Quel plus grand bonheur peut-il y avoir, lorsque l'on aime les vieux livres et sa région, que de découvrir un vénérable ouvrage où un fin conteur raconte son "pays".
"Les
contes du vieux pilote" ont été écrits, en 1891, par Charles Alfred Canivet, sous le pseudonyme de Jean de Nivelle.
A la fois journaliste, poète, romancier et conteur,
Charles Canivet est né, en 1839, à Valognes, dans la Manche.
Et c'est tout simplement, au soleil couchant, sur le quai du port de Saint-Vaast la Hougue, qu'il rencontre Antoine Brasbis, le vieux pilote.
Sous la casquette cirée la chevelure est grisonnante.
Le collier de barbe est poivre et sel.
Les dents blanches tiennent ferme le tuyau noirci d'une courte pipe anglaise.
Antoine Brasbis déteste les anglais et fume dans des pipes britanniques ... Qu'importe puisque cela passe en fraude !
Le soleil s'en va à mesure que la mer arrive.
Il rougeoie ses derniers rayons derrière le fort de la Hougue.
Antoine Brasbis a promis quelques histoires, des meilleures.
Il les dira.
Asseyons-nous.
Car de par la goutte et les rhumatismes, il n'est plus que devant la barre de son cotre que le vieux marin se tient comme un mur.
L'ancien pilote-major du port de Cherbourg a promis.
Il racontera cinq histoires :
- "le Rubis", "la Suzette", "une prise", "aux antipodes" et "le vieux Nobis".
Le Rubis est le plus fin voilier qui ait jamais "roulé" dans la Manche et la Suzette et une vieille bisquine achetée pour rien à un patron de Réville saisi par les huissiers, et qui l'aurait bue jusqu'à la quille si on l'avait laissé faire.
Antoine Brasbis, le vieux marin, est un fraudeur.
Il est toujours content de duper le fisc anglais.
Il va, ici, conter quelques épisodes de sa vie toujours aventureuse et souvent hardie.
Et la plume élégante et fine de Canivet lui rend justice ...