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EAN : 9782760411944
(30/11/-1)
3.71/5   34 notes
Résumé :
Dans la langue innue, amun signifie « rassemblement ». Sous la direction de Michel Jean, écrivain et journaliste innu, ce collectif brûlant d'actualité réunit des auteurs autochtones de divers horizons, de différentes nations et générations. Leurs nouvelles, variées, reflètent non seulement l'histoire et les traditions, mais aussi la réalité des Premières Nations au Québec et au Canada. Offrant à lire les points de vue d'artistes de renom, ce livre est le théâtre d'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Michel Jean, écrivain et journaliste innu a rassemblé neuf autres auteurs amérindiens (de différentes premières nations) pour réaliser ce recueil de nouvelles, Amun. Chacun y est allé de sa propre idée, de sa propre inspiration, créant ainsi un résultat assez hétéroclite et combien approprié. le lecteur a droit à des histoires d'une autre époque, d'autres plus récentes voire tout bonnement d'actualité, traitant de sujets variés.

Les premières nouvelles m'ont laissé une drôle d'impression. Je ne les ai pas détestées mais je ne peux pas dire non plus que je les ai aimées. Je dirai du moins qu'elles m'ont surpris, évitant les stéréotypes sur les Indiens.

C'est la quatrième qui m'a accroché. le chamane lakota, de Virginia Mésémapéo Bordeleau. Charly est à la fois chamane et médecin, à cheval sur les deux mondes, récemment séparé et encore jeune. Lors d'un congrès, il rencontre Julia et se sent attiré par elle alors que la jeune femme ne cherchait qu'un guide spirituel. Je ne peux pas expliquer pourquoi mais elle m'a intéressé, l'histoire de cet homme, l'incarnation-même de son occupation mais fait de chair et d'os et ayant des besoins comme tout le monde. C'était très moderne.

La nouvelle suivante m'a également beaucoup plu. Neka, de Naomi Fontaine. La narratrice raconte l'histoire (ce qu'elle en sait) de sa mère et la nouvelle se transforme graduellement en un portrait, celui d'une femme courageuse dont elle est fière. C'était très touchant. Tous ces petits moments qui sont recréés sont aussi l'occasion pour la narratrice de revenir sur quelques moments de son enfance. Ainsi, ces deux parcours, criants de réalisme (et de vérité ?) permettent de mieux comprendre le vécu de beaucoup d'Amérindiens.

Ces deux nouvelles m'ont amené à vouloir relire les premières. Je les ai un peu mieux appréciées, elles ne sont pas devenues des coups de coeur mais je leur ai trouvé des qualités qui m'avaient échappées à la première lecture.

