suicides sont fréquents, mais à l'époque on ne voyait jamais ça et on n'avait jamais vu un enfant se pendre. Jamais. (...) Après sa mort, nous avons compris que plus rien ne serait réellement pareil.
La vieille Marie ferme ses paupières froissées. Serre les lèvres.
- Pourquoi a-t-elle fait ça ? demande l'avocate.
Marie inspire. Expire. Rouvre les yeux.
- Les prêtres ont dit qu'elle était folle, qu'elle n'irait pas au ciel. Que Dieu n'accepte pas que les hommes détruisent la vie que LUI a fabriquée. Pourtant, ces gens détruisent la nôtre sans que Dieu fasse quoi que ce soit.
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Comme bon nombre de ses compagnons, Audrey ignorait jusque-là que, sur environ cent trente neuf pensionnats ouverts au pays, douze l'avaient été au Québec. Comment un peuple qui lutte contre l'assimilation depuis trois cents ans a-t-il pu lui même tenter d'en acculturer un autre ? L'idée lui avait paru d'autant plus choquante que les pensionnats étaient dirigés par le même clergé qui, dans le passé, s'était posé en rempart contre l'intégration forcée des francophones.
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Dors, petit indien
Dors, petit enfant indien
et rêve aux lunes indiennes
trouant les nuits d’obsidienne
sans sorcières ni lutins.
Dort le fleuve entre ses pierres
et la vallée sous ses brumes.
Sur les pics noyés de lunes
la mort affûte ses serres.
Un jour viendra, mon garçon,
où un soleil, un deuxième,
se coulera dans tes veines.
Et dans ton cœur, des chansons.
Exacts, viendront les solstices
-amertume, amour et miel -
et rôderont dans le ciel
des punas des maléfices !
Tu cracheras sur la terre
ton silence séculaire.
Rêves, lunes et rengaines,
de jours en nuits, ils s’égrènent.
Dors, petit enfant indien.
Crie au destin qui t’empoigne
ta liberté de vigogne
et que la vie t’appartient.

Atahualpa YUPANQUI
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Jimmy a appris à se méfier des Blancs qui prétendent aider les Autochtones. Les 'Indian Lovers', comme il les appelle avec dédain. Trop souvent, ceux-ci ne s'intéressent à leur sort que le temps de réaliser un projet ou d'apaiser quelque remord secret.
(p. 35-36)
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Le vieux Nakota n'est guère difficile à trouver. Il passe ses journées dans sa roulotte où il accueille les Autochtones dont personne d'autre ne se préoccupe. Les perdus, les abandonnés. Ces hommes et femmes qui ont quitté leur réserve pour venir s'échouer dans une ville qui n'en veut pas.
Audrey entre sans frapper et surprend Jimmy en train de faire chauffer la soupe qu'il va distribuer ce soir.
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