J'ai ensuite enchainé avec les dernières nouvelles. Je les ai trouvées correctes, sans plus. Il n'y eut pas de révélation cette fois-ci et c'était un peu décevant. Je termine donc ce recueil sur une impression mitigée.
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Amun est un recueil de nouvelles qui constituent autant de facettes et de portraits contemporains des indiens du Canada - avec pour chaque auteur, l'indication de son peuple d'appartenance. Entre mal-être, recherche de son identité autochtone, déception amoureuse, deuil difficile à faire, c'est une palette de sentiments universels qui y sont décrits avec toujours en fond une référence à l'indianité et les traumatismes liés à l'effacement forcé et la négation d'une culture et d'une histoire. Les dix nouvelles proposées évoquent entre autres l'adoption d'une amérindienne par des parents blancs, une jeune femme partagée entre deux cultures - écartelée entre deux sociétés, le départ pour la chasse de l'homme de la famille, sa femme évoquant son inquiétude, ou la survie d'une jeune femme en plein hiver qui déploie toute son ingéniosité pour s'en sortir...
Amun rassemble des récits intimistes et subtils pour évoquer l'appartenance, la filiation ou les souvenirs - par le récit des anciens, qui illustrent la variété des innus et inuits. Certaines nouvelles reprennent le parlé québécois, d'autres auteurs font preuve d'une grande poésie. Tous les textes illustrent l'universalité des sentiments, enrichie par le vécu et la voix des auteurs autochtones.
Un recueil qui permet d'en connaître un peu plus sur les écrivains des première Nations, tous reconnus et récompensés de prix littéraires ou de poésie, une opportunité pour découvrir chacun des auteurs et approfondir leur univers propre.
Je remercie Babelio et les Editions Dépaysage pour cette très belle découverte et j'ai apprécié également le livre en tant qu'objet, un format inhabituel et un papier de très grande qualité.
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Avant tout je tiens à remercier tout particulièrement Michel Jean et les éditions dépaysage pour l'envoi de ce recueil de nouvelles écrites par des auteurs et autrices canadiens d'origine innue, huronne-wendate, métisse et crie.
Comme vous le savez, la culture amérindienne est basée sur la transmission orale : cet ouvrage l'illustre parfaitement. En l'ouvrant vous entendrez 10 voix singulières. Certaines s'ouvriront à vous sur le ton de la confidence au travers d'un journal ou de lettres, d'autres auront la saveur d'un conte raconté au coin d'un feu hivernal, ou peut-être aurez-vous l'impression que votre copine québécoise vous déballe son coeur et ses tripes au téléphone (le rendu auditif à la lecture est assez exceptionnel dans certaines et l'éditeur a eu le bon goût de ne rien modifier dans l'édition française).
Une pluralité de tons, donc, qui donne à penser de manières différentes l'héritage des premières nations. Tradition et modernité, métissage, nomadisme ou vie citadine, adoption, crise identitaire et communauté, racisme, statut, de nombreux thèmes sont abordés dans un tissus d'histoires qui ne se rejoignent que par leur extrême sensibilité à l'autre, à soi, aux croyances et à la nature. Un instinct de la chair traduit en mots. Car ce que vous murmurent ou vous crient toutes ces voix c'est qu'elles existent de toutes leurs forces, qu'elles écoutent avec acuité et qu'elles observent le monde d'un oeil aiguisé, le ressentent pour mieux s'en faire l'écho.
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Tout d'abord je remercie Masse critique et les éditions Dépaysage pour l'envoi de ce livre.
Un grand bravo aux auteurs et autrices présents dans ce recueil, j'ai littéralement adoré ce bouquin.
J'aime beaucoup les récits sur les amérindiens, comprendre leurs traditions, leur rapport à la nature et aux autres, j'ai été servi tout au long de ma lecture qui n'aura duré que 3 jours tant j'ai été happé par ces histoires.
J'ai particulièrement aimé "Où es-tu ?" pour sa beauté du texte et du rapport homme/nature et "j'ai brûlé toutes les lettres de mon prénom" pour l'écriture et l'impression d'avoir une québécoise avec son accent qui me narrait son histoire.

Un moment de délicatesse, de poésie marqué par une réalité poignante de la condition de ces hommes et femmes appelés "Autochtones ou Premières Nations" qui montrent comment ils ont dû et doivent encore se fondre dans la tradition "blanche" colonisatrice tout en étant toujours bien différenciés et relégués malheureusement très souvent au second plan.
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On ne sait trop si le filet rouge usé, en suspension sur la couverture, est emporté sans force dans les remous du vent, vole de son propre chef et selon son désir, ou suit le mouvement d'un pêcheur qui vient de le lancer. Les consciences qui habitent ces dix nouvelles cherchent leurs sentiers, sous la neige ou dans le vent, en faisant de l'auto-stop le long de la route 138 qui sort de la réserve ou en tenant la main de leur mère. Une interrogation latente bruisse sous les récits. le sentiment individuel entre en dialogue avec le fond culturel collectif innu, cri ou huron-wendate, le souvenir du colonisateur avec les portes nouvelles qui peuvent être poussées. L'un se perd corps et âme dans le "Grand Vide cosmique", une autre retrouve le chemin d'elle-même par la "force incarnante" d'une vision intime chamanique.

"Tout à l'heure, j'ai disposé des ossements de lièvre autour du camp, attachés à des fils, comme maman faisait chez nous. « Il faut honorer l'âme des animaux », disait-elle. Elle avait raison." (72)

Dans notre tradition familiale, entre causses aveyronnais et falaises héraultaises, on ne jette jamais les os et les arrêtes des animaux qu'on mange à la poubelle, ce qui heurte notre sens de la fraternité avec les êtres sensibles, mais on les disperse dans la nature à l'occasion de randonnées. L'approche innue est très séduisante et je l'insufflerai bien dans notre courant d'être, mais elle nous causerait sans doute des problèmes avec le voisinage…

"Les territoires sont toujours là." (17)

L'agencement des textes est soigneux. On glisse d'enfers en renaissances, de fictions en récits personnels. "Memekueshu" répond à "Où es-tu", l'émotion m'a saisie. Par le télescopage des imaginations, l'adolescente en motoneige entre en culbute avec la souffrance d'une nomade. Les créations les plus fouillées du point de vue de l'écriture sont celles qui m'ont le plus enveloppée : "Nashtash va à la ville", conte succinct et symbolique, "Harfang des neiges", poétique intérieure pleine d'images, et "Hannibalo-God-Mozilla contre le Grand Vide cosmique", imbroglio temporel si juste et représentatif de nos développements mentaux. Une voix murmure incontestablement, entre forêts du Québec et bitume de Montréal, qui porte en elle des accents singuliers, et qui par la grande magie de la littérature imprègne de son souffle la mémoire humaine et son devenir. Les voies de l'air, de l'imagination et des mots sont souples pourvu qu'on sache les négocier, les faire pénétrer jusqu'au cœur de l'homme reste plus délicat. Les auteurs de ce recueil s'y essayent avec adresse, force d'âme, tendresse et sincérité.

[Lu dans le cadre de ces fabuleuses masses critiques]


Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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critiques presse (1)
LeDevoir
05 décembre 2016
En une dizaine de fictions inédites, «Amun» donne à lire une parole autochtone aussi rare que nécessaire.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
La foi, je l'ai. Croire plus loin que ce que mes yeux peuvent croire. Surtout lorsque je suis triste, surtout lorsque je suis fragile, surtout lorsque je ne comprends pas cette vie injuste et cruelle, qui épargne les criminels et méprise les mères tranquilles. Je crois qu'il y a plus grand que cette vie, et si j'ai tort, si tout ce qui existe est perceptible, au moins toute ma vie durant j'aurai eu l'espoir.

in NEKA
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Notre soif infinie est semblable à la douleur intérieure qui traverse les générations et les siècles. Toi et moi, à nous deux, ça serait une folle combinaison de tous ces viols, de ces dépossessions, et de ces hurlements que nous portons tous les deux dans notre ADN. Quand je bois, ça se termine jamais. Je sais jamais quand je m'endors. Je fais juste me réveiller à répétition. Tu fais sûrement la même chose.
J'ai brûlé toutes les lettres de mon prénom.
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Trouver de la nourriture en forêt représentait un travail quotidien auquel tous contribuaient. Les hommes traquaient le gros gibiers très au nord. Les femmes tendaient des collets pour les lièvres, chassaient la perdrix autour du campement : on appelait ça la petite chasse.
(Introduction du recueil).
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Ce qui était important pour le moment, c'était de ne pas laisser la peur prendre le dessus. Les nouvelles rapportaient toujours les disparitions en forêt et leurs dramatiques conséquences. La peur en forêt paralyse ou fait faire des gestes dangereux.
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"Mes grands parents sont partis, pourquoi rester quand on a perdu l'enseignement, oublié son identité, changé ses valeurs ? Les herbes ont poussé haut sur le chemin de portage qui date du temps du nomadisme des miens. La rivière ne me parle plus. La bouteille a remplacé le gibier de mon enfance" pense t-elle.
Nashtash va à la ville.
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